En parallèle d’un film ambitieux sorti au cinéma en ce mois de février, Sony relance sur Playstation 5, dans l’hypothèse encore très incertaine d’un nouvel épisode, une compilation de l’un des joyaux de sa couronne, les deux derniers épisodes de la série « Uncharted ». Une série d’aventure qu’on adore, mais est-ce qu’on adore cette compilation ?
La PS4 avait connu une compilation des trois premiers épisodes d’Uncharted, qui avait constitué en son temps un véritable bonheur pour ceux qui ne connaissaient pas particulièrement la série, et avaient pu, en même temps que la naissance et l’avénement des plates-formes de streaming, s’éclater à binge-jouer Nathan Drake, le voleur de trésors que l’on a le moins envie de condamner.
C’est, dans cette optique, assez logique que la nouvelle PlayStation obtienne le portage amélioré des deux opus PS4 d’une excellente série d’action, adulée par énormément de joueurs mais rabaissée par certains comme le résumé de ce qu’ils n’aiment pas dans les jeux Playstation, des « cinématiques géantes » où le joueur n’a pas totalement son mot ou plutôt son geste à placer comme dans la liberté illusoire des open-worlds. Dans les faits, ce qui pouvait parfois être reproché aux premiers épisodes d’Uncharted, des scènes très écrites, spectaculaires, non punitives, dont le joueur pouvait se sortir sans nécessairement être au taquet, n’est plus d’actualité dans les derniers opus. Mais la série exprime il est vrai un lien amoureux avec le cinéma, celui de Spielberg et d’Indiana Jones, en proposant des scènes que l’on adore à la fois jouer et observer.
Uncharted 4 et Uncharted the lost Legacy, qu’est-ce que c’est ? En résumé, le premier cité voit Nathan Drake, rangé des voitures pour l’amour de sa dulcinée, repartir à l’aventure pour sauver son frère, sorti du chapeau des scénaristes, d’un mauvais pas. Quelques facilités d’écriture dans cet épisode n’en font pas moins un divertissement de goût. Le deuxième cité met en scène deux personnages féminins ambivalents, Chloé, éphémère et explosif amour de Drake dans Uncharted 2, et Nadine, mercenaire balèze d’Uncharted 4, dans leur propre aventure à la recherche de la légendaire défense de Ganesh.
Déjà, les deux opus comptent des personnages parmi les plus attachants, les mieux écrits de l’univers du jeu vidéo. Nathan Drake, ses répliques à l’emporte-pièce, sa gentillesse de Tintin et son comportement hilarant avec les femmes, mais aussi Chloé Frazer dans le spin-off de la série avec ses tourments personnels restent des régals à « carner ». C’est aussi des scènes épiques à la pelle, dont on pourra débattre si le film tiré des jeux peut égaler le côté spectaculaire. Dans Uncharted 4, la poursuite en jeep, l’escalade quasi initiatique de l’île des pirates restent notamment en mémoire. C’est encore des panoramas à couper le souffle, avec The lost Legacy qui s’exprime particulièrement bien dans ce domaine en Inde, et des graphismes d’époque (2016-2017) qui défient même le lissage effectué sur PS5.
Car on a suffisamment parlé des qualités très largement reconnues de ces jeux, venons-en à ce qui gâche un peu la fête dans cette Legacy of Thieves Collection : de fait, les améliorations du lifting PS5 sont minimes (fluidité, utilisation sans surprise des capacités de la manette DualSense), et votre serviteur, qui s’était déjà essayé à The lost Legacy PS4 sur PS5, peut en témoigner. C’est très beau, très fluide, mais ça l’était tout de même déjà avec votre « ieux » jeu il y a un an, à la sortie de la petite dernière de Sony. L’intelligence artificielle des personnages, parfois légèrement erratique dans cet environnement graphique splendide, n’a pour sa part pas été améliorée, on continue à voir parfois son/sa partenaire dirigé(e) par l’ordinateur parader sous le nez d’un ennemi sans que celui-ci ne relève quoi que ce soit d’anormal dans sa surveillance…
Le multijoueur d’Uncharted 4, salué à sa sortie mais qui n’avait pas tant que ça trouvé son public (combien de fois ai-je voulu lancer une partie en ligne sans trouver de matchmaking !), a disparu en route dans cette compilation. Au final, il s’agit surtout de la meilleure façon, pour les retardataires, de découvrir ces merveilles de jeux d’action qui vous laissent des images durablement gravées à l’esprit. Si vous n’avez pas fait ces jeux en leur temps et que vous possédez une PS5, foncez donc. Mais c’est néanmoins suspect : vous avez vraiment une bonne raison de ne pas y avoir joué avant ?
Un jeu Sony Playstation studios sur PS5, environ 50 €. 16 ans et +.
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