Avec la remontée des taux, que ce soit les livrets ou les taux directeurs, les rendements devraient être meilleurs mais restent en dessous de l'inflation.
afp.com/PHILIPPE HUGUEN
Bruno Le Maire l’a maintes fois répété : l’inflation va atteindre un pic, puis se calmer. L’affirmation du ministre de l’Économie a été confirmée par la Banque Centrale Européenne. Selon une enquête réalisée auprès de prévisionnistes et parue le 22 juillet 2022, l’inflation devrait s’élever à 7,3 % en 2022, 3,6 % en 2023, et 2,1 % en 2024. En attendant, comment éviter que fonde le bas de laine ?
Encore beaucoup de Français stockent leurs économies sur leur compte courant. En avril 2022, ces dépôts représentaient environ 1 317 milliards d’euros. Une somme considérable, qui s’amenuise à mesure que les prix augmentent. Au moment de passer à la caisse d’abord : la note des carburants, huiles, fruits et légumes, fait de plus en plus grincer des dents. Mais l’inflation a également un effet plus pernicieux : la monnaie accumulée se dévalue même si elle n’est pas dépensée. Pour se protéger de l’inflation, vers quelle épargne se tourner ? Plusieurs revalorisations vont avoir lieu. L’Express fait le point.
Premier réflexe, le livret A. L’épargne préférée des Français va rapporter 2 % par an, au 1er août prochain. La hausse a été annoncée par Bruno Le Maire dans le Parisien, le 14 juillet dernier. C’est deux fois plus que l’ancien taux, et quatre fois plus qu’en janvier dernier. Le ministre de l’Économie pousse lui-même pour cette épargne, garantie et dont les intérêts sont défiscalisés. “Dans la situation actuelle, aucun autre produit n’offre autant de sécurité”, a-t-il affirmé.
Mais le livret A protège-t-il de l’inflation ? Un taux à 2 %, c’est un niveau jamais atteint depuis 2012, et parfois supérieur à la rémunération des Obligations Assimilables du Trésor (OAT), les titres de dette de l’État que certains particuliers achètent. Toutefois, avec l’inflation du mois de juin (5,8 %), le rendement net du livret A est de -3,8 %. Le livret A, dont le plafond est fixé à 22 950 euros, agit donc comme un frigo : il ralentit la fonte du bas de laine, sans la stopper. C’est toujours mieux que de laisser son argent sur son compte courant. Et cela permet de financer la construction de logements sociaux.
Autre idée, le livret d’épargne populaire (LEP). A l’heure actuelle, moins de sept millions de Français en possèdent. Pourtant, 15 millions d’entre eux ont le droit à cette épargne, elle aussi garantie et défiscalisée. Reste que l’usage de ce livret créé en 1982 n’est pas très… “populaire”. Un comble pour Bruno Le Maire, qui assure au Parisien : “Le LEP est le placement le plus efficace pour protéger contre l’inflation.” Le gouvernement va prochainement relancer une campagne de communication à ce sujet.
Que faire alors si la générale des Finances publiques vous envoie un mail, vous informant que vous y avez le droit ? Le taux d’intérêt du LEP va passer de 2,2 à 4,6 % le 1er août. Son rendement net d’inflation sera alors d’environ – 1,2 %. De quoi sérieusement amortir les pertes liées à l’inflation, sans toutefois rapporter d’argent. Point faible de cette épargne : le plafond, fixé à 7 700 euros.
En 2021, la rémunération des fonds garantis en euros s’élevait en moyenne à 1,30% (net de frais, brut d’impôt), selon France Assureurs. Un niveau alors supérieur au livret A, mais qui ne couvrait pas l’inflation. Or la tendance est à la hausse : pour ralentir l’inflation, la Banque Centrale Européenne (BCE) a décidé de freiner la création monétaire et a ainsi augmenté, jeudi 21 juillet, ses trois principaux taux directeurs de 0,50 %.
Or les fonds en euros de l’assurance vie sont composés à 80 % d’obligations, très corrélées aux taux directeurs. Les nouvelles obligations émises devraient s’ajuster aux taux actuels. Au fur et à mesure que celles-ci remplaceront les titres arrivés à échéance, la rémunération des assurances vie pourrait augmenter, de façon à éviter que les épargnants ne se tournent vers un livret A ou vers des fonds obligataires tous frais, et donc à jour sur les rendements actuels.
Mettre son argent sur un fonds en euro de l’assurance vie pourrait donc s’avérer le plus protecteur dans quelques mois. Mais là encore, il faut s’attendre à un rendement négatif. Autre bémol, cette solution est la moins “liquide” des trois. Contrairement aux virements depuis un livret A, immédiats, il est nécessaire de patienter quelques mois pour débloquer cet argent. Jusqu’à 6 mois, en cas de crise financière, selon la loi Sapin 2.
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