Elle peine à décoller. Détenue par près de 5 millions de particuliers selon France Assureurs, l’assurance obsèques n’a généré que 1,6 milliard d’euros de cotisations en 2021, selon le cabinet d’études Xerfi, en progression de 2,3% sur un an. Ce produit servant à financer ses propres funérailles n’a cependant pas dit son dernier mot. “Le vieillissement de la population restera un facteur structurel de soutien. En 2025, le nombre de seniors de 60 ans et plus frôlera les 19 millions (soit 8,6% de plus qu’en 2020)”, poursuit Xerfi. La surmortalité liée à la crise sanitaire a aussi constitué une “prise de conscience” de la population. D’ici 2023, le marché devrait ainsi atteindre 1,8 milliard d’euros, en hausse de 12,5% par rapport à 2021.
“Depuis une vingtaine d’années, ce produit s’est mué en véritable niche d’assurance vie. La communication et le marketing des grands groupes funéraires sont parvenus à briser le tabou de la mort et des obsèques”, estime Michel Kawnik, président fondateur de l’Association française d’information funéraire (Afif). À raison, car les funérailles représentent aujourd’hui le troisième poste de dépense au cours d’une vie, après l’achat de l’habitat et celui de la voiture.” Et les grands groupes bancaires se taillent la part du lion avec près de 50% de part de marché. Parmi les mastodontes, on retrouve le Crédit Agricole, CNP assurance ou encore la Banque postale Prévoyance. Cette dernière détient un portefeuille de 350.000 contrats.
Difficile pourtant de lutter avec l’assurance vie. Le placement préféré des Français – 1.821 milliards d’euros d’encours à fin mai 2022 – a lui aussi de beaux atouts à faire valoir pour financer ses funérailles. Il peut déjà, contrairement à l’assurance obsèques, se targuer de générer un rendement. Celui du fonds euro, en capital garanti, pourrait ainsi atteindre 2% en 2022.
Toutefois, la revalorisation du capital est aussi centrale dans les contrats obsèques. La mort intervenant plusieurs années, voire plusieurs décennies après la souscription du contrat, le coût des funérailles augmente entre-temps, tandis que la somme garantie n’aura, elle, pas bougé. Le delta grimpe facilement à 1.500 euros, selon l’Afif. Généralement, les contrats intègrent des revalorisations annuelles du capital souscrit, mais tout dépend du mécanisme adopté. S’il est fondé sur le taux d’intérêt légal, sachez que ce garde-fou est actuellement deux fois inférieur à l’inflation. Chez Axa, un des rares assureurs à afficher clairement la couleur sur son site, le capital décès connaît une revalorisation annuelle garantie de 1% nette de frais de gestion en plus de la participation aux bénéfices. Cette dernière, obligatoire depuis 2014, vient en effet doper votre capital, si tant est que des profits sont réalisés. Le conseil est donc de questionner l’assureur pour connaître les modalités exactes de revalorisation afin que la famille n’ait pas à payer une note salée in fine.
S’il est fondé sur le même modèle fiscal que l’assurance obsèques, le contrat vie se distingue aussi par les frais appliqués. De manière générale, les assureurs vie ne ponctionnent rien lors d’un retrait d’argent, que le rachat soit partiel ou total. À l’inverse, un rachat total de contrat d’assurance obsèques met fin à la couverture et débouche sur des frais élevés pouvant atteindre plus de 15% de la somme. Le gendarme des assurances, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), déplore d’ailleurs que l’ensemble des frais afférents à ce type de contrats soit “rarement présenté de façon claire au client”.
Preuve de la polyvalence du produit, l’assurance vie, tout comme le contrat d’assurance obsèques, est assortie de la désignation d’un bénéficiaire. Il sera chargé d’utiliser tout ou partie de la somme léguée pour organiser les funérailles. Les frais d’obsèques peuvent d’ailleurs être déduits de la succession dans la limite de 1.500 euros. Un détail vient cependant faire pencher la balance : “Avec l’assurance obsèques, la famille à la certitude que l’argent va être utilisé uniquement pour les obsèques. Le souscripteur leur achète une tranquillité d’esprit” rétorque Jean-Christophe Hamery, directeur général de La Banque postale Prévoyance.
En revanche, l’assurance vie est entachée d’un point noir : c’est à la famille du défunt d’avancer les sommes nécessaires pour organiser les funérailles, avant de se faire rembourser via le contrat vie. Ils peuvent ainsi demander à la banque du défunt de prélever les sommes acquittées, dans la limite de 5.000 euros. Les funérailles sont cependant très onéreuses – 3.815 euros en moyenne selon les données tarifaires relevées fin 2019 par l’UFC-Que Choisir – et les familles sont loin d’être toutes en capacité de détenir un tel pactole sur leur compte.
L’assurance obsèques a donc une carte à jouer ici. Avec ce produit, le défunt assure une tranquillité à ses héritiers. Il constitue au fur et à mesure des années un capital – ou via un versement unique s’il le peut – qui sera ensuite mobilisé au moment de sa mort. Ces contrats en capital assurent au ­décès de l’assuré le versement d’une somme, se situant généralement entre 3.000 et 6.000 euros, aux bénéficiaires désignés. Attention cependant, ces couvertures obsèques ne sont pas des contrats d’épargne, alerte le Médiateur de l’assurance, Arnaud Chneiweiss : “Au moment du décès de l’assuré, le total des cotisations qu’il a versées peut dépasser le capital garanti par le contrat.” Autrement dit, vous aurez cotisé à fonds perdu, et certains contrats ne sont pas tous clairs en la matière, a alerté l’ACPR.
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L’argument peut aussi être retourné, rappelle Jean-Christophe Hamery : “Un contrat obsèques permet d’obtenir la somme convenue, même si le total des cotisations acquittées par le particulier au moment de sa mort est inférieur au capital garanti. Ce que ne permet pas l’assurance-vie.” Rappel utile : si pendant la durée de votre contrat, vous ne décédez pas, vous perdez l’intégralité de vos cotisations.
Au-delà de la protection financière apportée, et contrairement à l’assurance vie, c’est aussi un apaisement psychologique que peut apporter l’assurance obsèques. Vous devrez, pour cela, souscrire un contrat en prestations, aussi appelé “convention obsèques”. Grâce à cela, vous déciderez du déroulement complet de vos futures funérailles : cercueil, type de cérémonie, etc. L’assureur aura l’obligation de respecter l’entreprise sélectionnée, et cette dernière sera désignée bénéficiaire du contrat. Le capital lui sera donc versé par votre assurance le moment venu.
Si vous optez pour un contrat obsèques au détriment d’une bonne vieille assurance vie, vous devrez prêter une attention toute particulière aux garanties comprises. “Nous estimons que 4 des 5 grandes entreprises funéraires incluent des services qui, la plupart du temps, ne servent à rien et font pourtant doubler le montant de la cotisation”, alerte Michel Kawnik. Ce spécialiste rappelle que 80 à 85% des décès ont lieu en centre de soins. Si tel est votre cas, l’hébergement du corps est gratuit pendant 3 jours.
Si la personne est morte à domicile ou en Ehpad, là non plus, nul besoin de déplacement du corps. “Or, des sociétés ajoutent dans le devis des frais de transport avant la mise en cercueil et des frais d’entrée en chambre funéraire”, poursuit-il. Des contrats incluent aussi ce qu’ils appellent des soins de conservation ou de présentation. Le principe : injecter dans le corps des liquides composés de formol. “Ce produit est sous moratoire de l’Union européenne et devrait être interdit d’ici 2024”, rappelle Michel Kawnik. Autrement dit, le particulier cotise pour une garantie dont il ne pourra pas bénéficier d’ici à 2 ans.
Malgré ces écueils, des assistances prévues au contrat peuvent s’avérer bien utiles. “On agit en tiers de confiance en aidant le particulier dans son parcours de souscription. Nous proposons par exemple un outil de comparaison des devis funéraires et apportons un soutien psychologique à la famille du défunt” explique Jean-Christophe Hamery. La filiale de la Banque postale propose même le fleurissement et l’entretien de la sépulture. De son côté, Axa intègre à son contrat “Obsèques Essen’Ciel” la prise en charge de la garde des enfants, la mise à disposition de psychologues jusqu’à 6 mois après le décès mais aussi la prise en charge du rapatriement du corps en France si le décès a lieu lors d’un séjour à l’étranger. MetLife y ajoute une assistance téléphonique pour aider la famille à effectuer les premières tâches administratives.
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Le salaire mensuel net est invalide
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