Le bancassureur BNP Paribas Cardif a dégagé un chiffre d'affaires record de 31,8 milliards l'an dernier. La percée des groupes bancaires dans l'assurance dommages en France s'est poursuivie.
Par Laurent Thévenin
L'assurance aura une nouvelle fois profité aux banques françaises en 2018. Devenu un rouage majeur de leur dispositif, cette activité s'est montrée particulièrement vigoureuse l'an dernier.
BNP Paribas Cardif, la filiale d'assurance de BNP Paribas, a ainsi publié jeudi un chiffre d'affaires record de 31,8 milliards d'euros, en hausse de 9 % par rapport à 2017 (+13,6 % en France). Son résultat net avant impôts s'est élevé à 1,5 milliard d'euros (-0,3 % à périmètre et changes constants). « Nous sommes dans la trajectoire pour atteindre nos objectifs à horizon 2020 », affirme Renaud Dumora, son directeur général.
Autre géant de la bancassurance française, Crédit Agricole Assurances (Pacifica, Predica) a, lui vu son chiffre d'affaires augmenter de 10,1 %, à 33,5 milliards d'euros. Son résultat net part du groupe a atteint 1,47 milliard d'euros après retraitement de la soulte versée à Crédit Agricole S.A (+8,6 %).
A la Société Générale, la contribution du métier assurance au résultat du groupe a progressé de 7 %, à 368 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires au plus haut, à 13,4 milliards d'euros (+14 %). Autre performance notable, le résultat contributif de l'assurance aux résultats de Crédit Mutuel Alliance Fédérale affiche une hausse de 4,4 %, à 844 millions d'euros.
Déjà de loin les premiers acteurs du marché français en assurance-vie, les bancassureurs font aussi depuis plusieurs années une véritable razzia en auto et en habitation. Ils arrivent à exploiter un avantage compétitif incomparable : les millions de clients bancaires qu'ils ont sous la main. « Il est toujours plus facile de parler à quelqu'un qui est déjà votre client qu'à un prospect », résume l'un d'eux.
Repartie à l'offensive dans l'assurance-dommages via une coentreprise avec la Matmut, BNP Paribas entend toujours équiper 12 % de ses clients particuliers à horizon 2020, contre 8 % actuellement. Entre le lancement de la nouvelle offre de Cardif IARD en mai dernier et la fin décembre, plus de 100.000 contrats ont été vendus par le réseau de ses agences.
Décrite par ses concurrents comme un véritable rouleau compresseur, Crédit Agricole Assurances, continue d'engranger des contrats en assurance dommages. Fin 2018, le taux d'équipement des clients particuliers atteignait 36,2 % dans les réseaux des caisses régionales du Crédit Agricole (+1,6 point l'an dernier) et 23,7 % au LCL (+1,3 point). « Le potentiel de croissance reste encore important », a souligné Crédit Agricole Assurances en détaillant ses résultats.
Quant à Natixis Assurances – la plateforme d'assurance du groupe BPCE -, elle vise une croissance annuelle de ses primes en assurance non-vie de 8 % dans son plan 2018-2020, un rythme dont n'osent rêver les compagnies traditionnelles.
Les acteurs bancaires n'ont par ailleurs de cesse d'élargir leur terrain de jeu dans l'assurance. Crédit Agricole Assurances a ainsi poursuivi sa percée en assurances collectives l'an dernier avec un chiffre d'affaires en hausse de 35 % sur cette activité.
Les bancassureurs voient aussi au-delà des guichets bancaires de leur maison mère. BNP Paribas Cardif a fondé une bonne partie de son développement sur la distribution de ses produits par l'intermédiaire de plus de 500 partenaires (banques, grands distributeurs, opérateurs téléphoniques, constructeurs automobiles, etc.) dans 35 pays.
« Cela nous donne accès à 200.000 points de vente physiques dans le monde », met en avant Renaud Dumora. L'an dernier, le bancassureur a lancé ou renouvelé 120 accords, notamment avec Sumitomo Mitsui Trust Bank au Japon ou Orange, en France, pour l'assurance des smartphones et des tablettes.
Pour Société Générale Assurances, les partenariats sont aussi vus comme un levier « pour accélérer la croissance ». A horizon 2022, la filiale de la banque de la Défense veut ainsi réaliser un quart de son chiffre d'affaires en protection (assurance dommages, prévoyance) via des prestataires externes, contre un peu moins de 10 % aujourd'hui.
Laurent Thévenin
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