4,3 milliards d'euros sont sortis des encours de l'assurance-vie en deux mois, le plus mauvais score depuis la fin de 2011. De quoi se poser quelques questions.
Julie Guillem
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Avec la crise du coronavirus, le placement préféré des Français a connu un passage à vide. En mars et en avril, les épargnants ont fortement réduit leurs cotisations d’assurance-vie, tandis que les retraits et capitaux décès versés par les assureurs augmentaient… Résultat, 4,3 milliards d’euros sont sortis des encours de l’assurance-vie en deux mois, le plus mauvais score depuis la fin de 2011, en pleine crise de l’euro. De quoi s’interroger sur son avenir. Faut-il ou non conserver ses contrats, voire y aller si on n’a pas encore sauté le pas ? 
En pratique, le principal frein aux souscriptions n’a pas été la réticence des clients, mais la fermeture des agences. “L’assurance-vie a été victime du confinement, estime Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne. Les épargnants n’ont pas pu rencontrer leur assureur ou banquier à compter du 17 mars, ce qui a limité le nombre d’opérations.” Une aubaine pour les intermédiaires sur Internet. Chez Placement-direct.fr, filiale de Swiss Life, les souscriptions en ligne ont été multipliées par trois depuis la mi-mars. Alors que 61% des épargnants étaient déjà à l’aise avec la consultation et la gestion de leur épargne en ligne avant la crise, 12% ont compris qu’il leur était indispensable de pouvoir consulter et gérer leurs placements à distance pendant le confinement, tandis que 8% en ont profité pour se familiariser avec ce nouveau mode de gestion, selon un sondage réalisé en avril par Kantar pour mes-placements.fr, un concurrent. Une fois la décision prise d’investir en assurance-vie, reste à choisir comment répartir ses économies. 
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Première interrogation, faut-il encore miser sur les fonds en euros ? Appréciés pour leur sécurité, ces derniers sont adossés à l’actif général des assureurs, largement investi en emprunts d’Etat, dont le rendement est retombé en dessous de zéro, à -0,4% début mars, comme cela avait été le cas fin août dernier. Dans ces conditions, les fonds en euros n’ont rapporté qu’autour de 1,4% en 2019, selon les estimations de la société d’analyse Facts & Figures, et ils risquent de plonger à nouveau, autour de 1 à 1,2% en 2020. 
Pourtant, ils demeurent solides, car les assureurs ont pris les devants. Compte tenu de leurs diversifications en obligations d’entreprises, dans l’immobilier, ou même en actions, les investissements sur lesquels sont adossés les fonds en euros rapportent encore plus de 2% l’an. Une partie des gains est mise en réserve chaque année par les assureurs, pour lisser les performances en cas de difficultés. Ces réserves représentent 4,3% de l’épargne placée dans les fonds en euros, de quoi les soutenir quelque temps. C’est un gage de sérénité contre les risques de faillites.  
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“On a beaucoup entendu que les fonds en euros ne préservaient plus le pouvoir d’achat face à l’inflation, mais durant cette crise ils ont démontré leur solidité et leur liquidité. Les clients qui ont besoin d’argent peuvent l’avoir sur leur compte rapidement”, précise Antoine Delon, président du courtier en ligne Linxea. Il est en effet possible de récupérer son argent à tout moment pour combler un manque de trésorerie. “L’assurance-vie est un placement de long terme, si on en a besoin à court terme, mieux vaut tirer des liquidités de son fonds en euros que de sortir des unités de compte à contre-courant”, conseille néanmoins Stellane Cohen, directrice générale du courtier Altaprofits. 
Malgré des taux aujourd’hui très bas, aucun placement sans risque ne concurrence l’assurance-vie. “La baisse de rendement est partout, le livret A fait le plein alors qu’il ne rapporte plus que 0,5% depuis février, et le premier placement d’attente des Français est leur compte courant, qui n’est pas rémunéré”, rappelle Eric Girault, fondateur du courtier mes-placements.fr. 
Ce n’est pas une raison pour ne pas se montrer vigilant. Car les écarts se creusent entre les contrats. Les meilleurs fonds en euros ont rapporté entre 1,8 et plus de 2% l’an dernier, contre moins de 1% pour les moins bons, notamment ceux proposés dans les réseaux bancaires. Il faut donc être mobile, quitte à ouvrir de nouveaux contrats, par exemple auprès des assureurs mutualistes ou des courtiers en ligne. Ces derniers proposent des fonds en euros ayant rapporté plus de 2 % l’an passé, notamment dans les contrats assurés par Spirica (Crédit agricole) ou Suravenir (Crédit mutuel Arkea), à condition qu’ils comportent une certaine dose de diversification. 

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Deuxième interrogation, faut-il encore diversifier son contrat en unités de compte, ou UC, c’est-à-dire en dehors du fonds en euros ? Ces UC recouvrent de larges palettes de placements, notamment dans l’immobilier et en fonds boursiers. Beaucoup ont perdu entre 10 et 20% avec la crise. Pourtant, les épargnants ont gardé confiance dans ces produits. Les plus opportunistes ont même profité de leur baisse pour investir au rabais. Au premier trimestre, les assurés ont placé 36% de leurs nouveaux versements sur ces supports, et encore 33% en avril, contre 27% en moyenne en 2019, et 7% au plus bas de la crise bancaire de 2009. A long terme, investir en unités de compte reste une solution pertinente pour faire fructifier ses économies, surtout quand on les souscrit à des niveaux attractifs, comme en mars dernier. 
“La crise actuelle va augmenter le taux d’épargne, estime Eric Le Baron, directeur général de Swiss Life France. Or l’assurance-vie reste le placement le plus polyvalent par défaut, on peut tout y faire dans une même enveloppe avec une fiscalité qui reste favorable.” Contrairement aux autres placements, c’est le seul permettant des arbitrages sans impôts, entre la sécurité du fonds en euros et les unités de compte. 
Reste à prendre les bonnes options. Parmi les tendances à suivre, la gestion sous mandat rencontre un succès croissant. Les épargnants – plutôt que de choisir, eux-mêmes, parmi des centaines de fonds d’investissement – s’en remettent à un gérant qui pilote leurs placements en fonction de leur profil de risque et leur horizon d’investissement. “Chez Boursorama, les mandats de gestion équilibré et dynamique gérés par Edmond de Rothschild sont souscrits par une majorité des clients”, confie Xavier Prin, directeur du marketing de la banque en ligne. Une façon de se simplifier l’épargne avec des performances honorables.  
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Depuis leur création en novembre 2009, ces mandats affichaient des gains de +32 et +72% à fin avril 2020, et ce malgré des replis respectivement de -9 et -14 % sur les quatre premiers mois de l’année. Ces mandats sont accessibles à partir de 300 euros et peuvent faire l’objet de versements programmés dès 50 euros par mois. 
Les assureurs et banques s’efforcent aussi de promouvoir l’investissement régulier. En plaçant le même montant chaque mois, on réduit les risques de pertes, car on achète davantage dans les creux et un peu moins quand la Bourse est au sommet. “Beaucoup de clients ont profité de la crise pour mettre en place des versements programmés”, observe Antoine Delon. Chez Linxea, les montants de ces investissements automatisés ont ainsi augmenté de 25 % depuis mars. Un signe que les adeptes de l’assurance-vie croient encore en son avenir. 
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