“Demeure aussi prudent au terme qu’au début ; ainsi tu éviteras l’échec”, disait le sage Lao Tseu. Cette citation du père du taoïsme pourrait illustrer la stratégie d’épargne des Français, puisque selon la 20ème édition du baromètre du Cercle des Epargnants, publié en février et réalisé avec l’Ipsos*, la sécurité reste le principal moteur de leurs placements. Ainsi, plutôt que de chercher la performance, une majorité de sondés optent pour la sécurité (50%) et la liquidité (48%). Assez logiquement, cela se retrouve dans les produits les plus plébiscités.
Le placement financier préféré des Français reste ainsi l’assurance-vie, un support qui permet d’investir en sécurisant plus ou moins son capital selon les options choisies. L’assurance-vie est ainsi citée comme le meilleur produit pour épargner par 20% des Français interrogés. Si on élargit un peu le champs des réponses, ce sont même 31% des sondés qui estiment qu’il s’agit du premier ou du deuxième meilleur produit. Une proportion qui est cependant plutôt en retrait par rapport aux années précédentes (-3 points par rapport à 2021).
En deuxième position des placements privilégiés, les livrets réglementés tels que le Livret A et le livret de développement durable et solidaire (cités en première ou deuxième position par 30% des sondés, une proportion en légère hausse depuis 2019). Les personnes interrogées portent ensuite leur dévolu sur les comptes et plans d’épargne (PEL et CEL) qui arrivent 3ème position (22%, un taux de réponse stable). La praticité plutôt que le taux de rémunération explique que les épargnants optent pour ces produits.
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Derrière ces trois produits phares, on retrouve ensuite l’épargne salariale (citée comme premier ou deuxième meilleur produit pour épargner par 15% des sondés), le plan d’épargne retraite (9%), le plan d’épargne actions (8%) et les actions et obligations sur compte titre (7%). On notera que 27% des Français interrogés estiment qu’aucun des produits proposés dans la liste ne fait partie des meilleurs produits d’épargne. Sans doute en partie car l’immobilier, qui est le plus souvent le coeur du patrimoine des ménages, est absent de cette liste (n’étant pas un produit d’épargne au sens strict, sauf dans le cas des SCPI).
Cette préférence des Français se retrouve d’ailleurs plutôt bien dans les montants réellement investis dans ces placements. Selon France Assureurs (ex-Fédération française de l’assurance), les cotisations en 2021 sur l’assurance-vie ont dépassé pour la première fois le seuil de 150 milliards d’euros (pour atteindre 151,1 milliards d’euros). La collecte nette (les versements auxquels on retranche l’argent récupéré par les épargnants) est aussi à des niveaux très élevés: +23,7 milliards d’euros, du jamais-vu depuis 2010 (au lendemain de la grande crise financière). Résultat, il n’y a jamais eu autant d’argent sur ce produit: 1.876 milliards d’euros d’encours à fin décembre (+4,4% sur un an).
Le Livret A reste de son côté le produit le plus répandu. La Caisse des dépôts indique que sur l’ensemble de l’année 2021, la collecte nette sur le livret A et le LDDS a atteint près de 20 milliards d’euros en cumulé (19,21 milliards) pour un encours total de 469,8 milliards d’euros à fin décembre 2021. La pandémie aura ainsi fait exploser les encours de ces deux livrets réglementés, avec un pic historique de collecte observé en 2020 (plus de 35 milliards d’euros). Avec un certain retour de la confiance née des perspectives d’une fin de crise et la levée de certaines restrictions couplé aux fêtes de fin d’année, les Français ont en revanche puisé dans leur Livret A en fin d’année avec près de 4,8 milliards d’euros d’argent retiré des comptes entre octobre et décembre.
Pourtant, même relevé de 0,5% à 1% depuis le 1er février, le taux de rémunération du Livret A reste assez faible. Surtout quand on le compare à l’inflation, qui devrait atteindre entre 3% et 3,5% en France dans les mois qui viennent selon les dernières projections de l’Insee. Bien sûr, alors que les frais de tenue de compte explosent, le Livret A peut servir de compte courant rémunéré pour une partie des Français, ce qui explique aussi son succès.
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Si on regarde du côté de l’assurance-vie, les rendements ne sont guère plus reluisants. Les fonds euros (ceux avec capital entièrement garanti donc) devraient afficher pour 2021 un taux de rendement compris entre 1% et 1,10%. Afin de gagner plus, il faut prendre plus de risques avec des assurances-vies mixant obligations et unités de compte (actions, sicav, SCPI…).
On rappelera que la Bourse fait de son côté beaucpoup mieux, avec un rendement brut annuel moyen (dividendes inclus) de 12,48% sur 5 ans (2017-2021) pour les actions du CAC 40, selon notre dernier palmarès BFM Bourse. Toutefois, nombre de Français préfèrent plutôt jouer la prudence, les épargnants craignant une perte de capital pour les placements plus risqués.
Ce qui les motive le plus à épargner? La crainte des aléas financiers et l’anticipation: 38% épargnent au cas où ou pour l’avenir (selon le baromètre du Cercle des Epargnants) quand 54% qui détiennent déjà au moins un produit d’épargne l’ont ouvert par mesure de précaution. La sécurité est donc une préoccupation majeure pour les épargnants, bien avant la rentabilité et la rémunération du placement.
Les aléas financiers ne sont pas les seules raisons invoquées pour épargner puisque 22% pensent déjà à préparer leur retraite quand 20% épargnent pour aider leurs petits-enfants. Parmi les sondés non retraités, l’inquiétude liée à la retraite est forte: 81% ont peur de manquer d’argent.
Ces craintes et le niveau de collecte record peuvent d’ailleurs expliquer l’excellente tenue du marché immobilier, qui est considéré comme une valeur refuge absolue et une sorte d’épargne forcée par les ménages. Sur douze mois, les notaires avaient ainsi enregistré pas moins de 1,2 million de transactions dans l’ancien à fin novembre (+17,5% sur un an). Le marché est en effet boosté par des taux historiquement faibles. Et les encours des crédits immobiliers ont rapidement progressé pour atteindre 1.215 milliards d’euros en décembre (+6,4% sur un an), selon les données de la Banque de France.
Le conseil de l’experte est de vérifier en fonction de sa capacité à épargner quel capital il est possible d’investir pour préparer sa retraite à l’heure où l’espérance de vie est de plus en plus longue en France… avec une nécessaire réforme pour 72% des sondés par le Cerle des épargnants qui se déclarent peu favorables à l’allongement de la durée de cotisation et de celui de l’âge du départ à la retraite.
Pour préparer la retraite, la diversification reste la règle de base en gestion de patrimoine. “L’idéal est même de combiner une stratégie immobilière et une financière”, conseille Amélie Zieglemeyer.
La complexité des supports peut expliquer les difficultés rencontrées par les épargnants et leur timidité pour certains placements. En effet, le Plan d’épargne retraite (PER) créé en 2019, s’il est connu par 49% des sondés, est peu détenu, seulement 12% en possèdent un et 11% envisagent d’en ouvrir un, d’après le sondage du Cercle des épargnants.
Et les Français s’intéressent de plus en plus aux placements financiers, presque un Français sur deux, un score également en progression sur les deux dernières années note le baromètre.
Pour faire fructifier son épargne, les Français doivent donc “se montrer tantôt très audacieux et tantôt très prudents”, pour paraphraser Napoléon Bonaparte qui estimait que c’était le secret pour réussir.
Les Français semblent de moins en moins réticents à cette idée. Selon le dernier tableau de bord des investisseurs particuliers actifs de l’Autorité des marchés financiers (AMF), en 2021 “1,6 million de particuliers ont réalisé au moins un ordre d’achat ou de vente d’actions”, un chiffre en hausse de 19% par rapport à 2020. Quant aux versements effectués sur les plans d’épargne en actions (PEA), la Banque de France observe dans sa dernière note sur le sujet (publiée en septembre mais qui concerne les données de 2020) une progression des placements avec des encours sur le PEA de 98,9 milliards d’euros fin 2020 (+2,9% par rapport à 2019).
D’autres tendances sont apparues dans le paysage des placements, notamment du côté des actifs alternatifs. Par exemple, le financement participatif qui comptabilise plus de 1,8 milliard de collecte en 2021, en hausse de 84% selon le baromètre Mazars et Financement participatif France. “L’année 2021 restera également celle de la percée des NFT”, observe Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne. Les NFT, “non-fungible token” en anglais, sont des fichiers numériques uniques qui s’achètent et se vendent en cryptomonnaies. Il peut s’agir par exemple d’une vidéo, d’une image ou d’un terrain virtuel avec un certificat d’authenticité numérique validé via une blockchain, comme la chaîne de blocs bitcoin ou l’ethereum. “10% des Américains y auraient investi une partie de leurs économies. (…) Leur valorisation pour la grande majorité d’entre eux est purement spéculative. Certains NFT sont néanmoins associés à des biens immobiliers qui génèrent des revenus. Des cartes NFT ont été également émises en lien avec des joueurs de football”, poursuit-il en avertissant sur les risques de ces investissements non réglementés.
*Sondage réalisé auprès de 1.000 personnes âgées de 18 ans et plus (dont 285 répondants retraités), par questionnaire en ligne du 12 au 16 janvier 2022. Echantillon représentatif des Français, sélectionnés selon la méthode des quotas (sexe, âge, région, PCS, catégorie d’agglomération).
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