La plupart des successions peuvent devenir un véritable parcours du combattant pour les héritiers. Pour pallier cette problématique, trois entrepreneurs d’EuraTechnologies ont créé LegItBee, une plateforme qui vise à simplifier la transmission de patrimoine et les démarches administratives des héritiers après le décès d’un proche. Née en 2020 à EuraTechnologies, la start-up lilloise lève 1,5 M€.
«Tous ceux qui ont vécu une succession savent que c’est un enfer, et pourtant rien ne permettait de préparer et de gérer une succession de manière complète», déclare Guillaume Parisot, CEO et cofondateur avec Julien Trucy, COO et Victor Lennel, CTO. Le trio d’entrepreneurs décide alors de créer une plateforme permettant de cartographier l’ensemble des données d’une personne, à la fois patrimoniales, administratives et personnelles, et d’en permettre la transmission sécurisée et sous contrôle d’un notaire lors de la succession.
Cette solution d’automatisation de toutes les démarches évite ainsi aux héritiers de contacter les différents organismes afin de rapatrier les données personnelles, supprimer les comptes ou encore récupérer de l’argent.

Car, aujourd’hui en France, rien n’est automatisé dans le cadre d’une succession. Seuls deux fichiers (Ficoba et Ficovie) permettent de connaître les comptes bancaires et les assurances-vie d’un citoyen français lors de son décès. «Le reste du patrimoine, c’est aux héritiers de le reconstituer pour le transmettre au notaire. Mais pour cela il faut contacter une quinzaine d’organismes en moyenne. C’est une boucle sans fin. Notre solution représente 150 heures gagnées et à cela s’ajoute tout l’argent que ça représente. Notre plateforme est à la fois un gain de temps en simplifiant les démarches, un gain financier en évitant que des actifs soient perdus et un soulagement dans une période affective compliquée», résume Julien Trucy, COO. 

LegItBee apporte de la valeur à la fois aux héritiers, aux banques et assureurs, notamment dans le cadre de rebonds commerciaux au moment des décès, à l’Etat pour raisons fiscales et sociétales, mais avant tout aux notaires de plus en plus confrontés à des difficultés autour de l’héritage numérique. En effet, le patrimoine devient digital, multiple et complexe. «Il existe de plus en plus de sources d’argent un peu partout sur des comptes en ligne (ndlr : cryptomonnaies, jeux et paris en ligne, PayPal, etc.) et cette masse d’argent échappe complètement aux successions.»
Car si aujourd’hui les banques et assurances ont une obligation légale de recherche des héritiers, tous ces nouveaux acteurs n’ont pas cette obligation. «Cet argent est en déshérence et dort sur des plateformes», ajoute Julien Trucy. Face à la croissance de ces plateformes et l’argent que ça représente, la législation est amenée à évoluer et LegItBee va «tout faire pour que ça évolue».

En 2021, la plateforme, conforme au droit successoral, a été labellisée par le Conseil supérieur du notariat. Lancée commercialement tout récemment, la solution s’attaque à un marché de taille puisqu’il concerne tous les citoyens. En France, on compte 5 millions de contrats d’assurance obsèques, 500 000 nouveaux contrats chaque année et 620 000 décès annuels.
C’est donc un flux de personnes conséquent confrontées aux problématiques de succession. «Avec la crise de la Covid, de plus en plus de Français se posent des questions sur le sujet. Il manquait justement cette automatisation et cette simplification qui soulage énormément les héritiers. Nous sommes persuadés de développer une solution d’utilité publique», témoigne Guillaume Parisot.
Le droit notarial français est quasiment similaire au droit notarial espagnol, italien, allemand ou encore belge. «Notre solution est déployable en Europe», se réjouit le trio d’entrepreneurs. Mais avant de se tourner vers les voisins européens, LegItBee souhaite avant tout conquérir le marché français. Pour cela, la jeune pousse boucle un premier tour de table à hauteur d’1,5 M€ auprès de fonds de capital risque pour accélérer son développement et passer de six à dix personnes d’ici les prochains mois.

Parution 9918 du 27/09/2022 – Ed. Pas-de-Calais
Parution 9110 du 23/09/2022 – Ed. Nord
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