Dans une interview accordée au Parisien, Élisabeth Borne a expliqué ne pas « fermer la porte » à la taxation des superprofits tout en préférant que l’entreprise qui en a les moyens « baisse les prix pour le consommateur et donne du pouvoir d’achat à ses salariés. « Personne ne comprendrait que des entreprises dégagent des profits exceptionnels alors même que les Français peuvent être inquiets pour leur pouvoir d’achat », a affirmé la Première ministre, qui a de nouveau dû revenir sur le sujet ce lundi devant le patronat ? Mais de quoi parle-t-elle ?
« Profit considérable, au-dessus des profits habituels ». La définition du Larousse est assez claire, et fonctionne dans le contexte qui nous concerne : en juin dernier, Emmanuel Macron avait déjà dénoncé « les producteurs et les spéculateurs » qui ont profité du conflit en Ukraine pour augmenter leurs bénéfices et donc faire du superprofit. Ils sont surnommés les « profiteurs de guerre » et ils surperforment en temps de crise. Attention, ce n’est pas une classification, mais une simple expression politique, née de la question de taxer ou pas ceux qui tirent en ce moment parti de la hausse des cours de l’énergie.
Plusieurs secteurs d’activité sont visés par le gouvernement, notamment ceux qui ont profité de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine. L’Agence internationale de l’énergie estime que les entreprises européennes du secteur cumuleront 200 milliards d’euros de bénéfices supplémentaires en 2022. Les profits des laboratoires pharmaceutiques avaient déjà amené le sujet sur la table avec la pandémie de Covid-19 mais le gouvernement avait décidé de ne pas les mettre à contribution.
Les groupes pétroliers sont aussi considérés comme des « profiteurs de guerre ». TotalEnergies est notamment visé pour avoir profité de la forte hausse des cours des hydrocarbures. En 2021, le groupe avait déjà augmenté ses bénéfices de 16 milliards de dollars. Engie ou EDF peuvent aussi être concernés au vu des superprofits réalisés grâce à la hausse des prix de l’énergie. Engie a dégagé 4,6 milliards d’euros supplémentaires au premier trimestre de 2022.
La mesure ne concerne que les entreprises avec un niveau de chiffre d’affaires qui se compte, au minimum, en centaines de millions d’euros. Il ne s’agit pas de surtaxer des petites épiceries de quartier, par exemple, qui auraient pu bénéficier des confinements ou autres crises.
Alors que de nombreux Français sont inquiets concernant leur pouvoir d’achat, la taxation des entreprises qui réalisent des superprofits est sur toutes les bouches en cette rentrée. L’opposition s’en était en réalité emparée dès le début de l’été, notamment du côté du Rassemblement national : « Ces superprofits doivent être taxés pour pouvoir financer les mesures de soutien au pouvoir d’achat des Français » avait demandé Marine Le Pen en juin dernier. Le président de la commission des Finances à l’Assemblée, Éric Coquerel (Nupes) avait lancé une « mission flash » sur le sujet. Les conclusions sont attendues pour le mois d’octobre. Cette taxation avait été proposée dans le projet de loi finances rectificative mais elle avait été rejetée par l’Assemblée nationale et le Sénat, alors que l’exécutif avait de son côté fermé la porte.
Mais alors que la question n’a jamais cessé d’agiter la majorité, la Première ministre a donc indiqué dans son interview de rentrée dans Le Parisien ne pas fermer la porte à cette taxation, où à un autre dispositif – tel un fonds de dotation – permettant de réinjecter cette manne financière dans la lutte pour le pouvoir d’achat ou la transition énergétique. Ce lundi, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, a toutefois dénoncé cette hypothèse : « Qui est le plus grand superprofiteur, si j’ose, qui fait les plus grands superprofits : c’est l’État », a-t-il martelé sur France Inter. Réponse quelques minutes plus tard de la Première ministre : « Non monsieur le président (du Medef), il n’y a pas de surprofit du côté de l’État ».
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