Ces deux placements permettent de se constituer un complément de revenus récurrents dans un cadre fiscal avantageux. Mais leurs fonctionnements respectifs sont fort différents.
Par Laurence Delain
Avantage au Perp qui, contrairement à la tontine, distribuée de façon quasi exclusive par le groupe Le Conservateur, est commercialisé dans tous les réseaux financiers.
Avantage à la tontine. Lorsqu'on souscrit un Perp, les sommes épargnées sont, sauf accidents de la vie (invalidité, décès du conjoint, etc.), bloquées jusqu'à la prise de la retraite, échéance où elles sont converties à hauteur d'au moins 80 % en rentes viagères imposables.
Rien de tel avec une tontine. Chaque année, Le Conservateur lance une nouvelle association tontinière pour une durée de vingt-cinq ans, terme où son actif est dissous et réparti entre ses souscripteurs (si un adhérent décède avant, ses primes s'ajoutent au pot commun). L'épargnant a le choix entre s'engager sur cette durée ou adhérer à une association créée antérieurement sous réserve de bloquer son investissement a minima dix ans. Dans une perspective de retraite, il aura intérêt à répartir ses primes dans différentes associations – tontine en cascade – pour échelonner les échéances de son placement.
> souscrit un Perp > Retraite : quels revenus faut-il toucher pour vivre confortablement ? > Epargne retraite : assurance-vie ou PERP, le match
Avantage à la tontine, dont les gestionnaires profitent de la durée incompressible de blocage pour Retraite : quels revenus faut-il toucher pour vivre confortablement ? avant de sécuriser leurs actifs au fur et à mesure que la date de dénouement approche. Résultat, sur quinze ans, la rentabilité moyenne brute annuelle de la tontine dépasse 4 %.
Théoriquement, Epargne retraite : assurance-vie ou PERP, le match, également géré par horizon (la réglementation impose une diversification dégressive dans le temps) devrait générer le même type de rendement, mais les performances moyennes connues sont souvent inférieures.
A noter également, la tontine ponctionne en une seule fois, à l'adhésion, des frais forfaitaires sur primes de 18,5 % qui, lissés sur la durée, pèsent moins sur la rentabilité globale du placement que les frais sur prime et de gestion prélevés au fil de l'eau sur un Perp.
En la matière, les deux solutions s'avèrent, selon Corinne Caraux, directrice de l'ingénierie patrimoniale du groupe Le Conservateur, « plus complémentaires qu'opposables ». Le souscripteur d'un Perp pourra durant toute sa phase d'épargne, déduire chaque année ses cotisations de son revenu imposable dans des marges appréciables. En revanche, à la sortie, la rente viagère qu'il touchera sera imposée au barème progressif (après battement de 10 %).
La tontine, à l'inverse, n'offre pas d'avantage fiscal à l'entrée, mais, à l'échéance, le souscripteur récupère son capital majoré de revenus peu fiscalisés (prélèvement libératoire de 7,5 % ou 12,8 % selon les encours, après abattement de 4.600 euros ou 9.200 euros pour un couple), voire net d'impôts, s'il a souscrit des tontines « en cascade », afin d'optimiser l'abattement au gré de leurs dénouements successifs.
Par ailleurs, pour protéger ses héritiers, l'adhérent d'une tontine peut contracter avant soixante-dix ans une temporaire décès, dont le capital reversé au (x) bénéficiaire(s) désigné(s) profitera du régime successoral dérogatoire de l'assurance-vie (prélèvement forfaitaire de 20 % ou 31,25 % après abattement de 152.500 euros par bénéficiaire) et sera taxé sur une assiette imposable limitée à la seule prime d'assurance-décès.
Le bénéficiaire désigné d'un détenteur de Perp disparu prématurément, touchera, lui, en franchise de droits de succession, une rente viagère (ou temporaire d'éducation s'il s'agit d'un mineur) imposable au titre des pensions.
Laurence Delain
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