Tour d’horizon des avantages et inconvénients de ces deux placements. Que ce soit sur le plan fiscal, de la transmission, des rendements ou encore de la liquidité.
Le nouveau plan d’épargne retraite (PER) soufflera ses deux bougies le 1er octobre prochain. Il s’est substitué aux traditionnels dispositifs Madelin, Article 83 et autres Perp et Perco. Et force est de constater qu’il le fait avec succès, en s’installant avec aisance dans le paysage de l’épargne retraite. Selon les derniers chiffres disponibles de la Fédération française de l’assurance (FFA), près de 670 000 assurés bénéficient d’un PER individuel assurance, pour un encours de plus de 21 milliards d’euros. Alors, PER ou assurance vie ?
Ces deux supports sont très voisins : ils sont le plus souvent commercialisés par les mêmes acteurs. Pourtant, ils sont bien spécifiques et ne sauraient être confondus. Fiscalement, les deux dispositifs sont intéressants : pour l’assurance vie passé les huit années de détention du contrat, les intérêts rachetés sont imposés au prélèvement forfaitaire unique (PFU) à hauteur 7,5 % et aux prélèvements sociaux de 17,2% sauf option globale pour l’imposition au barème. L’abattement bien connu de 4.600 euros par an et par personne s’applique. Pour un couple, c’est le double. Pour le PER, c’est une déduction fiscale des revenus imposables qui est offerte, dans la double limite de 10% des revenus et de 32.908,80 euros en 2021.
Fiscalement pour les contribuables fortement imposés, c’est le PER qui prend la main ! En effet, c’est le critère de la tranche marginale d’imposition (TMI) qu’il faut scruter. « Pour ce qui est des critères de valorisation de l’épargne, le PER est très intéressant pour les TMI supérieures à 30%. Lors de la liquidation de l’épargne, la TMI doit être inférieure à celui où on la constitue », explique Vincent Nocton, gérant privé chez Financière Arbevel. Et ce, même si, selon lui, « il faut aussi regarder la surface financière ».
« En-dessous de 30%, nous ne conseillons pas d’aller sur un PER, ajoute Gilles Belloir, directeur général de Placement-Direct.fr. L’argent bloqué sur le long terme n’est pas suffisamment rémunéré par l’avantage fiscal ». Résultat : c’est le placement préféré des Français qui est plutôt à considérer en l’absence de revenus élevés. Sauf à s’obliger à cotiser auprès d’un contrat retraite, dont la disponibilité avant la retraite sera limitée, mais pas impossible.
Quid de l’imposition des plus-values ? « La fiscalité sur les gains en cas de retrait est globalement la même concernant les investissements en unités de compte (UC), qu’il s’agisse du PER ou de l’assurance vie. Mais pour le fonds en euros, les prélèvements sociaux sont prélevés chaque année pour l’assurance vie, et lors du retrait pour le PER. Un petit avantage supplémentaire pour le PER », souligne Gilles Belloir.
La fiscalité s’appliquant à la transmission pour le PER peut sembler proche de celle de l’assurance vie, elle est en fait assez différente. L’assurance vie est intéressante pour les sommes versées avant 70 ans, avec un abattement de 152.500 euros par bénéficiaire, permettant d’échapper aux droits de succession, puis une taxation de 20% jusqu’au 852.500 euros et 31,25% ensuite. Au-delà de cet âge, les sommes ne bénéficient plus que d’une franchise de 30.500 euros sur les sommes versées, puis sont taxées classiquement aux droits de succession, mais sur une assiette réduite puisque les intérêts générés sont totalement exonérés. Pour le PER, c’est l’âge du décès qui compte. Avant 70 ans, les sommes transmises bénéficient de l’exonération de 152 500 euros par bénéficiaire. Et au-delà, l’abattement à hauteur de 30 500 euros s’applique sur ces mêmes sommes.
« Le PER apparaît de prime abord moins intéressant. Mais c’est sans compter que l’avantage fiscal consenti lors du versement n’est pas repris en cas de décès. Il faut donc y regarder de plus près avant de faire son choix », selon Gilles Belloir. Vincent Nocton estime même que dans une logique de transmission, « à taux d’effort d’épargne identique, il vaut mieux aller vers le PER ».
Exemple : dans le cadre de la succession, avec une TMI à l’entrée de 30%, sur une durée de 20 ans, une tranche de succession inférieure à 552.000 euros par bénéficiaire et sans tenir compte de l’abattement 30.500 euros du PER, à taux d’effort d’épargne identique de 1.000 euros, le PER offre un levier de transmission de 21% nette selon Financière Arbevel.
Sur le plan des choix d’investissement, nombreux, PER assurantiel et assurance vie montrent peu de différences. « Etant donné qu’ils sont commercialisés tous deux par les assureurs, les fonds en euros sont semblables – peu rémunérateurs – et les UC proposées sont variées. Il est peu pertinent de les distinguer sur ce critère », indique Vincent Nocton. Reste que pour le moment, la jeunesse du PER fait que la palette est bien plus étoffée en assurance vie.
L’assurance vie reprend clairement le dessus, avec une épargne disponible à tout moment. Y compris avant les huit années souvent considérées à tort comme bloquantes. Pour le PER, placement de très long terme par nature, il faudra attendre la retraite pour que soit reversée l’épargne accumulée. Que ce soit sous forme de rente viagère, soit en capital, ou les deux. Seuls quelques cas de déblocages anticipés permettent d’en sortir avant. Entre autres : invalidité du titulaire ou de son conjoint / partenaire de pacs, décès de l’époux ou de son partenaire de pacs, cessation d’activité ou encore acquisition de la résidence principale, etc.
Aucun de ces deux placements ne brille sur la question des frais, régulièrement pointés comme trop élevés en matière d’assurance vie mais aussi récemment concernant le PER. Un point sur lequel les acteurs en ligne se démarquent, dans ces deux cas, en limitant les surcoûts.
Si le PER marque incontestablement des points, l’assurance vie conserve des avantages indéniables. Mais c’est in fine la situation familiale, patrimoniale et les objectifs de chacun qui feront la différence pour choisir entre les deux placements.