C’est une première depuis 2011. La Banque centrale européenne (BCE) a procédé à un relèvement de ses taux d’intérêts, jeudi 21 juillet. Ils augmentent de 50 points de base (0,50%), quand une hausse limitée à 25 points était initialement pressentie. L’institution entend ainsi lutter contre une inflation galopante dans la zone euro, dans un contexte macroéconomique et géopolitique complexe, entre la guerre en Ukraine et les risques sur l’approvisionnement en gaz de l’Europe.
Cette nouvelle donne monétaire aura des conséquences pour l’économie française et les ménages. “L’épargnant est rarement gagnant en période d’inflation”, souligne Philippe Crevel, économiste et directeur du Cercle de l’Epargne. “Il est affecté par la hausse des prix et des rendements réels négatifs sur des placements comme le fonds euros de l’assurance vie.”
Les fonds euros de l’assurance vie, dans lesquels le capital investi est garanti, devraient donc bénéficier de la remontée des taux et devenir progressivement plus rémunérateurs. “Il y a toutefois un effet d’inertie, lié au fait que les assureurs ont un stock d’obligations qu’ils renouvellent au fur et à mesure”, relève Philippe Crevel. Autrement dit, le rendement des fonds euros devrait remonter moins vite que les taux d’intérêt sur le marché obligataire.
Pour rappel, les fonds euros des contrats d’assurance vie sont investis dans des obligations souveraines (emprunts émis par les Etats) ou corporate (titres de dette émis par les entreprises).
Les épargnants qui placent leur argent dans des obligations, via un fonds euros ou un compte-titres, vont donc pouvoir profiter de coupons, c’est-à-dire d’intérêts, plus élevés. “En revanche, une remontée des taux peut avoir un effet négatif sur la valeur nominale de l’obligation. Il faut aller au terme de l’obligation pour obtenir son remboursement intégral. Si vous la revendez avant, vous pouvez vous retrouver avec une obligation qui a perdu la moitié de sa valeur”, prévient Philippe Crevel.
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La hausse des taux de la BCE doit favoriser un euro plus fort face au dollar. La devise européenne a perdu beaucoup de sa valeur depuis le début de l’année, plombée notamment par la guerre en Ukraine, pendant que le billet vert servait de valeur refuge. L’euro est même tombé sous la parité avec le dollar mi-juillet. Dans la foulée de l’annonce de la Banque centrale, il s’est montré plus vigoureux face à la monnaie américaine. Il risque néanmoins de rester relativement bas au cours des prochains mois, en raison des incertitudes qui planent en Europe, sur les plans économique et politique, et du retard de la BCE dans le relèvement de ses taux par rapport à la banque centrale américaine.
S’il parvient à remonter la pente, des épargnants pourraient en tirer profit. “Ceux qui veulent investir en dollar, dans des actions américaines par exemple, dans le cadre des unités de compte (UC) de l’assurance vie ou d’un compte-titres, vont bénéficier d’un pouvoir d’achat renforcé”, explique Philippe Crevel.
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Autre placement dont le rendement devrait évoluer : le Livret A. Les Français ont encore ajouté près de 16,5 milliards d’euros nets sur ce placement réglementé au premier semestre, dont le taux va passer de 1% à 2% au 1er août, après une augmentation de 0,50% à 1% en février.
Et son taux pourrait encore être relevé… en février 2023. Le rehaussement des taux de la BCE joue en effet sur le taux interbancaire (€STR), qui fait partie avec l’inflation des deux composantes utilisées pour fixer le taux du Livret A, révisé (ou pas) tous les six mois. “Le taux du Livret A est calculé par rapport à la moyenne de la moyenne de l’inflation et de la moyenne des taux €STR”, précise Philippe Crevel.
Le taux €STR est aujourd’hui à 0,58% et devrait donc augmenter. Sur un an, l’inflation progresserait de 5,8% en juin, selon l’Insee. D’ici février 2023, “elle devrait plutôt être aux alentours de 6-7%, voire plus, et l’€STR va certainement revenir proche de zéro, voire un peu au-dessus”, estime l’économiste.
Outre le Livret A, les livrets bancaires, qui affichent aujourd’hui un taux moyen de seulement 0,09% selon la Banque de France, devraient bénéficier d’une rémunération un peu meilleure. “Les livrets bancaires fiscalisés sont aujourd’hui massacrés, au niveau de la rémunération”, souligne Philippe Crevel. Contrairement au Livret A, ces livrets sont soumis au prélèvement forfaitaire unique à 30%. “Leur intérêt est assez limité et ils sont utilisés essentiellement par des personnes qui ont déjà saturé leurs livrets réglementés”, ajoute l’économiste.
Les banques proposent parfois des taux promotionnels sur ces livrets, sur une période limitée de deux-trois mois par exemple. On parle alors de “super livrets”. “La hausse des taux directeurs de la BCE devrait faciliter les promotions, qui avaient un peu disparu ces dernières années”, pointe Philippe Crevel.
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Enfin, le resserrement monétaire de la Banque centrale devrait avoir une incidence sur le niveau des taux des prêts accordés par les banques commerciales. Et cette fois-ci, en défaveur des particuliers. Toutefois, les marchés et les établissements bancaires avaient anticipé le relèvement des taux directeurs. “Les taux auxquels les banques prêtent à leurs emprunteurs ont déjà rapidement augmenté depuis mars dernier”, rappelle le courtier Meilleurtaux.
“Cette augmentation de 0,50% (de la BCE, ndlr) ne va drastiquement pas changer la vie des emprunteurs, qui subissent déjà depuis plusieurs mois les hausses répétées et rapides de la part des banques. Nous sommes sur une inflation quotidienne depuis un moment maintenant, et cela n’est pas près de s’arrêter”, estime Maël Bernier, porte-parole de Meilleurtaux. “Il n’est pas improbable que les moyennes que nous connaissons aujourd’hui, qui tournent autour de 1,90% sur 20 ans, soient autour de 2,25% à l’automne”, ajoute-t-elle.
Et les taux pourraient encore progresser, surtout si la BCE décide de relever à nouveau ses taux directeurs à l’automne.
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