Yaël Braun-Pivet : origine, Benalla, compagnon... Biographie de la présidente de l'Assemblée YAEL BRAUN-PIVET. Elue présidente de l’Assemblée nationale le 28 juin 2022, Yaël Braun-Pivet est devenue la première femme à s’installer au perchoir. Linternaute revient sur son parcours.
[Mise à jour le 30 juin à 14h57] La journée du 28 juin 2022 restera dans les mémoires : pour la première fois, une femme a accédé au poste de présidente de l'Assemblée nationale. Après une victoire à la majorité absolue de 242 votes, la députée LREM Yaël Braun-Pivet s'est installée au perchoir.  Elue dans les Yvelines à l'issue des législatives, elle aura eu raison du plafond de verre : cette nomination représente un pas de plus vers la féminisation des postes de pouvoir. De fait, avec Elisabeth Borne nommée Première ministre le 16 mai 2022 et Aurore Bergé élue présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée nationale le 22 juin 2022, un trio de femmes détient désormais des rôles-clés au sein des institutions. Cette élection, saluée par un grand nombre de personnalités publiques, marque donc un tournant dans l'histoire politique française.
Pour Yaël Braun-Pivet, la tâche n'est pas de tout repos : elle siège à la première place d'une Assemblée morcelée, à l'image de la sphère politique française actuelle. Depuis l'émergence de trois blocs distincts que sont le camp présidentiel autour de LREM, la Nupes, intergroupe des partis de gauche, et le RN, la gouvernance du pays est complexifiée, comme l'a prouvé le début du second mandat d'Emmanuel Macron, contraint de diriger le pays avec une majorité fragile (car loin de la majorité absolue fixée à 249 sièges). Un défi de taille dont semble avoir conscience la présidente de la chambre basse qui déclarait, le 29 juin 2022 sur RTL, vouloir "faire en sorte que cette Assemblée fonctionne de façon apaisée et que chacun y trouve sa place". Répétant lors de ses interventions publiques que ce nouvel hémicycle est "à l'image de la France", elle a invité les députés à "débattre" plutôt qu'à "se battre". Fédérer une Assemblée diversifiée est donc la mission qui incombe à Yaël Braun-Pivet. Mais au fait, qui est-elle ?
En succédant à Richard Ferrand à la présidence de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet est devenue a première femme à occuper la quatrième fonction de l'Etat, derrière le président de la République, la Première ministre et le président du Sénat. "Il était temps" qu'une femme s'impose à la présidence du Palais Bourbon, avait déclaré Jean-Louis Debré qui a lui-même officié au perchoir de 2002 à 2007. Avec ce trio de tête (Elisabeth Borne en tant que Première ministre et Aurore Bergé en tant que Présidente du groupe Renaissance à l'Assemblée), l'objectif de la parité politicienne se rapproche. Toutefois, en 2022, le nombre de femmes députées a reculé par rapport à l'ancienne législature avec seulement 37,3% d'élues, soit 215 femmes à siéger au Palais Bourbon contre 362 hommes.
Si l'élection de Yaël Braun-Pivet à la présidence de l'Assemblée nationale a été élevée en symbole pour les femmes en politique, la députée elle-même ne serait pas une fervente féministe, selon la députée LFI de Seine-Saint-Denis, Clémentine Autain. Interrogée sur LCP au mois de juin, l'élue de la Nupes saluait comme une "bonne nouvelle" l'accession d'une femme au perchoir, mais critiquait la députée LREM en rappelant son rejet de la demande d'inscrire le droit à l'avortement dans la Constitution émise par la gauche radicale en 2018.
En qualité de quatrième personnalité de l'Etat, Yaël Braun-Pivet a de nombreuses responsabilités. Surplombant les députés dans l'hémicycle, elle est l'arbitre des débats. Et quels débats ! Avec une majorité présidentielle relative et une opposition résolue à imposer sa vision de la politique, le rôle de médiateur du président de l'Assemblée est d'autant plus central. Au-delà de la mission de fédérer les groupes parlementaires pour faire avancer le débat, Yaël Braun-Pivet dispose de divers pouvoirs et rôles institutionnels spécifiés dans la Constitution. Sa prérogative principale est celle de la nomination pour trois an d'un membre du Conseil constitutionnel (sachant que le président de la République et le président du Sénat en nomment également un). Elle est également en mesure de choisir des membres de plusieurs instituions et autorités administratives françaises, de la Banque de France à l'Autorité des marchés financiers, en passant par l'Arcom.
Siéger au perchoir donne également le pouvoir de saisir seul le Conseil constitutionnel, quand l'opposition elle doit rassembler l'accord de 60 parlementaires en tout. Ce n'est pas tout pour les saisines : elle peut demander aux Sages de trancher en cas de désaccord avec le gouvernement dans le cas où ce dernier souhaiterait prendre des décisions dans des matières qui relèvent de la loi lorsqu'il est autorisé à légiférer par ordonnances. Elle peut également saisir la Cour de discipline budgétaire et financière, le Comité national d'éthique ou le Conseil économique et social environnemental. Enfin, de la même manière que son homologue du Sénat et le Premier ministre, elle doit être consultée par le président de la République avant une dissolution de l'Assemblée nationale ou s'il décide d'invoquer l'article 16 pour débloquer des pouvoirs spéciaux en cas de situation exceptionnelle. Si ces consultations sont obligatoires, la décision finale revient au président de la République dans tous les cas, sans droit de veto des personnes consultées.
En 2017, c'est en tant que députée issue de la société civile que Yaël Braun-Pivet s'est installée à l'Assemblée nationale dans le groupe de la majorité présidentielle après sa victoire sans conteste dans la 5ème circonscription des Yvelines. Un premier mandat concluant pour l'avocate de formation qui a été propulsée à la tête de la commission des Lois dix jours après son entrée dans l'hémicycle. Cinq ans plus tard, elle s'est imposée de nouveau dans la circonscription francilienne, toujours sous l'étiquette LREM face à la coalition de la gauche, la Nupes.
Forte d'une première expérience de députée et connaisseuse des arcanes parlementaires, elle visait, pour ce second mandat, la présidence de l'Assemblée nationale. Barbara Pompili, Joël Giraud et Sophie Errante, qui briguaient également le poste, se sont avoués vaincus au 1er tour des élections internes et Yaël Braun-Pivet a devancé Roland Lescure, le candidat qui avait les faveurs de l'Elysée, lors du deuxième scrutin. Elle a finalement battu Fatiha Keloua Hachi de la Nupes, Sébastien Chenu du RN, Annie Genevard de LR et Nathalie Bassire de "Libertés, Indépendance, Outre-mer et Territoires" mardi 28 juin 2022 pour s'installer au perchoir.
36 jours et puis s'en va. Yaël Braun-Pivet n'aura fait qu'un très court passage au ministère des Outre-mer. Nommée le 20 mai 2022 par Emmanuel Macron, l'actuelle présidente de l'Assemblée nationale avait remis sa démission le 25 juin au président de la République après avoir été désignée candidate d'Ensemble (coalition parlementaire regroupant LREM, MoDem, Agir et Horizons) pour s'installer à la tête du palais Bourbon. De quoi s'attirer les foudres ultramarines.
Le député de Guadeloupe, membres de la Nupes, Elie Califer, s'est agacé de la faible considération accordée aux Outre-mer. "Une fois de plus, ce gouvernement fait peu de cas de nos outre-mer. Sans oser parler de mépris, je dirais simplement qu'au-delà de belles paroles entendues il y a peu, de la nouvelle considération gouvernementale affichée après le cri de colère exprimé dans les urnes par nos populations, ce gouvernement conserve bel et bien la même attitude brutale, distante, voire indifférente à l'égard de nos territoires", a attaqué le guadeloupéen dans un communiqué. Force est de constater qu'en un mois, Yaël Braun-Pivet est passée d'un discours plein d'entrain pour les Outre-mer, ayant même détaillé sa feuille de route et des déplacements sur place dans une interview pour Linternaute, à une démission sans préavis pour des ambitions nationales
Ayant "toujours voté PS" et tenu le rôle de trésorière dans la section tokyoïte du PS dans les années 2000, Yaël Braun-Pivet a fait ses vraies premiers pas en politique en 2016 lorsqu'elle a rejoint la République en marche. Il n'a pas fallu attendre longtemps ensuite pour que l'avocate plonge la tête la première dans la vie politique en se présentant aux élections législatives de la 5ème circonscription des Yvelines en 2017. Portée par la nouvelle vague LREM, à 46 ans Yaël Braun-Pivet s'est imposée et a battu le député Jacques Myard fort de ses 24 années passées dans l'hémicycle. Sans expérience politique mais maitrisant les textes et les subtilités des lois, elle a réussi dès son premier mandat de députée à décrocher des fonctions importantes au sein de l'Assemblée nationale comme la présidence d'une des huit commissions permanentes, celle des Lois.
Mais la députée s'est révélée être une personnalité ambitieuse et a prétendu à la présidence de l'Assemblée dès 2018 lorsqu'il était question de remplacer François de Rugy alors nommé ministre de la Transition écologique dans le gouvernement Philippe 2. Mais à l'époque, Yaël Braun-Pivet devait encore faire ses armes et s'est effacée au lendemain de l'annonce de sa candidature au profit de Richard Ferrand. En 2022, la députée a porté son projet jusqu'au bout, a remporté les élections internes de la majorité présidentielle pour la présidence de l'Assemblée et s'est installée à la tête de l'hémicycle.
Députée issue de la société civile, à ses débuts en politique Yaël Braun-Pivet a eu quelques difficultés à prendre le pli de la vie parlementaire, et surtout à se faire apprécier de ses pairs. Très vite installée à un poste clef de l'Assemblée sans avoir les faveurs particulières de l'Elysée, elle a essuyé les critiques de nombreux politiques, comme Edouard Philippe. L'ancien Premier ministre "disait des horreurs à son sujet, comme beaucoup des vieux briscards qui avaient l'étiquette LREM mais qui faisaient de la politique depuis des années", a raconté une députée de la macronie à BFMTV. Mais elle non plus n'a pas été tendre ou diplomate avec les parlementaires y compris ceux de la majorité qu'elle décrivait en 2017 comme "un groupe qui dort, qui ne sait pas monter au créneau, qui est vautré". Un manque d'expérience criant qui a été gommé grâce à une formation accélérée dispensée par les administrateurs de la commission, selon un autre député auprès de la chaîne d'information en continu.
La lecture du bilan de Yaël Braun-Pivet comme députée et notamment comme présidente de la commission des Lois diffère entre la majorité présidentielle et l'opposition. "Elle a tenu la barre sur des sujets très compliqués et pas forcément dans notre ADN, comme sur la loi asile-immigration", loue un élu LREM quand dans le camp des insoumis, le député Ugo Bernalicis juge sur BFMTV que la marcheuse "a su faire preuve d'une grande servilité vis-à-vis du pouvoir et n'a jamais été dans l'ouverture". Il cite en exemple l'examen sur le pass vaccinal pour lequel l'opposition "[n'avait] le droit à une minute pour défendre [ses] amendements. On siégeait jusqu'à 5 heures du matin… C'était une drôle de conception de notre travail". Ce 28 juin, une autre insoumise, Clémentine Autain, a avancé le même argument sur LCP et a pris l'exemple de la proposition de LFI d'inscrire le droit à l'avortement dans la Constitution, une demande que la présidente de la commission des Lois avait rejeté en 2018.
Députée de la 5e circonscription des Yvelines et présidente de la commission des Lois, Yaël Braun-Pivet s'est vu confier en 2018 la présidence de la commission d'enquête de l'affaire Benalla, après les événements de la Contrescarpe. Alexandre Benalla, ex-chargé de mission de l'Élysée, avait été renvoyé en juillet 2018. Il avait été été identifié sur des vidéos en train d'interpeller violemment des manifestants à Paris, à l'occasion des manifestations du 1er mai. À l'époque, l'ancienne militante socialiste est une novice en politique et sa nomination interroge. Il n'a pas été simple de mener des débats qui ont été rudes à l'intérieur de la commission et des tensions sont apparues avec le co-rapporteur de la mission Guillaume Larrivé (LR). Yaël Braun-Pivet a finalement clos la commission le 1er août 2018.
Le 1er janvier 2019, Yaël Braun-Pivet a rejeté la mise en place d'une nouvelle commission dans cette affaire Benalla : "Les dernières révélations relatives aux agissements de M. Benalla ne relevant pas du périmètre précis fixé en juillet", avait-t-elle expliqué dans un communiqué. Cette réponse est intervenue après la demande des députés socialistes, le 31 décembre 2018.
Yaël Braun-Pivet est mariée à son amour de jeunesse, Vianney. Ce dernier est cadre chez L'Oréal. Durant la première partie de sa vie, elle l'a suivi lors de ses déplacements à l'étranger. Désormais, c'est son conjoint qui s'adapte à la vie de la députée, comme elle le précisait à Marie-Claire en septembre 2018 : "Quand j'ai rencontré Vianney, on était au lycée, en première. On s'est toujours accompagnés, soutenus. Quand, pour sa carrière, il a été envoyé à Taïwan, puis au Japon et au Portugal, je l'ai suivi avec les enfants. À notre retour, lui aussi a respecté mes choix. Il est venu à ma première réunion publique quand je me suis lancée en politique."
A 51 ans, Yaël Braun-Pivet est devenue une figure de la politique, et ce, seulement six ans après son engagement auprès de La République en marche et cinq ans après son élection en tant que députée dans la 5ème circonscription des Yvelines. L'avocate pénaliste diplômée de la faculté de droit de Nanterre ne s'est tournée que tardivement vers la politique et a longtemps côtoyé les salles d'audience d'abord en exerçant au barreau de Paris puis à celui des Hauts-de-Seine. Elle troque ensuite le public pour le privé et intègre le cabinet d'avocats d'Hervé Temime avant d'ouvrir le sien avec deux associés à qui elle laisse les clefs de l'affaire au début des années 2000 pour suivre son mari et vivre la vie d'expatriée à Taïwan, à Tokyo et au Portugal. De retour en France en 2012, Yaël Braun-Pivet se lance dans l'aventure des chambres d'hôte mais écourte l'expérience pour s'investir dans la vie associative. Elle associe son métier d'avocate au bénévolat en occupant des postes à responsabilité dans l'association des Restos du cœur. Elle a notamment participé au lancement du réseau "accès à la justice" qui propose des consultations gratuites avec des avocats aux bénéficiaires des Restos.
Yaël Braun-Pivet a grandi à Nancy, ville où ses grands-parents se sont installés à l'heure arrivée en France dans les années 1930 pour fuir l'antisémitisme nazi. Elle se décrit elle-même comme issue de "l'immigration slave, juive polonaise et juive allemande". Discrète sur ses origines, la députée ne les cache pas pour autant, même si elles lui ont valu d'être la cible de remarques et d'insultes antisémites de la part d'anonymes sur les réseaux sociaux. Un harcèlement qui a pris de l'ampleur lors de l'affaire Benalla en 2018. Alors membre de la commission d'enquête sur l'ancien collaborateur d'Emmanuel Macron, Yaël Braun-Pivet est accusée de "protéger" l'Elysée et ciblée par des menaces antisémites et des injures sexistes. A chaque fois, la députée marcheuse a reçu le soutien de la classe politique face aux insultes.

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