Plus de peur que de mal pour les épargnants alarmés par la soumission de l’assurance vie à la fameuse “flat tax”, ce prélèvement forfaitaire unique de 30%. D’abord parce qu’elle ne vise, rappelons-le, que les gains générés par les primes investies à compter du 27 septembre 2017. Mais aussi parce que, comme le montrent nos calculs exclusifs (voir le tableau plus bas), cet impôt n’alourdira que la note, à hauteur de 10 à 20% environ, des plus aisés ayant versé plus de 150.000 euros en assurance vie, tous contrats confondus, et effectuant des retraits sur des contrats de plus de huit ans.
Mieux : pour leurs nouveaux contrats, tous les épargnants imposables, et ne dépassant pas ce seuil de 150.000 euros, y gagneront, le PFU étant plus favorable que le prélèvement jusqu’ici appliqué, variant de 30,5 à 50,5%. Cette inquiétude fiscale réglée, il restera à diversifier son contrat, afin de compenser la baisse du fonds euros. Stratégie que les épargnants, qui affectent en moyenne 27% de leurs primes à des unités de compte, commencent à adopter. Prudence toutefois : comme vient de le rappeler la Cour de cassation à un épargnant s’estimant lésé, il faut savoir assumer ses pertes, même si elles sont issues d’un fonds à formule logé dans son contrat et présenté comme un produit “obligataire”.
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L’effet du nouveau “PFU” en cas de rachat total d’un gros contrat (1) : (cliquez sur l’image pour agrandir)
Taux servi au titre de 2017 : de 0,75 à 4,05%.
Risque : de nul à élevé.
Durée : suite à l’adoption du PFU, au moins 1 an.
Contrats dont le rendement devrait baisser en 2018.
Toujours pas de rebond pour le fonds euros. Les performances de ces supports garantis ont une nouvelle fois reculé en 2017. “Le taux moyen devrait se situer à 1,48%”, prévoit Cyrille Chartier-Kastler, fondateur du site Goodvalueformoney. Soit un repli d’un peu plus de 0,30 point par rapport à l’année précédente, où 1,80% avaient été versés. Pour redresser son rendement, mieux vaudra privilégier les contrats à frais réduits, souvent distribués sur Internet. Mais cela ne suffira pas : vous devrez en plus accepter de prendre davantage de risques. En visant l’immobilier, par exemple, avec les SCPI ou les OPCI, désormais souvent référencés. Ou en optant pour une gestion boursière déléguée, accessible même pour un faible encours. Ces stratégies paient le plus souvent, avec un surcroît moyen de rendement, comparé au seul fonds euros, de 0,45 point en 2016 en passant par l’immobilier, et de 0,50 point via un mandat prudent.
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Fiscalité. En cas de retrait, les gains correspondant aux primes versées avant le 27 septembre 2017 sont imposés, sur option, à un taux de 35% dans les quatre ans suivant l’ouverture du contrat, abaissé à 15% entre la quatrième et la huitième année. Les gains correspondant aux primes versées après cette date, même sur d’anciens contrats, sont soumis d’office à un prélèvement forfaitaire au taux unique de 12,8%, dans les huit premières années du contrat. Si le contrat a plus de huit ans, les gains bénéficient d’un abattement annuel de 4.600 euros pour un célibataire (9.200 euros pour un couple). Au-delà, ils sont imposés au taux forfaitaire de 7,5%, tant que le détenteur n’a pas versé plus de 150.000 euros, net de rachats , en assurance vie, tous contrats confondus (le double pour un couple). S’il franchit ce seuil, l’impôt est prélevé d’office, à un taux forfaitaire de 12,8%, sur les seuls gains issus des versements effectués après le 27 septembre, et pour la part dépassant ce seuil de 150.000 euros. Dans tous les cas, il reste possible d’opter pour une imposition au barème de l’impôt sur le revenu.
S’ajoutent à cette imposition les 17,2% de cotisations sociales, prélevés tous les ans, sur les intérêts du fonds euros et au moment du retrait sur les unités de compte. Même souscrits au travers de l’assurance vie, les SCPI et OPCI sont soumis à l’IFI, à hauteur de leur quote-part investie en immobilier, au 31 décembre de l’année. En cas de sortie en rente, celle-ci est imposée à l’impôt sur le revenu sur une part de son montant dépendant de l’âge de déclenchement : 70% avant 50 ans, 50% entre 50 et 59 ans, 40% entre 60 et 69 ans, et 30% au-delà. En cas de décès, c’est l’âge du souscripteur lors des versements qui déterminera la fiscalité. Pour les sommes investies avant 70 ans, le capital est transmis sans droit de succession dans la limite de 152.500 euros par bénéficiaire. L’excédent est imposé à 20% ou à 31,25% dès 700.000 euros. Pour les cotisations après 70 ans, l’abattement atteint 30.500 euros, tous bénéficiaires confondus, et ne porte que sur les primes versées. Les gains, eux, sont exonérés.
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Performance réalisée au titre de 2016 : de +0,47 à +6,87%.
Risque : nul à terme.
Durée : 8 ans minimum.
Contrats dont le rendement devrait baisser en 2018.
Un flop ! Avec 139.000 nouveaux contrats souscrits en 2016 pour une collecte de 200 millions d’euros, en recul par rapport à 2015, les fonds Euro-croissance ne séduisent toujours pas. Il faut dire que ces supports ne garantissent le capital (net de frais de versement le plus souvent) qu’au bout de huit ans au mieux, et parfois après quarante ans. Certains fonds ne garantissent même que 80% de la mise. Ces produits n’ont pourtant pas démérité en 2016, avec un gain moyen de 3%. Certains ont fait bien mieux, comme celui de l’Afer (+ 6,87%) ou de Generali (+ 4,15% pour une garantie au bout de treize ans). Après avoir obtenu une première mesure en ce sens, les assureurs pressent à nouveau les pouvoirs publics pour être autorisés à basculer une part des gains latents des fonds en euros vers les Euro-croissance. En tout état de cause, rien d’urgent à transférer votre propre épargne, notamment si vous êtes proche de la retraite.
Fiscalité. Identique à celle de l’assurance vie classique. Le transfert du capital d’un contrat traditionnel vers un Euro-croissance est possible sans perte d’antériorité fiscale, à condition que vous restiez chez le même assureur et qu’au moins 10% de l’encours du fonds euros de l’ancien contrat soient affectés à l’Euro-croissance.
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Taux servi au titre de 2016 : de 1,50 à 2,70%.
Risque : de nul à élevé.
Durée : jusqu’à la retraite.
Contrats dont le rendement devrait baisser en 2018.
Pas de chance pour les 317.000 indépendants détenant un contrat Madelin : ils ne peuvent toujours pas retirer, au moment de la retraite, une partie de leurs fonds en capital, contrairement aux 3,4 millions de porteurs de Perp, qui peuvent récupérer jusqu’à 20% de la mise en une fois. Le reste devant être liquidé sous forme de rente viagère. Les parlementaires avaient pourtant fait voter un amendement afin de rétablir l’égalité entre ces deux types de placements retraite. Mais la mesure a finalement été censurée par le Conseil constitutionnel. Parmi les bons Perp, signalons ceux de Mes-Placements et du Conservateur (2,70% en 2016 sur le fonds euros). Attention toutefois avant de les alimenter en 2018 : le régime de déduction des primes du revenu a été aménagé et incite à reporter ses versements jusqu’en… 2020.
Fiscalité. Les cotisations sont déductibles du revenu imposable dans la limite de 10% de celui-ci, et de 31.382 euros en 2018 pour le Perp. Avec le Madelin, il est possible de déduire, en plus, 15% de la fraction du bénéfice imposable comprise entre une et huit fois le plafond annuel de la Sécurité sociale, soit un maximum de 73.726 euros. La rente est soumise à l’impôt sur le revenu après 10% d’abattement. En cas de sortie en capital (20% au plus), le titulaire peut opter pour un prélèvement forfaitaire de 7,5%.
Taux servi au titre 2016 : de 1,30 à 3,10%.
Risque : de nul à élevé.
Durée : au moins 1 an.
Contrats dont le rendement devrait baisser en 2018.
Ces contrats étaient surtout souscrits par des assujettis à l’ISF, souhaitant faire fructifier leur capital en Bourse… autant dire qu’avec l’adoption de l’IFI ils perdent de leur intérêt. “Et ils n’offrent aucun avantage successoral”, rappelle Gilles Etienne, de Cyrus Conseil. Si vous approchez des 70 ans, étudiez un basculement du capital vers une assurance vie, afin d’éviter des frais trop lourds pour vos héritiers.
Fiscalité. Identique à celle de l’assurance vie en cas de retrait ou de sortie en rente. Au décès, l’intégralité du contrat est soumise au barème de succession sans abattement.
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Le salaire mensuel net est invalide
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