L’industrie financière vante les avantages de l’assurance-vie. On parle moins de ses inconvénients, qui sont pourtant nombreux… et parfois mal connus.
L’assurance-vie est tellement populaire en France que certains osent en parler comme d’une classe d’actifs… alors que ce n’est qu’une enveloppe fiscale, comme un PEA, dans laquelle vous pouvez mettre toutes sortes de produits financiers.
Voici ce que vous dit, dans 90% des cas, votre conseiller lorsque vous voulez placer votre argent :
« L’assurance-vie a une fiscalité avantageuse, notamment pour transmettre son patrimoine. Comme avec le livret A, le capital est garanti et disponible à tout moment. Mieux : il propose un rendement encore intéressant (1,8% en moyenne et 1,49% après les prélèvements sociaux en 2018, contre 0,75 % pour le livret A).  
Le fonds en euro est le produit financier préféré des épargnants. 1 765 Mds€ investis en assurance-vie sont placés sur des fonds en euro, composés en grande partie d’obligations d’Etats, le placement sûr par excellence. »
Vous pouvez aussi mettre des unités de comptes (UC) dans votre contrat pour booster le rendement. Les assureurs référencent sur leur plateforme les FCP des plus grandes banques de la place et vous pouvez, si le contrat que vous avez pris le permet, acheter ces FCP et les arbitrer selon vos anticipations ou celles de votre conseiller.
Pas de risque, peu de fiscalité, un rendement encore correct… que demander de plus !!!
Mais ça, c’est avant que vous ayez signé, la réalité est malheureusement moins rose. Prenons les arguments un à un.
L’assurance-vie pour des contrats, et des sommes versées, avant 1998 avait une fiscalité vraiment avantageuse : pas de droits de succession et pas d’impôts sur les produits après huit ans en cas de rachat, pas de prélèvements sociaux.
Mais depuis 1998, tout cela n’est plus vrai du tout : vous payez de l’impôt au-delà d’un abattement en cas de décès, de l’impôt sur les rachats après huit ans et des prélèvements sociaux.
Le montant de l’impôt varie de 7,5% à 12,8% en cas de rachat après huit ans, selon que les capitaux ont été versés avant ou après le 27 septembre 2017, auquel cas vous rajoutez la CSG-CRDS de 17,2%, soit respectivement 24,7% et 30%. Pour être défiscalisé, c’est défiscalisé !!
En 1991, lorsqu’elle a été créée, la CSG était de 1,1%. La CRDS ne fut créée qu’en 1996 à un taux de 0,5%. Aujourd’hui la somme des deux est de 17,2% !
La situation actuelle n’a donc plus rien à voir avec les contrats d’avant 1998 et malheureusement je crains que cela ne s’arrange pas dans les années à venir. La tendance depuis plusieurs années serait plutôt de basculer l’impôt sur le revenu sur une CSG-CRDS de plus en plus importante.
L’Etat français est en faillite, que ce soit dans ses fonctions régaliennes ou financièrement. Les incompétents qui nous gouvernent vont donc chercher, année après année, toujours plus de sous et il est plus facile d’en trouver là où il y en a, c’est-à-dire dans le patrimoine immobilier et dans l’épargne des ménages. Donc, dans l’assurance-vie.
L’augmentation des prélèvements sociaux est une piste, mais pas la seule. Ils peuvent aussi réduire les abattements sur les successions ou augmenter l’impôt sur les plus-values. Le fait est que plus vous attendez pour racheter vos contrats, plus vous paierez d’impôts. C’est inéluctable.
Les promesses n’engagent que ceux qui les croient. Il n’y a rien de garanti dans ce bas monde à part la mort et les impôts.
– L’argent que vous mettez dans une assurance-vie ne vous appartient plus, vous devenez le créancier de l’assureur. Votre argent n’étant pas ségrégué du bilan de l’assureur. Dans le cas où il ferait faillite, il paiera ses salariés, puis l’Etat, avant – s’il reste quelque chose – de vous rendre votre argent.
Comme dans le cas des banques qui vous garantissent jusqu’à 100 000 €, la phrase exacte est « vous garantissent jusqu’à 100 000 €… s’il en reste assez ».
– La notion de capital garanti disparaît de fait lorsque vous introduisez dans votre contrat des unités de comptes qui, elles, ne sont garanties par rien. A ce propos, vous remarquerez que les assureurs sont en train de vous pousser à mettre des unités de comptes dans vos contrats, alors que la Bourse est au plus haut…
Depuis l’avènement des taux zéro, les assureurs sont contraints de prendre de plus en plus de risques pour pouvoir servir un rendement, ce qui interroge sur leur capacité à vous rembourser votre capital en cas d’accident grave de marché. A moins que les banques centrales, prêtes à tout pour sauvegarder le système, n’interviennent massivement sur tous les marchés pour les faire remonter.
Souvenez-vous de la phrase débile de M. Draghi se ponctuant par un « no limit ». En réalité, c’est un aveu de la limite de ses capacités cognitives. Nous aurons, en cas de fort recul des marchés, un no limit généralisé, une fuite devant la monnaie qui se terminera par une crise monétaire sans précédent.
La suite dès demain…
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Olivier Delamarche est analyste financier et gestionnaire d’un Family Office en Suisse ; il est aussi le fondateur des Econoclastes. Riche de ses 10 années de carrière médiatique, c’est surtout un esprit libre qui ne supporte pas la paresse intellectuelle des pseudo-experts qui se contentent de passer les plats élaborés par la bien-pensance économique. Enfin un analyste pour vous expliquer ce qui se passe vraiment dans l’économie mondiale… et avec style !
Bonjour,
Que pensez-vous des contrats d’assurance-vie luxembourgeois ?
Merci







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