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Sur internet, les conseils pour devenir rentier prolifèrent. On ne compte plus les témoignages de blogueurs qui, chiffres à l’appui, expliquent comment ils sont devenus rentier avant 40 ans et avec un tout petit capital de départ. Peut-on vraiment croire tous ces témoignages ? Combien faut-il vraiment pour devenir rentier ?
– Les 2 questions à se poser pour devenir rentier :
1/ De combien avez-vous besoin pour vivre ?
2/ Quel est l’état actuel de votre capital et quelle sera sa probable évolution ?
– Évaluer le rendement de vos placements ou le capital nécessaire
– Les dépenses contraintes à prendre en compte dans son calcul
– Combien faut-il prévoir pour les dépenses courantes ?
– Qu’en est-il de la protection sociale du rentier ?
– Combien faut-il avoir de côté pour être rentier ?
– Peut-on être rentier et vivre à l’étranger ?
– Comment se passe la retraite d’un rentier ?
Devenir rentier, c’est vivre de revenus autres que ceux procurés par un travail. Il peut s’agir de revenus issus de la location de biens immobiliers ou d’investissements financiers (dividendes). Le niveau des revenus nécessaires pour arrêter de travailler dépend du train de vie de chacun. Voici les 2 principaux éléments auxquelles vous devez penser pour savoir si vous pouvez vivre d’une rente, et à quelle échéance.
1/ De combien avez-vous besoin pour vivre ?
Vous devez calculer la somme dont vous avez besoin aujourd’hui pour vivre comme vous l’entendez. Pour cela, regardez combien vous avez dépensé en moyenne par mois sur les 2 dernières années. Étudiez chaque dépense pour évaluer si ce poste sera majoré ou supprimé une fois rentier.
Anticipez également l’évolution des prix et le quotidien que vous aurez une fois rentier. Pensez à prendre en compte les impôts et taxes, dont vous serez toujours redevable du fait de vos produits financiers ou investissements locatifs. Préférez une estimation haute afin de ne pas sous-estimer le capital dont vous aurez besoin. Mieux vaut effectuer un calcul prudent.
Par exemple, vos dépenses liées à votre mutuelle vont sûrement augmenter, du fait de votre changement de statut (voir plus loin notre paragraphe consacré à la protection sociale). En revanche, vous devriez dépenser moins en frais de déplacement, sauf si bien sûr vous profitez de votre temps libre pour beaucoup voyager ou vous déplacer.
Une fois que vous avez déterminé le budget mensuel dont vous aurez besoin pour vivre, il faut estimer le montant du capital qu’il est nécessaire de placer pour l’obtenir.
2/ Quel est l’état actuel de votre capital et quelle sera sa probable évolution ?
Faites le point sur votre épargne et capital. Vous devez ensuite estimer son évolution année par année, en fonction des rendements prévus. Selon le type de placement dont vous disposez (immobilier, livrets d’épargne, PEA, assurance vie, etc.), une marge d’incertitude doit être prise en compte. Partez ici sur une estimation basse afin de ne pas avoir de mauvaise surprise.
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Il s’agit de l’un des éléments clé qui va vous permettre de déterminer si vous pouvez vivre de vos rentes et à quelle échéance.
Très schématiquement, et pour comprendre le mécanisme sans prendre en compte pour le moment les nombreux paramètres qui peuvent se glisser dans l’équation (impôts, inflation, crédits…), le montant du capital nécessaire correspond à la somme annuelle nette dont vous avez besoin, divisée par le rendement net annuel.
Si vous avez besoin de 2000 euros pour vivre et que vos placements vous rapportent 3% nets par an (hors inflation), il vous faudra placer un capital de 2000 x 12 / 3 % = 800.000 euros. Cette formule peut être tournée de manière à évaluer le taux de rendement nécessaire à partir du capital et du montant de la rente, ou pour estimer le montant mensuel que vous pourrez toucher à partir d’un capital et d’un taux d’intérêt.
Imaginons que vous disposez d’un capital de 500.000 euros à placer et que vous avez besoin de 2000 euros nets par mois pour vivre. Hors inflation, vous aurez besoin de :
2000 x 12 = 24.000 euros par an.
Le taux de rendement net de nos placements devra donc atteindre 24.000 / 500.000 = 4,8% nets par an.
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Comme indiqué plus haut, de nombreux paramètres sont à prendre en compte dans ce calcul. À commencer par l’inflation, c’est-à-dire la hausse des prix d’une année sur l’autre. Le pouvoir d’achat de 2000 euros nets mensuels aujourd’hui n’est pas équivalent à celui du même montant après 10 ans de hausse des prix.
Le deuxième paramètre à prendre en compte est la fiscalité qui va être liée aux dividendes, plus-values ou aux revenus locatifs générés. Peu de placements sont exonérés d’impôt : les dividendes boursiers, les investissements immobiliers en direct ou au travers de sociétés civiles de placements, les gains sur les cryptomonnaies sont imposables.
Le 3ème point à ne pas négliger, est le fait qu’en l’absence de cotisations sociales liées à l’exercice d’un emploi, il n’est pas possible de toucher une retraite ni de bénéficier de la sécurité sociale. Il faut donc en tenir compte dans ses calculs.
Le quatrième point à anticiper est le montant des crédits à souscrire pour atteindre ses objectifs, et les échéances qui leur sont liées. Un revenu de 2000 nets peut vite être plombé si des mensualités de 1000 euros sont prélevées chaque mois pour rembourser un crédit.
Enfin, le dernier paramètre à évaluer pour espérer atteindre une liberté financière est l’ensemble des frais et risques générés par les placements visés. Les frais peuvent être assez lourds en immobilier locatif. Les revenus fonciers sont imposés, l’entretien nécessite des travaux, les copropriétés demandent de payer des charges, sans oublier les frais de gestion locative. Il existe aussi un risque de vacance, qui fait qu’entre 2 locataires plus aucun loyer n’est perçu. Le gain à la revente dépend quant à lui de l’évolution du marché immobilier, qu’il est impossible d’anticiper à long terme.
Du côté des placements financiers, c’est le risque de perte en capital qui est majeur. Il est indispensable de diversifier ses placements afin de ne pas souffrir en cas de baisse des marchés financiers. D’autant que ces dernières années, les valeurs financières ont beaucoup fluctué. Nous l’avons constaté lors de la crise du COVID ou au début du conflit en Ukraine.
C’est aussi le cas avec le marché des cryptomonnaies, qui subit des hausses et baisses phénoménales et qui, à l’heure actuelle, n’a que très peu de possibilités de générer du rendement autrement que par le trading, le staking restant assez limité.
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Il est très difficile de répondre à cette question car tout dépend de la situation personnelle et du niveau de vie. Certaines personnes peuvent se contenter du RSA pour vivre (quelques centaines d’euros par mois), mais elles sont minoritaires, et ne sont souvent pas dans cette situation financière par choix.
À l’inverse, il est inconcevable pour d’autres de vivre avec moins de 5.000 euros nets par mois. Tout cela va dépendre des habitudes de dépenses, du nombre de personnes au sein de la famille, des crédits en cours et de ses objectifs (voyager, acheter une maison…).
Attention, car les dépenses courantes sont aussi susceptibles d’évoluer au cours de la vie. Par exemple, pour les couples dont les enfants sont amenés à poursuivre des études supérieures privées, les dépenses peuvent être multipliées par 2 ou 3 à cette période.
Lorsqu’une personne devient rentière, elle doit souvent souscrire à titre individuel à la sécurité sociale. La situation fait que le rentier n’a plus d’employeur pour cotiser en son nom pour sa protection sociale. De plus, lorsque les personnes qui vivent de leurs rentes disposent d’un revenu fiscal de référence important, elles ne peuvent pas se rattacher à la sécurité sociale d’une autre personne sous statut d’ayant-droit.
La somme dépensée pour la protection sociale est donc plus importante : environ 8 % par an du revenu fiscal de référence. Là encore, il faut anticiper une éventuelle évolution de la législation et majoration de ce taux.
Combien faut-il avoir de côté pour être rentier ?
Gagner son indépendance financière ne se fait pas du jour au lendemain. Selon une enquête menée par le magazine économique Mieux vivre votre argent en 2016, voici le capital nécessaire pour obtenir certains niveaux de rente.
Cas 1 : Pour un besoin financier de 500 euros par mois pendant 30 ans
Pour pouvoir disposer de 500 euros nets par mois pendant 30 ans avec un contrat de capitalisation, il faudrait placer au moins 145.000 euros d’épargne. À supposer que le rendement annuel puisse atteindre 1,50% net par an. Là encore, les rendements ayant tendance à baisser, la somme de départ est un minimum.
Cas 2 : Pour un besoin de 1000 euros par mois pendant 30 ans
Dans ce cas il est nécessaire de placer 290.000 euros à 1,50%, ou 239.000 euros si le rendement de l’épargne atteint 3%.
Peut-on être rentier et vivre à l’étranger ?
Cela est possible mais nécessite d’étudier d’encore plus près la fiscalité et les systèmes de cotisation en cas de séjour permanent ou régulier à l’étranger. Parfois la situation sera très avantageuse, et parfois non. Il ne faut pas oublier que les revenus de source française sont imposables en France, même si l’on habite à l’étranger de façon permanente. Si vous êtes expatrié à Dubaï mais percevez par exemple des revenus d’une société civile de placement immobilier (SCPI), les gains seront fiscalisés en France.
Comment se passe la retraite d’un rentier ?
Tout dépend bien sûr de l’âge auquel le rentier a interrompu son activité professionnelle. La retraite est calculée en fonction du nombre de trimestres travaillés au cours de sa vie. Pour une activité professionnelle interrompue avant 40 ans et ayant duré moins de 20 ans, il est fort probable que la retraite touchée soit inférieure au minimum vieillesse.
Le montant de la retraite se calcule cependant au cas par cas, tant les estimations sont différentes en fonction des emplois exercés et des salaires perçus. Il est aussi nécessaire d’avoir à l’esprit que les droits et modes de calcul sont valables à court terme, et sont voués à évoluer dans le temps.
A 55 ans au chômage indemnisé 3 ans et 100.000 euros de côté peut on vivre de ses placements jusqu’à la retraite à 64ans ?