L’assurance vie est la pièce maîtresse dans l’épargne financière des ménages avec sa souplesse de fonctionnement.
Avec ses 1861 milliards d’euros sous gestion à fin novembre dernier selon la Fédération des assureurs, l’assurance vie est de loin la pièce maîtresse dans l’épargne financière des ménages. Du moins pour les 40% d’entre eux possédant un ou plusieurs contrats, selon l’Insee. A raison, car cette enveloppe répond par sa souplesse de fonctionnement – versements et retraits libres, pas de plafond, plusieurs contrats possibles – et son cadre fiscal clément, à tous les projets. Seul problème : son fonds en euros à capital garanti est nettement tombé sous le niveau de l’inflation.
Que faire, alors ? Remanier son assurance vie, tout simplement, quitte si besoin à changer de contrat. La méthode ? Un, faites résolument la chasse aux meilleurs fonds en euros, ceux qui permettent encore sur la durée de préserver le pouvoir d’achat de votre épargne. Deux, intéressez-vous à l’euro-croissance, une solution financière à risque modéré mais au réel potentiel de performance à moyen-long terme. Trois, diversifiez davantage votre épargne avec des fonds bien choisis et/ou de la pierre papier. Explications.
Le fonds en euros est mort, évitez-le ! C’est le message envoyé par la majorité des assureurs depuis deux ans. En cause, son rendement au tapis, autour de 1,10% estimé, guère plus, pour 2021. Nul ne contestera le déclassement des fonds en euros, amplifié par le retour de l’inflation. Pour autant, faut-il tuer la poule aux œufs d’or ? Non, à double titre. Tout d’abord, soyez lucide : c’est encore le meilleur outil pour sécuriser un capital financier sans se heurter à un plafond de versement, comme sur les livrets réglementés.
Ensuite, l’écroulement des fonds en euros est loin d’être homogène sur le marché. Le taux moyen du marché précité est en réalité un remarquable trompe l’œil, masquant des rendements courant de 0,25 à 2,50% sur les 200 à 300 contrats en cours de commercialisation. Cet écart est tout sauf insignifiant, n’est-ce pas ? Répété sur la durée, il vaudra même son petit pesant d’euros par le jeu de la capitalisation et des intérêts composés.
Pour contrer l’inflation, il vous faut de toute évidence viser les fonds en euros les plus rentables sur la durée (voir notre sélection). Quels sont-ils, c’est toute la question ? En priorité, ciblez les contrats affichant chaque année un taux dans le haut du panier, sans imposer des conditions d’investissement sur les unités de compte (UC), c’est-à-dire sur des supports financiers sans garantie en capital.
A ce jeu, les mutuelles d’assurances (AGPM, Garance, MACSF, MIF, Monceau Assurances, etc.) et les associations d’épargnants (Afer, Asac-Fapès) sont les mieux placées. Atout supplémentaire : ces contrats sont généralement pas ou peu chargés en frais sur les versements. Sachez aussi qu’au fond de la classe, les contrats bancaires sont tous (ou presque) passés sous les 1% de rendement, avec 2 à 4% de frais d’entrée pour saler la note.
D’autres solutions existent pour muscler son fonds en euros. Vous pouvez notamment sélectionner des assureurs pratiquant des bonus sur le rendement selon la part d’UC détenue. Axa, Suravenir (filiale du Crédit Mutuel Arkéa) ou encore Swiss Life sont alors de bonnes adresses, avec des bonus permettant de dépasser parfois les 2% de rendement. Restez toutefois conscient que sur la part investie en UC, outre des frais de gestion annuels élevés, vous pouvez voir votre capital baisser selon l’évolution des marchés boursier. Ce n’est pas tout, il existe aussi des fonds en euros qualifiés d’alternatifs, qui remplacent en grande partie les emprunts d’Etat, moteur principal des fonds en euros classiques, par davantage d’actions et/ou d’immobilier.
Certains jouent aussi les investissements thématiques, par exemple sur les infrastructures. Problème : les offres sont rares, comme chez Primonial, et il faudra aussi investir en parallèle sur des UC pour y accéder, donc prendre du risque. Est-ce conforme à votre situation et vos projets ? Des assureurs moins connus tels Spirica ou Apicil tendent enfin à développer des fonds en euros à garantie partielle, par exemple à 98% du capital investi. Objectif : tenir au moins 1% de rendement les prochaines années. Rien d’alléchant toutefois, face à une inflation au-dessus des 2%.
Entre le fonds en euros classique sécurisé et les unités de compte (UC) non garanties, tirez donc la carte des fonds euro-croissance. De quoi s’agit-il ? D’un support financier dont la garantie en capital est valable uniquement au terme choisi au départ par l’épargnant. En échange de cette sécurité différée, l’assureur promet (sans garantir) plus de performance que sur les fonds en euros classiques dont la garantie en capital est, rappelons-le, permanente. L’offre est ensuite plus ou moins souple selon les établissements. Point commun, l’épargne reste disponible à tout moment par un retrait, mais avant le terme, vous récupérez votre capital à sa valeur de marché (en plus ou moins-value). Sinon, vous pourrez ou non choisir le niveau de garantie au terme (80 ou 100%) et la date d’échéance (8 à 40 ans).
Cette alternative au fonds en euros classique est-elle performante, à même de faire mieux que l’inflation ? Théoriquement, oui. « Le fait de ne pas avoir de garantie au jour le jour nous donne la capacité d’aller chercher de la performance de long terme via les actions – 20% d’investissement en moyenne et on peut aller jusqu’à 30% versus 5 ou 6% d’actions sur le fonds en euros classique – ce qui est très utile notamment dans le contexte de taux bas voir négatif que nous connaissons aujourd’hui », résume un assureur
Dont acte ! Dans les faits, il faudra s’attendre à des performances volatiles selon les années, comme l’illustre le rendement moyen communiqué par la FFA : 0,1% en 2020, 6,5% en 2019, -3,5% en 2018, 3,4% en 2017. La performance pour 2021 aura sûrement été bonne (non connue à cette heure). Attention, ce taux moyen cache de grosses variations selon les offres. Surtout, contrairement aux fonds en euros classiques, les intérêts annuels ne viennent pas grossir le capital garanti !
Nous vous invitons à ne pas vous tromper d’idée sur l’euro-croissance. Toute sa construction tient dans le totem de la garantie en capital, si chère aux épargnants. Ce qui en fait un nouvel avatar du fonds en euros classique. Ne vous y fiez pas ! Que vaut en effet une garantie en capital à 20 ans par exemple, une fois l’inflation passée par là ? Miser sur l’euro-croissance, c’est davantage rechercher de la performance pour son épargne dans un cadre relativement sécurisé. Ce qui nécessite de disposer de temps devant soi, au moins 8 années.
Mais cet horizon n’est pas intangible. Si le fonds euro-croissance sur lequel vous avez investi affiche de bonnes performances, pourquoi ne pas y effectuer un retrait ou un arbitrage pour dégager une plus-value plutôt que d’attendre son terme. Bref, soyez fin stratège. Reste à dénicher une offre compétitive. Seule une poignée d’assureurs sont actifs sur ce marché, c’est regrettable. Certains ont même renoncé à prolonger une offre qu’il avait jadis promue, tels BNP Paribas (pourtant leader de ce marché), la Caisse d’Epargne, le Crédit Agricole ou l’Afer. Faites donc votre marché chez les assureurs engagés (voir notre sélection).
Le juge de paix d’un placement repose dans sa performance. A quel rythme votre capital va-t-il grossir avec une assurance vie ? Très lentement, si votre épargne est placée sur le fonds en euros. Avec 1% de rendement par an, il faut environ 72 ans pour doubler la valeur d’un capital ! Bonne nouvelle : dans une assurance vie (sauf cas de contrats uniquement en euros), vous pouvez mixer votre investissement avec des unités de compte (UC). Seules ces dernières pourront sur la durée vous donner des performances supérieures à l’inflation. Reste à ne pas vous perdre en chemin, tant l’assurance vie est devenue un supermarché financier, mettant à disposition des fonds actions et obligataires, des fonds indiciels (trackers), des options de gestion pilotée, des actions en direct, de la pierre papier, etc.
Quelle méthode suivre ? C’est simple, il s’agit de trouver le bon équilibre entre fonds en euros et UC, en fonction de votre profil d’épargnant et de vos projets (quel horizon ?). Ensuite, agissez de façon à rester en cohérence avec vos connaissances financières. Inutile de vouloir conduire un contrat tout terrain pour rouler uniquement en ville ensuite. Commencez par répartir votre épargne sur au moins trois supports (UC) différents en procédant à des versements réguliers pour lisser le risque. Trop compliqué ? Pourquoi ne pas vous rabattre sur des fonds indiciels pour suivre les marchés financiers, par exemple un fonds indexé sur l’évolution du CAC 40, qui sont moins chargés en frais et plus lisibles. Ou sur la gestion pilotée, qui consiste à donner les clés de votre capital à l’assureur ou à une société de gestion experte.
En assurance vie, la diversification se vit tous azimuts. Les SCPI (sociétés civiles de placement immobilier) sont même devenues le fer de lance commercial de certains courtiers en ligne avec 20 à 30 solutions par contrat, profitez-en ! Avec environ 4% de rendement annuel net, difficile de trouver mieux pour un placement au risque maîtrisé ! Autre niche : les SCI (Sociétés civiles immobilières), qui ont rapporté entre 2 et 6% l’an dernier. Le tout avec un niveau de risque maitrisé (niveau 2 ou 3 sur 7 sur l’échelle des risques). Très bien, encore faut-il disposer d’un contrat suffisamment achalandé pour diversifier son épargne.
Est-ce votre cas ? A défaut, soyons clair, vous avez tout intérêt, sauf forte contre-indication fiscale (notamment passé 70 ans), à récupérer votre mise pour l’investir sur une assurance vie de bonne qualité (voir notre sélection). Deux piste valent d’être explorées en priorité. Si vous êtes un épargnant néophyte, tournez-vous vers des contrats simples, aux solutions limitées mais cohérentes et peu couteuses. A ce jeu, certaines mutuelles et associations d’épargnants tirent leur épingle du jeu. Si vous êtes plus avisé, tournez-vous vers des offres plus dodues, que l’on trouve chez les courtiers du Net à frais réduits, ou via les Conseillers en gestion de patrimoine indépendants, plus coûteuses mais avec (théoriquement) plus de suivi à la clé.

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