Top départ pour les fonds euros-croissance ! Il est désormais possible d’investir dans ces supports d’investissement d’un nouveau genre, proposés dans le cadre des contrats d’assurance vie. Du moins, pour le moment, dans le cadre de certains produits* assurés par Predica (la filiale du Crédit agricole), le premier à se lancer sur ce marché. Ces placements, qui promettent d’être un peu plus rémunérateurs que les fonds en euros, à condition d’accepter que les sommes placées ne soient garanties qu’au bout de 8 ans ou plus, possèdent des atouts mais aussi des défauts qui pourraient refroidir certains clients.
Une offre disponible dans le cadre de contrats d’assurance vie multisupports classiques
Il ne s’agit pas de “contrats euros-croissance” mais de “fonds euros-croissance”, qui sont donc proposés dans le cadre de contrats d’assurance vie déjà existants. Concrètement, les clients auront donc désormais le choix entre placer leurs fonds dans un fonds en euros (garantie du capital à tout moment), dans un fonds euros-croissance ou dans des unités de compte (non garanties).
Une garantie en capital qui n’est pas obtenue avant au moins 8 ans
C’est l’un des points qui pourrait faire réfléchir à deux fois certains clients. En effet, la garantie en capital ne peut être obtenue qu’à partir d’un certain nombre d’années de détention, alors qu’elle est assurée à tout moment pour les fonds euros classiques. Si le principe de départ, imaginé par le gouvernement, consistait à offrir une garantie de 100% du capital au bout de 8 ans, Predica va plus loin en proposant une formule entièrement paramétrable : la garantie en capital peut être modulée de 80 à 100%, et la durée au bout de laquelle elle est obtenue de 8 à 40 ans. Pour ceux qui souhaitent retirer leurs fonds avant cette échéance, les retraits sont évidemment possibles à tout moment… mais à leur valeur de marché, qui peut donc être inférieure au capital investi au départ.
Des rendements potentiellement plus élevés que pour des fonds en euros… mais encore incertains
C’est l’argument choc des assureurs pour tenter de convaincre les clients de transférer une partie de leurs placements sur des fonds euros-croissance : les rendements de ces supports seront potentiellement plus élevés que ceux des fonds en euros, qui s’étiolent d’année en année (2,8% en 2013). “Plus la durée avant d’obtenir la garantie en capital est longue, plus l’assureur pourra investir une partie importante des fonds sur les marchés financiers, et donc dégager potentiellement davantage de rendement pour le client”, explique Jean-François Dupouy, directeur des clientèles patrimoniales de Predica. Difficile toutefois d’anticiper précisément les performances de ces fonds, qui dépendront fortement de l’évolution des Bourses. “Pour séduire les clients, il faudrait que ces fonds dégagent entre 0,7 et 1 point de pourcentage de plus que les fonds euros classiques. Mais en l’état actuel du marché, il ne sera pas facile voire impossible de tenir cet objectif”, prévient l’économiste Philippe Crevel. En cas de krach boursier, les performances de ces fonds risquent même d’être inférieures à celles des fonds en euros…
Une antériorité fiscale pour ceux qui transfèrent leurs fonds d’un autre contrat… chez le même assureur
Un autre atout de ce nouveau support est la possibilité d’y transférer les fonds d’un autre contrat d’assurance vie, sans perdre l’antériorité fiscale. Pour rappel, la taxation des gains est en effet de plus en plus douce au fil des années de détention : 35% entre 0 et 4 ans, 15% entre 4 et 8 ans et 7,5% après 8 ans avec un abattement de 4.600 euros pour une personne seule (9.200 euros pour un couple), ce à quoi il faut à chaque fois ajouter les prélèvements sociaux de 15,5%. Attention tout de même, cette antériorité fiscale n’est obtenue que si vous placez dans le fonds euros-croissance au moins 10% des encours investis auparavant dans le support euros de votre précédent contrat. Autre bémol : ce transfert n’est possible qu’entre deux contrats du même assureur. L’antériorité fiscale est donc perdue si vous passez chez la concurrence.
Une offre réservée pour le moment aux clients haut de gamme
Ces fonds euros-croissance de Predica sont pour le moment réservés à des contrats haut de gamme*. Un moyen pour l’assureur de tester l’appétit des clients pour ce nouveau produit, avant de l’étendre aux contrats de gamme intermédiaire. Le ticket d’entrée est donc logiquement très élevé : comptez, par exemple, 40.000 euros de versement minimum à la souscription pour Floriane. Idem pour les frais d’entrée (4% pour Floriane), qu’il est donc impératif de négocier. Pour ceux qui n’ont pas autant d’argent à placer, il faudra attendre un éventuel élargissement de cette offre, ou que d’autres assureurs dégainent leur propre fonds euros-croissance…
*Floriane et Espace Liberté 2 pour le réseau des Caisses régionales du Crédit Agricole ; Lionvie Rouge Corinthe, Lionvie Rouge Corinthe Série 2, Rouge Corinthe Série 3 et Acuity pour le réseau LCL.
Thomas Le Bars
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