Depuis le lancement du plan d’épargne retraite (PER) le 1er octobre 2019, les ouvertures de PER se sont multipliées. Selon les dernières données de la Fédération française de l’assurance (FFA), relayées par Le Figaro, il y avait déjà 210.000 contrats souscrits pour des PER individuels à fin juin. Pour un encours de plus de 1,5 milliard d’euros. Pour rappel, à fin décembre dernier, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire dénombrait sur BFM Business 84.000 ouvertures de PER pour un encours de 485 millions d’euros.
Si on est encore loin des 100 milliards d’euros d’encours supplémentaires que souhaite drainer l’exécutif vers l’épargne retraite d’ici 2022, l’engouement en faveur du PER est incontestable. Comment expliquer ce succès? Premier élément d’explication: “c’est un produit clairement identifié retraite”, juge ce lundi dans l’émission BFM Bourse Philippe Gourdelier, co-gérant de Patrimea. Ensuite, il y a un autre avantage pour le PER, c’est qu’il permet de déduire les versements effectués de ses revenus imposables.
En effet, “les sommes versées sur un PER individuel au cours d’une année sont déductibles des revenus imposables de cette année”, précise ainsi le site service-public sur cette page. Il existe néanmoins un plafond pour chaque membre du foyer fiscal. Ce plafond est égal soit à 4.052 euros, soit à “10% des revenus professionnels nets de cotisations sociales et de frais professionnels, avec une déduction maximale de 32.419 euros”.
Par exemple, schématiquement, si vous êtes dans la tranche marginale d’imposition à 30% pour votre impôt sur le revenu (IR), vous pouvez bénéficier d’une économie d’impôt de 30% des sommes investies. “Si on place 10.000 euros et qu’on a un salaire de l’ordre 3.000 euros par mois, (…) on va pouvoir économiser 10.000 euros que multiplie 30%, puisque c’est la tranche marginale d’imposition dans laquelle on est si on est célibataire par exemple, (soit) 3.000 euros l’année de la souscription”, illustre Philippe Gourdelier. Attention cependant, dans la pratique, le calcul peut être plus complexe car la déduction peut concerner des revenus soumis à différentes tranches d’imposition. Par exemple, sur ces 10.000 euros de revenus déduits, 8.000 euros peuvent être imposés à 30% et 2.000 euros imposés à 11%. L’économie d’impôt sera alors dans ce cas de 2.620 euros et non de 3.000 euros.
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On précisera d’ailleurs que cet avantage fiscal ne rentre pas dans le plafonnement global des niches fiscales de 10.000 euros (qui peut aller jusqu’à 18.000 euros dans certains cas). Cela ne rentre pas non plus dans le cadre de l’IFI (impôt sur la fortune immobilière), même si on a investi dans des supports immobiliers à l’intérieur du PER.
A noter que vous pouvez choisir de ne pas disposer de cet avantage à l’entrée, c’est-à-dire lorsque vous placez votre argent sur le PER. Vous pourrez alors disposer d’une réduction d’impôt à la sortie au moment du déblocage du plan. Sauf dans ce cas particulier, il n’y a pas d’avantage fiscal particulier à la sortie.
Autre point fondamental: la liberté de choix entre rente et capital. Ainsi, au moment de votre passage à la retraite, vous pouvez décider de percevoir une rente tous les mois ou de récupérer l’intégralité de votre capital en une seule fois. Vous pouvez même débloquer votre plan partiellement en capital et en rente.
Ensuite, il est possible de transférer ses anciens produits d’épargne retraite existants avant le 1er octobre 2019 (article 83, PERP, contrat Madelin, Préfon, Corem, Perco ou encore CRH) vers un PER individuel.
Alors, le PER peut-il faire de l’ombre à l’assurance-vie, un mastodonte de l’épargne française (1.766 milliards d’euros d’encours à fin juillet) qui est à la peine depuis le début de la crise? “Le PER devient un concurrent de l’assurance-vie”, estime Philippe Gourdelier. En particulier parce qu’il s’agit d’un produit simple et identifié qui va nécessairement interpeller les épargnants qui préparent leur retraite. “L’assurance-vie va peut-être se faire grignoter un peu des parts de marché”, anticipe-t-il.
Côté rendement, tout dépendra des fonds proposés par votre assureur ou votre banquier, que ce soit au sein de votre assurance-vie ou de votre PER. Or, ces fonds peuvent être assez similaires sur les deux produits. En revanche, il n’y a pas de capital garanti avec le PER, contrairement aux contrats d’assurance-vie en fonds euros.
En outre, l’assurance-vie a un autre avantage: “l’argent n’est jamais bloqué. Même avant huit ans. (…) Les Français malheureusement (…) pensent que l’argent dans un contrat d’assurance-vie est bloqué les huit premières années. C’est inexact. On fait ce que l’on veut de son argent sur un contrat d’assurance-vie”, rappelle Philippe Gourdelier. Seule la fiscalité qui s’applique change en fonction de ce seuil des huit ans.
Pour le PER, l’argent est en revanche bloqué jusqu’à la retraite. Il existe néanmoins de nombreux cas de sorties: décès d’un conjoint, achat de la résidence principale, expiration des droits aux allocations chômage, etc. Mais le blocage des fonds par défaut peut paradoxalement être un atout face à l’assurance-vie. Cela permet aussi aux épargnants de ne pas être tentés de piocher dans leur PER pour payer leurs vacances par exemple. Ce qui en fait un vrai placement de retraite.
Au final, “je dirai qu’ils sont complémentaires. L’assurance-vie, je vais l’utiliser pour faire fructifier sur du moyen terme (ou du) court terme. Ou bien parce que je sais que je vais avoir besoin d’argent ponctuellement dans cinq ans, dans sept ans, dans huit ans (…) ou pour transmettre à qui je veux”, conclut Philippe Gourdelier. Tandis que le PER permettra de miser davantage sur le temps long, tout en permettant à l’épargnant de baisser son niveau d’imposition avant la retraite.
On notera par ailleurs qu’en matière de succession, ces deux placements ont une fiscalité divergente en cas de décès du titulaire, comme le soulignent par exemple ici les éditions Francis Lefebvre.
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