Des taux d’intérêt bas et une inflation en hausse forment un duo peu favorable pour placer son épargne de précaution. Quelle stratégie faut-il adopter ?
Le taux de rendement net du Livret A va passer de 0,50 % à 1 %, au 1er février 2022.
afp.com/DENIS CHARLET
L’information était attendue : ce 15 janvier, le ministre de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire a annoncé une hausse du taux du livret A de 0,50 à 1 %, effective dès le 1er février 2022. Cela concerne aussi le taux du livret de développement durable et solidaire (LDDS) ; le livret d’épargne populaire (LEP) bénéficie, lui, d’un taux bonifié, à 2,20 %.
La nouvelle est avant tout symbolique. L’encours moyen par livret A se montant à 5 500 euros, selon le dernier rapport sur l’épargne réglementée de la Banque de France, cette hausse se traduira par un gain moyen d’intérêts de… 27,50 euros par détenteur sur une année.
En outre, elle ne permet pas de faire face à l’inflation, laquelle s’est élevée en France, selon l’Insee, à 1,60 % en 2021. La Banque de France anticipe pour 2022 une nouvelle progression des prix de 2,50 %. Dans ce contexte, l’argent accumulé sur le livret A perd du pouvoir d’achat, c’est-à-dire que l’épargne progresse moins vite que les prix à la consommation.
Côté assurance-vie et fonds garanti en euros, le constat n’est guère meilleur. Si la saison des rendements 2021 ne fait que commencer, les perspectives ne sont guère fameuses, sauf cas isolé. Le site spécialisé Good Value for Money anticipe un rendement moyen pour le marché autour de 1,10 % avant prélèvements sociaux.
Cette situation ne doit pas pour autant conduire à délaisser les supports garantis. “Le livret A reste un excellent réceptacle pour son épargne de précaution, garantissant une liquidité et une sécurité absolue, souligne Marc Tempelman, cofondateur de la fintech Cashbee. En revanche, ce n’est pas un support adapté pour épargner à plus long terme.”
D’autant que les livrets fiscalisés – autrefois appelés super-livrets du fait de leurs taux promotionnels – ne forment plus une alternative rentable. Chez Cashbee, le livret Cashbee + permet tout juste d’atteindre un taux de 0,75 % la première année une fois l’impôt et les prélèvements sociaux retranchés grâce à la promotion en cours (2 % pendant 4 mois puis 0,60 %). Le livret Distingo, de PSA Banque, fait un peu moins bien car il rémunère 3 % pendant deux mois puis 0,50 %. Le livret Zesto (RCI Bank and Services) est lui cantonné à un taux de 0,50 % brut.
Seuls les détenteurs d’un vieux plan d’épargne-logement (PEL) bien rémunéré peuvent espérer obtenir mieux. Ainsi, les PEL ouverts entre août 2003 et janvier 2015 garantissent un taux de 2,50 % brut. Après douze ans, il faudra cependant régler la flat tax (30 %). Attention, toutefois, car les versements complémentaires – dans la limite de 61 200 euros – ne sont plus possibles après dix ans.
Au-delà de ces ajustements, il faut se résigner à prendre une dose de risque pour améliorer la rémunération de son épargne. Les professionnels mettent d’ailleurs en garde contre le fait d’accumuler trop de liquidités. “Garder trois à six mois de salaire, selon que vous êtes un jeune sans attache ou charge de famille, est suffisant”, évalue Marc Tempelman. “Cela dépend aussi du montant à partir duquel vous pouvez commencer à prendre du risque tout en dormant tranquille”, ajoute Thomas Perret, fondateur de Mon Petit Placement.
Certains acteurs tentent d’attirer cette épargne dormante, en proposant des solutions peu risquées et faciles d’accès dans le cadre de l’assurance-vie. Chez Mon Petit Placement comme chez Cashbee, cela passe par des portefeuilles thématiques. “Une grosse partie de nos clients ont de l’épargne qui dort, indique Thomas Perret. Ils ne passent pas à l’acte par manque de temps, par peur de perdre de l’argent ou car ils n’ont pas confiance dans leur conseiller. Nous leur proposons des offres simples, lisibles et packagées.”
La fintech Nalo a aussi créé au sein de son assurance-vie un projet “épargne de précaution”, très peu risquée mais qui vise à faire mieux que le livret A. “L’argent est investi à 70 % sur du fonds en euros et à 30 % sur des produits indiciels peu risqués”, détaille Albert d’Anthoüard, son directeur de la clientèle privée. Le rendement cible est de 2,5 % avant impôt, soit un gain de 1,75 % net en cas de retrait avant huit ans. “Au sein de notre contrat, l’épargne peut être récupérée sous 72 heures en quelques clics”, argumente Albert d’Anthoüard. Une façon de faire ses premiers pas sur les marchés.
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