Avis aux assurés exigeants qui ne veulent pas mettre la main à la pâte : la gestion “déléguée” (dite aussi “pilotée” ou “sous mandat”) est faite pour eux. Il leur suffit de définir avec leur conseiller une stratégie d’investissement, basée sur un profil de risque, et tout se met en place automatiquement : ce sont des sociétés de gestion spécialisées, telles que DNCA, Rothschild ou Amundi, qui, en liaison avec l’assureur, interviennent sur le contrat pour vérifier que l’orientation fixée est respectée et, éventuellement, corriger le tir en opérant des arbitrages. Le coût de ce service ? Prenant la forme d’une hausse des frais de gestion du contrat de 0,20% par an en moyenne, il reste raisonnable, s’affichant parfois au-dessous de celui d’une gestion”profilée”. Quant au ticket d’entrée, il franchit de moins en moins le cap des 1.000 euros.
Toutes les compagnies proposent aujourd’hui cette formule, que l’on trouve aussi dans certaines banques classiques comme le Crédit agricole ou le Crédit mutuel, même si les établissements en ligne semblent avoir pris une longueur d’avance. Notez enfin qu’un nouveau type de gestionnaire est apparu récemment sur ce créneau : en s’appuyant sur des algorithmes informatiques pour assurer la sélection et la gestion automatisée des fonds, une poignée de courtiers 100% Internet, comme Yomoni ou WeSave, promettent de faire aussi bien que les gérants “humains”, tout en coûtant moins cher. Analyse et comparatifs.
Avec la gestion déléguée, le souscripteur confie la maîtrise de son épargne à des experts de la finance. Ce sont eux qui vont définir les supports du contrat les plus adaptés à la situation, et réorienter le portefeuille chaque fois que nécessaire. Le tout, bien entendu, en tenant compte du niveau de risque accepté par l’épargnant (du plus prudent au plus offensif), et de son horizon de placement (huit ans, dix ans, quinze ans ou plus). A noter qu’une fois ce profil de risque déterminé, l’assuré perd totalement les manettes, tant pour appliquer la stratégie définie au départ que pour son suivi. Car contrairement à la gestion “profilée”, le dosage entre les différents actifs composant le contrat (actions, obligations…) n’est pas figé : il est généralement modifié une fois par trimestre, afin de tenir compte de l’évolution des marchés.
Ce principe de gestion fonctionne plutôt bien : les résultats obtenus jusqu’alors, et notamment en 2017 (voir nos tableaux ci-dessous), sont plus que satisfaisants, quel que soit le profil de risque choisi. Mais l’assuré doit savoir qu’aucun niveau de performance n’est fixé à l’avance et que, même avec un mandat de gestion destiné à un épargnant “prudent”, le capital placé n’est pas garanti.
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Certes, la gestion déléguée permet de profiter de l’expérience de spécialistes des marchés. Le souscripteur peut raisonnablement penser que son épargne est alors entre de bonnes mains. Mais qu’il ne s’attende pas pour autant à être cajolé. Le traitement dont il bénéficie n’est pas personnalisé : ce n’est pas du sur-mesure, mais du prêt-à-porter qui lui est proposé. Ainsi, tous les clients ayant choisi le même profil de gestion, dès lors qu’ils ont souscrit au même moment, sont logés à la même enseigne : même niveau de risque, même répartition des actifs, même performance… Bien sûr, l’assuré garde toujours la possibilité de revoir sa stratégie, et donc de changer de profil, notamment s’il s’approche de la retraite et souhaite sécuriser ses économies. Il peut aussi vouloir gérer en direct une partie de son capital et ne déléguer que la gestion du reste. Certains gestionnaires, à l’image de SwissLife, commencent à autoriser ce découpage, mais la plupart exigent de gérer l’intégralité du contrat. Le client mécontent n’a alors d’autre solution que de revenir à une gestion libre.
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On l’a vu, le choix de la composition du portefeuille et des opportunités d’arbitrage est confié à une société de gestion de fonds, qui est le plus souvent extérieure à la compagnie d’assurances avec laquelle l’épargnant a signé le contrat. Cet organisme spécialisé peut être une banque ou un assureur traditionnels (BNP Paribas, Allianz, SwissLife, Crédit agricole…), mais il s’agit le plus souvent de sociétés de gestion de portefeuille indépendantes (dans le jargon de la finance, on parle d’”asset management”) et d’envergure internationale, telles que Rothschild & Cie, Oddo, Lazard Frères, Carmignac, Fidelity, DNCA ou Invesco. Le pilotage de certains contrats peut même être confié à des sociétés de notation de fonds d’investissement, spécialisées dans l’évaluation des risques, comme Morningstar ou Quantalys.
La gestion déléguée a été longtemps réservée à une clientèle aisée. Il y a une vingtaine d’années, le versement initial exigé était de 30.000 ou 40.000 euros, puis il est tombé à 5.000 euros au début des années 2010 et enfin à 1.000 euros aujourd’hui, du moins chez la plupart des assureurs. Sur certains contrats multisupports 100% Internet, comme ceux de Altaprofits, Boursorama, ING Direct ou WeSave, le montant du ticket d’entrée est même descendu à 300 euros. Cette démocratisation de l’accessibilité à la gestion déléguée tient essentiellement à l’afflux de nouveaux clients, lesquels ont permis aux gestionnaires d’amortir leurs frais de fonctionnement sur une base élargie. Il y a une seconde raison : les techniques de gestion d’actifs ont beaucoup évolué en dix ans, utilisant de plus en plus, afin d’automatiser les tâches, de programmes informatiques, eux-mêmes très économiseurs de frais de personnel.
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Comme pour la gestion profilée étudiée précédemment, les assureurs ont prévu une offre de gestion déléguée dite “prudente”. Elle est destinée aux assurés dont l’objectif, en souscrivant un contrat d’assurance vie, n’est pas d’enregistrer de grosses et rapides plus-values, mais de protéger le plus possible leur capital. Ce type de comportement se trouve notamment chez les débutants en matière de placements, qui entrent à pas comptés dans le domaine de la finance, mais aussi chez beaucoup de seniors de plus de 55 ans, soucieux de bétonner les économies de toute une vie alors que l’âge de la retraite approche. Cette gestion “prudente” privilégie évidemment les actifs peu exposés au risque. Il s’agit donc essentiellement de produits obligataires, offrant un revenu faible (autour de 1% l’an actuellement) mais régulier. Leur proportion au sein du portefeuille peut atteindre 65%, voire davantage. Une dose d’actions peut cependant être nécessaire pour l’assuré souhaitant apporter quand même un peu de piment à sa mise, mais rarement plus de 30%.
Attention : adopter un profil de gestion prudent ne signifie pas pour autant se désintéresser de la question du rendement. D’où la nécessité de comparer les performances de ce profil avec celles du fonds en euros que le contrat intègre, ce dernier affichant parfois de meilleurs résultats (comme chez BforBank et Linxea en 2017), auquel cas mieux vaut sans doute s’en contenter.
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Jouer à la fois la sécurité et le rendement, en estimant que ces deux objectifs ne sont pas incompatibles, c’est ce que pensent les partisans du mandat “équilibré”. Ce choix impose une diversification de l’épargne entre les différentes classes d’actifs : actions, obligations et titres monétaires. Quel que soit le panachage, il va tourner autour du mix 50% actions – 50% obligations, avec une dose de monétaire qui dépend du tempérament de l’assuré. Selon ce qu’anticipe l’assureur quant à l’évolution du marché, la part des actions peut tomber à 40% ou, au contraire, grimper à 60%. Ce profil correspond à la situation de la plupart des épargnants, en particulier à ceux qui, ayant par exemple un projet immobilier en tête, souhaitent investir leur argent à moyen terme, c’est-à-dire entre huit et dix ans. Les performances réalisées en 2017 sont plus qu’honorables : entre 3,6 et 7,8%.
Avec ces deux options de gestion, la recherche de plus-values élevées passe avant la sécurité, ce qui suppose une prise de risque importante. Du coup, le gérant du contrat va doper la part des produits à gros potentiel de gain, à savoir les actions, françaises ou internationales. Sur un profil “offensif”, il investit souvent la totalité du capital en actions, alors que sur un profil “dynamique”, cette part ne grimpe au-delà de 90% que lorsque la Bourse a le vent en poupe. En dépit des jolies performances affichées en 2017 (entre +6 et +13%), ces profils s’adressent surtout aux assurés dont l’horizon de placement est supérieur à dix ou quinze ans. Mais, aucun résultat n’étant garanti, ils doivent accepter l’éventualité d’une perte en capital. Le seul parachute dont ils disposent, c’est la possibilité de revenir sur leur choix initial en passant d’un profil dynamique ou offensif à un profil équilibré ou prudent. Ce retour en arrière est d’ailleurs fortement recommandé à huit ou dix ans du départ à la retraite.
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Le mode de facturation de la gestion déléguée varie selon les assureurs. Le gérant du contrat peut prélever des frais d’arbitrage à chaque modification de la composition des actifs, fixer une cotisation mensuelle de quelques dizaines d’euros, ou conserver une partie des gains réalisés (jusqu’à 15 ou 20%). Plus souvent, la délégation de gestion se paie via une majoration des frais de gestion, de 0,10 à 0,30%. Pour les contrats Internet, de loin les moins gourmands, ces frais sont compris annuellement entre 0,75% (Boursorama Vie) et 1% (Darjeeling, Mes-placements Vie), contre 0,60 à 0,85% en gestion libre. Bien que raisonnables, les frais de gestion déléguée peuvent être discutés à la souscription du contrat. Tout dépend de l’importance des sommes placées, sachant que, vu le coût déjà modéré du service, il n’y a rien à espérer à moins de 70.000 ou 80.000 euros de mise. Attention, comme d’habitude, aux frais de gestion peuvent s’ajouter des frais sur versements (sauf pour les contrats en ligne).
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Les grands établissements bancaires accessibles sur Internet n’ont pas démérité en 2017 : les profils “équilibré”, “dynamique” et “offensif” ont su capter toute la hausse des marchés boursiers, et les profils “prudent” ont fait bien mieux que préserver le capital, même si celui de BforBank a été moins rentable que son fonds en euros sans risque (1,47% contre 2,15%). Mention spéciale à l’offre de Boursorama, au ticket d’entrée très faible (300 euros seulement, comme ING Direct), et qui n’applique pas de frais supplémentaires sur sa gestion déléguée par rapport à la gestion libre (0,75% l’an dans les deux cas).
Très bonne année 2017 pour les courtiers 100% Internet proposant une gestion déléguée à leurs clients : les performances réalisées sur les marchés boursiers sont parfois supérieures à celles des banques en ligne, notamment sur les contrats commercialisés par Altaprofits et Placement Direct, à l’image des 13,70% de plus-values enregistrées par le profil “offensif” de Darjeeling. Attention : ces beaux résultats se paient toutefois par des frais de gestion annuelle sensiblement plus élevés, en particulier chez les courtiers Placement Direct et Mesplacements, qui affichent tous les deux 1% de prélèvement.
Remplacer le gérant par un ordinateur pour gagner plus : c’est le pari de ces nouveaux courtiers (appelés parfois “fintech”), qui se basent sur des algorithmes pour définir le profil du client et gérer son contrat. Cette gestion sera “conseillée”, comme pour Advize, ou “déléguée”, comme pour Yomoni et WeSave. Chez ces derniers, les frais semblent élevés (1,30% l’an), mais leurs instruments d’investissement étant des trackers, dont la gestion coûte moins de 0,5% par an, contre 2% pour des fonds classiques, le coût réel du service est plutôt modique. Et pour l’instant, les résultats sont probants.
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