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Dans un contexte morose pour l’assurance-vie, les Assurances du Crédit Mutuel ouvre le bal traditionnel des annonces des taux servis sur les fonds en euros au titre de 2020. La filiale du groupe bancaire mutualiste vient en effet d’indiquer qu’elle maintiendrait les taux de ses fonds en euros, « au niveau de 2019 », soit un rendement compris entre 1 et 1,65%, selon les contrats, « en dépit des conditions de marché défavorable ».
De fait, l’environnement des taux reste très pénalisant, avec un rendement de l’OAT à dix ans négatif (autour de -0,3%) et des émissions obligataires plus risquées qui ont du mal à dépasser 1% de rendement. Ce qui laisse aux assureurs une marge de manœuvre étroite pour assurer un taux attractif sur les fonds en euros (malgré le stock important), voire pour maintenir une collecte nette positive.
« C’est assez classique chaque année : ceux qui communiquent dès le mois de décembre sur les taux servis sont les porteurs de bonnes nouvelles. Après le 15 janvier, les nouvelles sont généralement moins bonnes », s’amuse un connaisseur du secteur.
Et, pour l’heure, les ACM sont les premiers assureurs et les seuls à avoir annoncer la couleur, sans toutefois entrer dans le détail des contrats.
Dans son communiqué, l’assureur mutualiste justifie sa décision comme une mesure de « soutien des épargnants et de leur pouvoir d’achat face à la crise du Covid-19 et à ses conséquences économiques et sociales ». Elle concerne environ 2,8 millions de clients et près de 4 millions de contrats, pour un encours d’environ 72 milliards sur les fonds en euros.
Cette annonce tranche avec les propos plutôt prudents des professionnels, qui anticipent une nouvelle baisse des taux servis en 2020. L’an dernier, le rendement moyen des fonds en euros était de 1,46 %, selon les données de l’ACPR, contre 1,83% en 2018, soit la plus forte baisse enregistrée depuis 2011.
Selon le cabinet Facts & Figures, le taux moyen servi en 2020, sur les contrats en euros « classiques », devrait être compris entre 1% et 1,10%, nets de frais. Et cette tendance devrait perdurer à moyen terme vers « un plancher compris entre 0,5 et 0,7 % », estime Cyrille Chartier-Kastler, président de Facts & Figures. Et une étude de Natixis sur l’assurance-vie, publiée en juin dernier, estime que la structure actuelle des fonds en euros conduit même à un rendement moyen attendu de 0,3 %, hors frais, sur les dix prochaines années. Ce qui pose question sur l’avenir du placement financier favori des Français.
Cette baisse tendancielle du rendement s’accompagne par ailleurs d’une forte décollecte nette sur l’assurance-vie. A la fin octobre, cette décollecte atteint 7,3 milliards d’euros (fonds en euros et unités de compte) alors que les ménages n’ont jamais tant épargné. A noter que cette décollecte repose davantage sur une plus faible collecte brute que sur des vagues de rachats de contrats. Les ménages restent fidèles au produit mais ils ne sont guère incités, par les assureurs eux-mêmes, à orienter leur épargne nouvelle vers les fonds en euros.
C’est tout le paradoxe de la situation des assureurs : d’un côté, ils sont incités par leurs réseaux de distribution à remplir leurs objectifs commerciaux, d’autant que les ménages, surtout les plus aisés, sont gorgés d’épargne ; de l’autre, ils sont contraints par leurs directions financières à freiner la collecte pour de pas augmenter leurs besoins en fonds propres pour couvrir notamment la garantie en capital en période de baisse des taux.
En clair, si les fonds en euros ne rapportent plus grand-chose aux assurés, ils coûtent de plus en plus cher aux assureurs ! Entre les impératifs commerciaux et les nécessités financières, les assureurs ont de plus en plus de mal à trouver le juste compromis.
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