La composition du patrimoine des ménages a-t-elle évolué avec la crise sanitaire ? Pas de manière spectaculaire au vu de la dernière enquête “Patrimoine” dévoilée par l’Insee, ce mardi 3 mai. Ainsi, à début 2021, 61,2% des ménages français détenaient un bien immobilier, contre 62% en 2018 et 61,7% en 2010. Et sans surprise, 57,5% des Français étaient propriétaires de leur résidence principale, contre 57,6% en 2010. Rien d’étonnant, donc, la France étant – c’est bien connu – un pays de propriétaires.
Même constat pour le patrimoine financier des Français, qui n’a pas connu de bouleversement notable. Le Livret A reste ainsi leur placement préféré, puisque détenu par 73,5% des ménages en 2021, contre 68,5% en 2010. Et ce, malgré un taux d’intérêt tombé à son plus bas historique de 0,50% le 1er février 2020. Mais la surépargne provoquée par la crise du Covid-19 a probablement contrebalancé la baisse de la rémunération du Livret A, indique l’Insee : “Il est possible que le surcroît d’épargne de 2020 ait soutenu la stabilité du taux de détention de ces livrets, malgré des taux d’intérêt restés très bas sur la période.”
Une hypothèse qui tient également pour le Livret de développement durable et solidaire (LDDS), l’ex-Codevi – dont la rémunération est identique à celle du Livret A – trouvant grâce auprès de 35,9% des ménages en 2021, contre 35,2% en 2018. A noter tout de même que le désintérêt relatif des Français à l’égard de ce produit défiscalisé apparaît clairement, puisqu’il était encore détenu par 39,7% des ménages en 2010.
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Preuve que le rendement ne joue pas forcément sur la popularité d’un produit d’épargne, l’assurance vie, et sa rémunération sur le fonds euros (le support à capital garanti) en constant recul (1,30% brut en 2021), continue de toucher chaque année davantage d’épargnants. Son taux de détention, de 35% en 2010, est ainsi passé à 37,4% en 2015, 39,2% en 2018 pour atteindre un pic de 40,5% en 2021.
Une évolution que l’Insee et France Assureurs (ex-Fédération française de l’assurance) attribuent à l’attrait croissant des contrats d’assurance vie multisupports qui permettent d’investir sur des actifs risqués (unités de compte) avec une espérance de gain supérieure à celle du fonds euros. “Depuis 2015, les contrats multisupports portent l’augmentation du taux de détention (…). La part des ménages qui en détiennent passe de 13,3% à 16,8%, et ces produits représentent 40,9% des (flux sur les) contrats d’assurance vie en 2021 contre 33,6% en 2015”, pointe l’institut. A l’inverse, les contrats monosupports, qui se cantonnent au fonds euros, sont progressivement délaissés par les épargnants, avec un taux de détention de 27,4% en 2021, contre 28% en 2015.
“Cette évolution vers davantage de risque peut s’expliquer par la baisse marquée des rendements garantis des fonds euros ; estimés en moyenne entre 1,0% et 1,3% en 2020, ils sont en repli continu depuis 2015 (2,5%)”, analyse l’Insee. Une évolution qu’accompagnent volontiers les assureurs qui, il convient de le rappeler, imposent depuis plusieurs années aux souscripteurs un pourcentage minimum d’unités de compte pour pouvoir accéder au fonds euros.
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Alors qu’un plan d’épargne logement (PEL) rapportait 2,50% en 2010, ce produit n’offre plus que 1% d’intérêts en 2021. Une statistique qui n’a pourtant pas empêché le taux de détention du PEL de grimper de 22,9% en 2010 à 27,5% en 2018. Mais depuis le 1er janvier 2018, c’est une tout autre histoire : les intérêts générés sur ce produit étant soumis dès la première année à la “flat tax” de 30% (dont 17,2% de prélèvements sociaux), ou au barème de l’impôt sur le revenu (plus les 17,2% de prélèvements sociaux) sur option, le plan d’épargne logement a perdu de sa superbe.
Ainsi, “depuis 2018, l’ouverture de nouveaux contrats, qui font désormais l’objet d’une fiscalisation, diminue. En témoigne la forte diminution de la détention d’épargne logement des plus jeunes depuis 2018, en baisse de 9,6 points pour les ménages dont la personne de référence a moins de 30 ans”, détaille l’Insee. Et au global, en 2021, seuls 24,7% des Français détiennent un PEL.
A noter que le compte épargne logement, encore détenu par 16,8% des ménages en 2010, ne l’est plus que par 12,5% des Français en 2021. Soit exactement un foyer sur huit. Plusieurs explications : le taux du CEL, de seulement 0,25% entre février 2020 et janvier 2022, et la fiscalisation des intérêts, identique à celle en vigueur sur le PEL depuis 2018.
Le LEP, pour Livret d’épargne populaire, constitue là encore la preuve irréfutable que le rendement ne fait pas tout dans la diffusion d’un produit d’épargne. De 23,4% en 2010, le pourcentage de ménages détenant ce placement réservé aux contribuables déclarant des revenus modestes (20.297 euros maximum de revenu fiscal de référence 2020 pour ouvrir un LEP en 2022) est tombé à 16,4% en 2021. Une explication possible : le recul du rendement de ce placement à 1% en 2020, contre encore 2,75% net en 2013. Soit le double, tout de même, que la rémunération du Livret A à la même date.
Mais cette statistique pourrait être amenée à décoller dans les prochains mois. Tout d’abord parce que le taux du LEP est remonté à 2,2% le 1er février 2022. Mais surtout parce qu’il devrait exploser au 1er août pour atteindre au moins 4%.
Parmi les grandes catégories de placements étudiées par l’Insee, les valeurs mobilières sont elles aussi seulement détenues par un Français sur six. De 19,7% en 2010, le pourcentage de Français possédant des actions, des obligations, des parts de sociétés d’investissement à capital variable (Sicav) ou de fonds communs de placement (FCP) a reculé à 16,7% en 2021. Une proportion toutefois repartie à la hausse depuis 2018, lorsque le taux de détention était de 16%, et qui devrait se confirmer dans les années à venir, les opportunités nées de la crise du Covid-19 ayant créé des vocations chez de nombreux jeunes épargnants désireux de profiter de la rentabilité des marchés boursiers. Et à raison puisque l’indice CAC 40 a délivré une performance de 28,85% en 2021.
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Le salaire mensuel net est invalide
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