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Sans grande surprise, le ratio entre dépenses publiques et PIB augmentera encore en 2013. Il devrait atteindre 57,1%, selon les dernières estimations de Bercy, publiées par les Echos. Sans surprise, car même en freinant la dépense, il est difficile de la faire baisser en pourcentage du PIB, quand ce dernier reste étale, ou presque, comme ce sera le cas cette année.
Ce chiffre de 57,1% du PIB, un record, amène à une conclusion rapide : la France serait donc le pays de la gabegie budgétaire, quand les autres pays européens pourraient se voir décerner des prix de bonne gestion.
A voir les données diffusées par l’organisme européen Eurostat, cette affirmation ne correspond pas à la réalité. Partout, la crise de 2008-2009 a amené une hausse des dépenses publiques, ne serait-ce que pour indemniser les nombreux chômeurs supplémentaires. Qu’en est-il cinq ans après ? Les dernières statistiques disponibles sont celles pour 2012. Elles montrent qu’à l’exception de trois pays (Irlande, Hongrie, Islande), tous les membres de l’UE ont accru leurs dépenses (mesurée en milliards d’euros dépensés chaque année) entre 2007 et 2012.
La plus forte hausse est constatée en Norvège (+45,3%, en euros courants). En Grèce, c’est au contraire la stabilité qui prévaut, sur cette période, marquée par de nombreux plans de rigueur imposés à Athènes.
Et la France ? Elle se situe au 19ème rang européen, s’agissant de la hausse de la dépense entre 2007 et 2012. Bien après la Norvège, la Finlande, mais aussi la Belgique, la Suède, la Pologne… En France, sur cette période, la dépense publique a augmenté de 16%. La moyenne de la zone euro est de +14%.
Cette moyenne européenne est inférieure à la progression française en raison de l’Allemagne (+12,6%) et de l’Italie (+7,1%), qui ont plus contraint leur dépense que ne l’a fait la France. L’écart avec l’Allemagne se creuse donc. Il est mesuré d’ordinaire par la comparaison des dépenses en proportion du PIB. La richesse nationale ayant progressé beaucoup plus vite en Allemagne qu’en France sur ces cinq ans, l’écart s’est encore plus accentué.
En 2012, la dépense publique représentait en Allemagne 44,6% du PIB, en France 56,6%. Soit exactement 12 points de PIB d’écart. D’où viennent-ils ? Comment expliquer qu’un tel gap soit apparu entre les deux pays ?
Pour des raisons historiques évidentes, l’Allemagne dépense moins pour sa Défense, comme le montre Eurostat. Cet écart n’est pas fondamental, au regard du différentiel total, il est tout de même significatif (0,7 point de PIB). Le chômage étant moins important, les indemnisations le sont aussi Outre-Rhin (0,5 point). Plus importants sont les écarts concernant l’enseignement et les dépenses de santé. Dans le premier cas, l’absence d’école maternelle en Allemagne, ainsi que la place prise par le système d’apprentissage, expliquent largement la différence de 1,8 point de PIB. Concernant la santé, le système allemand a été profondément réformé : il en résulte des remboursements des soins de ville plus restreints. Les prix des médicaments sont en outre largement inférieurs (1,2 point de PIB de différence au total). Les Allemands consacrent moins d’argent, par ailleurs, à la politique familiale (0,9 point d’écart) et surtout, ils dépensent beaucoup moins pour les retraites.
C’est le poste qui a contribué le plus au creusement de l’écart entre les deux pays. Au début des années 2000, les deux pays consacraient chacun l’équivalent de 10% du PIB au paiement des pensions. Aujourd’hui, elles représentent en France 13,4% du PIB, contre seulement 9,5% en Allemagne. Un écart de quatre points, qui explique largement la différence toujours plus grande entre les deux pays.
Les Allemands ont su réduire leurs dépenses de retraite en réformant le système. De sorte que la plupart des salariés doivent faire appel à une retraite complémentaire privée, faute de quoi leur pension sera proche des minima sociaux…
Croissance de la dépense publique entre 2007 et 2012, en pourcentage
(Source Eurostat – Illustration LaTribune.fr)
En général, quand les responsables politiques évoquent la dépense publique, ils citent des chiffres en proportion du PIB. Si l’on retient ce critère, la hiérarchie n’est plus la même, comme le montrent les données d’Eurostat tout simplement en raison de différents rythmes de croissance. Depuis 2007, la dépense publique a augmenté partout, en pourcentage du PIB, mais la Norvège, championne de la hausse -cf graphique-, n’affiche qu’une hausse de 3,1 points, à 43,4% de la richesse nationale, simplement en raison d’une forte croissance liée à ses ressources pétrolières. La Finlande est en revanche passée de 47,4% à 56,6% de la richesse nationale sur cette même période, tandis que la Suède limitait la progressoin à 0,9 point, là aussi grâce à un PIB en forte croissance. Pour l’ensemble de l’Europe, la hausse atteint 3,8 points entre 2007 et 2012. S’agissant de la France, la progression est tout juste au dessu (+4 points).
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