le premier mois
sans engagement
La chronique de Geneviève Jurgensen porte cette semaine sur le triumvirat que forment actuellement l’ancien, l’actuel et le futur président des Etats-Unis, Barack Obama, Donald Trump et Joe Biden.
Lecture en 3 min.
L’Oncle Sam a trois neveux, Baba, Dodo et Jojo
Barack Obama, Joe Biden et Donald Trump en janvier 2017 à Wasgington.
CHIP SOMODEVILLA/AFP
L’Oncle Sam a trois neveux, Baba, Dodo et Jojo.
Baba, c’est l’aîné même si c’est le plus jeune. On le connaît depuis douze ans ! Il nous a conquis. Au point qu’on oublie que depuis quatre ans il n’habite plus la belle Maison-Blanche que son Oncle lui a prêtée. Le charme opère toujours. Lorsque Baba paraît, c’est dans un halo de lumière. Chacun attend que la parole de sagesse descende sur lui. Car Baba est parfait, en toute circonstance, légère ou grave, jamais pris en défaut. Jamais une fausse note, jamais un faux pas, et toute la question c’est de savoir si Baba est mieux que parfait, ou juste trop parfait pour être vrai.
→ EXPLICATION. États-Unis : quatre ans après, que reste-t-il de l’héritage de Barack Obama ?
Dodo, lui, c’est l’affreux. On dirait qu’il est là pour servir de faire-valoir à Baba. Lorsque Dodo paraît, le vent lui souffle dans les cheveux, un bruit sourd gronde dans le lointain, il a la mine renfrognée, on s’attend à ce qu’il dise quelque chose de méchant, ou de vulgaire, ou de mensonger, ou les trois à la fois, et on n’est jamais déçu. Depuis quatre ans qu’il a emménagé dans la maison de son Oncle Sam, il a fait tout ce qu’on craignait qu’il y fît, plus un certain nombre de choses qu’on n’avait même pas osé craindre.
→ ANALYSE. États-Unis : Donald Trump sabote la transition de Joe Biden
Et puis il y a Jojo, le plus vieux des trois, et pourtant le petit dernier. Il a un peu de mal à se faire une place. D’un côté, Baba lui fait de l’ombre, et de l’autre, Dodo le repousse, ne lui prête aucun de ses jouets, et l’oblige à toquer à la porte de la maison en disant s’il vous plaît, mais sans lui ouvrir pour autant. Jojo garde le sourire, il en a vu d’autres, et il sait que le temps joue pour lui. La première fois qu’il a espéré emménager chez l’Oncle Sam, c’était il y a plus de vingt ans. Alors, deux mois de plus ou de moins…
→ CHRONIQUE. Pour Joe Biden, garder la force de la mesure
Baba pourrait donner un coup de main à Jojo, après tout ils sont bons amis. Baba l’a d’ailleurs accompagné pendant sa campagne électorale, et sa belle et célèbre femme Mimi aussi a payé de sa personne, parfaite comme Baba sur un autre registre. Mais même quand il veut sincèrement mettre Jojo en valeur, Baba lui vole la vedette. C’est plus fort que lui. Par exemple, sans avoir l’air d’y toucher, Baba a marqué un panier de basket à trois points devant tout le monde, en quittant un gymnase, déclenchant les hourras pendant que Jojo quittait les lieux en silence.
Et maintenant que l’heure de Jojo a vraiment sonné, croyez-vous que Baba le laisse occuper le terrain ? Au contraire ! C’est le moment précis qu’il a choisi pour sortir un livre ! Un livre de Baba, c’est un événement mondial. Partout, on ne parle que de lui. En France, pour la promotion de l’ouvrage, l’équipe américaine a désigné François Busnel, dont la mine émerveillée tout au long de l’interview de l’auteur, mardi sur France 2, parlait d’elle-même. Comme le gros plan final, vertigineux, sur la signature autographe de Baba…
→ RETROUVEZ les épisodes du podcast « C’est ça l’Amérique »
L’ancien, l’actuel et le prochain président des États-Unis forment temporairement un triumvirat inattendu. Celui sur lequel tous les regards devraient se porter puisqu’il est l’homme de maintenant, Joe Biden, ne se contente pas de concentrer sur lui moins de projecteurs que son allié surdoué, Barack Obama, et que son fâcheux prédécesseur, Donald Trump. Comble d’infortune, ces projecteurs se détournent aussi pour suivre celle qu’il a choisie lui-même comme vice-présidente, la rayonnante Kamala Harris !
Faut-il s’en inquiéter ? Je ne crois pas. S’il fait pâle figure aujourd’hui, l’homme n’a plus à prouver sa solidité, sa vie et son parcours parlent pour lui. Ils parlent aussi pour son tact (lui que l’on sait pourtant gaffeur !) et ses qualités de cœur. Il n’est pas le chouchou des médias, qu’il en profite. Dans quelques semaines, on attendra de lui des paroles et des actes « capables de rendre le monde meilleur ». Oups, qu’il me pardonne ! Cette citation m’est comme par hasard inspirée par l’indétrônable roi Baba…
Vous devez être connecté afin de pouvoir poster un commentaire
Déjà inscrit sur
la Croix ?
Pas encore
abonné ?
Regards, la chronique de Geneviève Jurgensen
C’était hier, et c’est demain
Un monde parfait
Lettre ouverte à une lycéenne
Nos livres d’enfant
50 % prétérition, 50 % fan-zone
La peur du noir
La dernière cigarette
La Comédie-Française
Connus ou inconnus