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La nouvelle édition du dictionnaire intègre plus de 150 mots ou sens nouveaux et 50 personnalités, dont le pape François, Sophie Marceau et Tony Parker. Tour d’horizon.
«Le monde change, les mots aussi…», c’est ainsi que Carine Girac-Marinier, directrice du département dictionnaires et encyclopédies du Petit Larousse, présente l’édition 2014 qui paraît le 6 juin. La publication de ce petit dictionnaire familial est toujours un événement, il s’en vend un toutes les minutes (en moyenne, 800.000 exemplaires par an). Bien sûr, Le Petit Larousse illustré n’est pas comparable, ni à comparer, au Dictionnaire de l’Académie française qui prend le temps d’intégrer un mot ou un sens nouveau, parfois une décennie. Le Petit Larousse illustré 2014 est un reflet, parfois rapide, des termes et des idées de l’époque, voire de l’actualité. Un exemple: le mot printemps a pris un nouveau sens. On y a ajouté une dimension historique: «période pendant laquelle se manifestent, de manière plus ou moins pacifique, des aspirations d’un peuple ou d’une nation à plus de liberté, de démocratie et de justice sociale.»
Parmi les 150 mots et sens nouveaux, on note l’entrée du terme «cougar». Le dictionnaire prend bien soin de souligner que ce nom féminin est péjoratif. Sa définition? «Femme généralement de plus de quarante ans, qui cherche à séduire les hommes notablement plus jeunes qu’elle ou qui entretient des relations amoureuses avec eux.» Les femmes de plus de quarante apprécieront. Et les féministes apprécieront également: il n’y a pas d’équivalent masculin.
Quelques pages plus loin, ou pourra tomber sur l’adjectif «botoxé». À la lettre «s», on trouvera désormais «speed dating» qui après être entré dans les mœurs entre dans le dictionnaire. Là encore, le mot anglais a dépassé son équivalent français (rendez-vous rapide).
Êtes-vous nomophobe?
«Nomophobe» n’a rien à voir avec la sexualité, ce mot désigne «quelqu’un qui ne peut se passer de son téléphone portable et éprouve une peur excessive à l’idée d’en être séparé ou de ne pouvoir s’en servir». Il est vrai que nous sommes entourés de nomophobes et il fallait bien un terme pour les qualifier. Mais l’expression ambiguë créée en 2008 seulement entrera-t-elle dans la vie courante? Pas sûr.
À quoi voit-on la réussite d’une entreprise? Quand son nom propre entre dans la vie quotidienne des gens et devient un nom commun. Pour Google, c’est un verbe: ne dit-on pas «googliser»? Le Petit Larousse a décidé de l’adopter, avec une définition simple: «recherche des informations sur Internet en utilisant le moteur de recherche Google.» Peut-on «googliser» via Yahoo?
Enfin, les puristes de la langue peuvent s’arracher les cheveux, il arrive, en effet, que des fautes de français ou des anglicismes fâcheux soient consacrés. Le Petit Larousse admet «prioriser» (verbe qui vient de l’anglais prioritize) et en donne la définition suivante: «accorder une importance préférentielle à quelque chose ou à quelqu’un.» Pourquoi ne pas se contenter du français. Se conjugue-t-il à l’imparfait du subjonctif? Que je priorisasse?
Impossible de citer les 150 nouveaux mots, mais beaucoup proviennent des nouvelles technologies (textoter, post, haschtag, Flashcode, qui est une marque de code-barre, cyberdéfense ou se désinscrire), d’autres viennent du monde de la finance et de l’économie (démondialiser) et l’écologie amène toujours son lot de termes innovants (biométhane, écoblanchiment, lombricompostage, climatosecptique…). La francophonie reste plus que jamais vivante, puisque des mots ont été empruntés à l’Afrique, à la Belgique, à la Suisse ou au Québec, (cette année, «chialeux, euse» est admis).
Sophie Marceau avec Bernard Pivot
Cette année, Le Petit Larousse accueille pas moins de cinquante nouvelles personnalités, et ce dans tous les domaines: sport (Yannick Agnel, Laura Flessel, Tony Estanguet, Florent Manaudou, Tony Parker), politique (Abe Shinzo, ancien premier ministre japonais, président du Parti libéral-démocrate), mode (Jean-Charles de Castelbajac), technologie (Mark Zuckerberg)… On se souvient que le Pape François a été «rattrapé» in extremis, au moment du bouclage (voir Le Figaro littéraire du 21 mars 2013). Mais les écrivains et les comédiens sont particulièrement choyés pour cette édition 2014. Qu’on en juge. Claude Brasseur sera tout près de son père. Il est accompagné de Nicole Garcia et de Sami Frey. Arnaud Desplechin fait partie des très rares réalisateurs, il est pourtant si jeune (52 ans). La toujours jeune Sophie Marceau a le droit à sa petite notice biographique. C’est à soixante-treize ans que Vladimir Cosma intègre la partie noms propres de l’encyclopédie. Jean-Paul Goude, graphiste, photographe et cinéaste, est là aussi. 2013 est l’année Rithy Panh, cinéaste et documentariste, le dictionnaire boucle une saison de prix littéraires et de récompenses cinématographiques. L’acteur, réalisateur et producteur, Jacques Perrin a toute sa place.
Les romanciers effectuent une entrée en force: par ordre alphabétique, Alaa El Aswany, l’auteur égyptien du grand succès L’immeuble Yacoubian ; Emmanuel Carrère, après le Prix Renaudot «reçoit» comme une nouvelle consécration son entrée dans le dictionnaire ; ils seront en compagnie d’Erri De Luca, l’écrivain italien ; de Frankétienne, auteur et artiste haïtien ; de Sylvie Germain, qui avait eu le prix Femina et le Goncourt des lycéens ; et de Guy Goffette, présenté comme un «écrivain belge» mais qui fait le bonheur de la poésie et de la littérature françaises, en tant qu’auteur et éditeur chez Gallimard. La poétesse suisse de langue française, Anne Perrier, sera avec lui. La bande dessinée n’est pas en reste, avec Hermann, le dessinateur et scénariste belge. Le Britannique David Lodge, l’Irlandais William Trevor et le Suédois Henning Mankell sont reçus. Après le Prix Nobel de la littérature, Le Petit Larousse pour l’écrivain chinois. L’histoire est représentée par Alain Corbin et Benjamin Stora.
Dans cette catégorie, il ne faudrait pas oublier celui qui a, peut-être, lu et reçu tous ces écrivains: Bernard Pivot, fondateur d’Apostrophes. On pensait qu’il était déjà dans le dictionnaire. L’erreur est réparée.
Enfin, qui dit noms propres dit également grandes institutions. Ainsi le GIGN, l’unité d’élite de la gendarmerie française, fait-il son entrée (tardive, à notre goût). Le RAID (Unité d’élite de la Police nationale) ne sera pas jaloux: il entre en même temps que le GIGN. Plus rapide est l’intégration du Front de gauche, créé en 2009 seulement. Les vieilles et merveilleuses Calanques ont enfin le droit de cité, de même que l’agence de presse Chine nouvelle, et le programme d’éducation européen Erasmus, adopté il y a un quart de siècle, dont on remet aujourd’hui l’existence en cause. Mieux vaut tard que jamais.
bingo01
le
C’est débile, on dit pas googliser mais googler. De l’anglais I googled you et non I googlized you. Et en français : Je t’ai googlé et pas googlisé.
Larousse devrait vérifier ses sources.
garance 25
le
je ne suis pas sure que maitre Cappélo aurait aimé ce soit disant dictionnaire. Lui était un érudit et un véritable amoureux de la langue française. comparons ce qui est comparable et laissons aux petits faux génies de croire qu’ils ont la science infuse.
MOHABON
le
Aucune culture ne s’est jamais construite sur la médiocrité !
CHRONIQUE – Simple, jalonnée de sensations, son écriture cerne avec délicatesse et attendrissement l’Occitanie, sa terre d’adoption.
LA CHRONIQUE D’ÉTIENNE DE MONTETY – L’œuvre consacrée à Montparnasse est un musée à livre ouvert. Un texte dense, précis, captivant de bout en bout.
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«Cougar», «googliser» et Bernard Pivot dans Le Petit Larousse 2014
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