L’assurance vie doit son succès à un support financier, le fonds en euros. Problème, son rendement ne cesse de s’étioler. Faut-il craindre le pire? Pas si vite! La sécurité paie encore quand le contrat est bon.
En 2016, le taux servi sur le fonds en euros des assurances vie a été, en moyenne, de 1,80 %.
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L’appétence des Français pour la sécurité en matière d’épargne trouve sa meilleure illustration en assurance vie. Précisément, dans son fonds en euros, un support financier proposé dans la quasi-totalité des contrats.
Sa caractéristique est de garantir le capital investi (net de frais) à chaque instant, tout en permettant de venir y piocher comme dans un livret d’épargne. Un cadre parfait, donc, pesant autour de 1 400 milliards d’euros, selon la Fédération française de l’assurance.
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Mais un cadre qui bute sur une dure réalité, l’érosion préoccupante de son rendement. L’année 2016 a enfoncé le clou avec une baisse de 50 centimes sur la plupart des contrats. Le taux servi a été, en moyenne, de 1,80 %.
Pire, cette chute va continuer. Dans une étude publiée en mai dernier, l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) indique qu’en prenant pour hypothèse le réinvestissement des obligations arrivant à échéance dans les portefeuilles des assureurs par de nouvelles obligations rapportant peu, voire rien, “la baisse du rendement de l’actif au cours des dix prochaines années serait de l’ordre de vingt points de base par an”. Nous voilà tous prévenus.
Quatre éléments expliquent cette glissade. Le premier, déterminant, repose sur les conditions de marché. Les assureurs investissent l’argent de leurs clients dans des titres obligataires qui rapportent peu depuis plusieurs années, l’ACPR le confirme.
Sachant que les fonds en euros gérés par les compagnies sont quasiment tous composés de 80 à 85 % d’obligations, la conclusion est évidente. Nuance, toutefois, le poids des emprunts d’Etat, dans lesquels les assureurs plaçaient l’essentiel de vos versements à des taux faméliques, s’est réduit au fil des années ; ils représentent aujourd’hui en moyenne un petit tiers des portefeuilles des fonds en euros.
Ce qui différencie les assureurs entre eux, c’est aussi le volume et l’ancienneté de leurs actifs en euros. Certains détiennent ainsi dans leurs portefeuilles encore beaucoup de titres anciens bien plus rémunérateurs que les investissements actuels.
On en arrive à la seconde raison de la baisse des performances des fonds en euros. Chaque année, un peu plus de 10 % de ces titres arrivent à échéance et sont donc réinvestis aux niveaux actuels. En fait, les fonds en euros sont souvent des paquebots de plusieurs dizaines de milliards d’euros. Solides dans la tempête, comme aujourd’hui, ils seront toutefois lents à profiter, demain, d’éventuels vents porteurs.
Ce n’est pas tout. Troisième explication : depuis janvier 2016, de nouvelles règles de solvabilité poussent les compagnies à encore plus de prudence dans la gestion des fonds en euros. Enfin, les autorités publiques leur ont clairement signifié de réduire drastiquement les rendements servis sous peine d’intervenir.
Dans ce contexte, le marché ferme peu à peu le robinet du fonds en euros. “C’est la fin du modèle de l’assurance vie 100 % euros”, indiquait au début de 2017 Michel Labrosse, directeur du pôle Finance Epargne du groupe Macif, une mutuelle pourtant porteuse de solutions sécurisées et simples pour l’épargnant.
Cap est donc mis sur les fonds risqués, les unités de compte dans le jargon contractuel. Comment? En plaçant d’abord des restrictions à l’investissement dans le fonds en euros. Par exemple, sur un versement, 20 à 40 % des sommes doivent être orientées sur ces supports financiers risqués. Des limites en montants sont aussi définies par certains assureurs, par exemple 200 000 euros au maximum pourront être versés sur le fonds en euros.
Autre pratique : des bonus sont octroyés au rendement du fonds pour les assurés qui s’enhardissent en parallèle sur les marchés actions. Exemple : chez MMA, le taux 2016, à 2,01 %, est porté à 2,51 % pour qui détient au moins 50 000 euros sur son contrat, dont 20 % d’unités de compte. Idem chez Axa, Allianz, Generali, Groupama, Swiss Life, etc.
On voit également de plus en plus de contrats avec plusieurs fonds en euros, le plus rentable et attractif étant accessible avec la contrainte d’investir sur des supports actions, notamment.
Dernière salve, une à une, les compagnies revoient les conditions générales des contrats pour y modifier la garantie en capital accordée par le fonds en euros. Jusqu’ici brute de frais de gestion, elle devient désormais nette de frais de gestion, c’est-à-dire qu’elle s’amenuise chaque année. Vous avez dit garantie en capital ?
Ne soyons pas dupes, l’assureur profite de ces changements de règle. Le fonds en euros lui coûte très cher en fonds propres immobilisés. Les unités de compte, que vous trouvez dans la plupart des contrats du marché, leur permettent de facturer plus de frais et sont, de l’avis de tous, une meilleure réponse pour les épargnants.
Sans doute pour partie, d’autant que les solutions de diversification (fonds patrimoniaux, gestion pilotée, société civile de placement immobilier, etc.) sont multiples en assurance vie. Du reste, quelques compagnies ont déjà pris le virage d’une collecte équilibrée entre fonds en euros et fonds risqués, telles Swiss Life ou Le Conservateur.
Pour autant, le roi n’est pas nu, loin s’en faut. Il pourrait même se rhabiller plus vite qu’on ne le croit. Trois facteurs militent en ce sens. Le premier, les conditions de marché sont plutôt en voie d’amélioration, avec une légère remontée des taux obligataires. Si elle se poursuit, les fonds en euros finiront par en profiter.
Seconde raison de rester optimiste, les assureurs en ont sous le pied. Depuis 2012, ils gonflent leur provision pour participation aux bénéfices (PPB), une réserve de rendement censée être reversée dans le futur aux assurés. L’année 2017 n’a pas manqué à la règle avec une dotation jusqu’à 0,70 % selon les enseignes. Globalement, cette réserve représente, d’après l’ACPR, 2,8 % des encours.
Mais certaines sont bien au-dessus : 4 % chez Cardif BNP Paribas, 5,20 % à la GMF, 4,20 % aux MMA, 5 % au Conservateur… Beaucoup disposent aussi de plus-values latentes (des espérances de gains) significatives. De quoi soutenir, du moins sur le papier, les rendements dans un futur proche.
Enfin, la dernière raison tient à l’incroyable diversité de ce marché. L’assurance vie est un placement protéiforme. Le rendement moyen de 1,80 % cache en réalité des écarts de 0,80 (voire moins) à 3,60 %. Ainsi, certains contrats disposent de fonds en euros encore très alléchants avec, en outre, des frais pris sur les versements modérés. En toute lucidité, le fonds en euros reste rentable pour l’heure, souvent plus intéressant que le livret A. Seule une inflation vraiment à la hausse (supérieure à 1,5 % par an) pourrait signer sa déchéance, avec un rendement réel qui serait alors négatif. Ce n’est pas le cas aujourd’hui.
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