Tandis que certains contrats d’assurance vie offrent encore une sécurité totale, d'autres privilégient la diversification ou des formules innovantes, alliant performances et prise de risque calculée. Décryptage des solutions disponibles.
Par Fabien Bordu Mis à jour le
Gagner beaucoup d’argent sans prendre le moindre risque sur les marchés serait évidemment l’idéal pour les épargnants que nous sommes. On peut toujours rêver ! Des solutions existent toutefois qui permettent de concilier, du moins en partie, les deux objectifs. La plus simple et la plus sûre est de dénicher les contrats dont le fonds en euros affiche des performances nettement supérieures à la moyenne. Nous en avons répertorié quinze, qui ont tous rapporté plus de 2% d’intérêts en 2023, avec des pointes à plus de 3,30% pour les meilleurs, des performances qu’ils réalisent depuis au moins huit ans (gage de fiabilité de ces gérants).
Notez également qu’à quelques exceptions près ils autorisent encore les souscripteurs à verser la totalité de leur mise sur leur fonds en euros (ce n’est pas le cas de tous les contrats). Mais les rendements servis par ces supports ayant été franchement orientés à la baisse entre les années 2010 et 2020, les compagnies d’assurances ont lancé depuis quelques années des formules censées instiller une dose de risque dans les placements en euros, tout en gardant, sous certaines conditions, la garantie du capital investi.
Ce sont les fonds «alternatifs» et les fonds «eurocroissance» (ces derniers ayant fait l’objet en 2020 d’un dépoussiérage technique afin de les rendre plus simples à appréhender pour le grand public). Deux innovations non dénuées d’inconvénients, mais qui méritent d’être examinées de près par les épargnants demeurant exigeants sur le plan des performances.
Des taux de rendement au sommet depuis huit ans (2,80% de moyenne en 2023), des frais doux ou négociables : ces 15 contrats, vendus par des mutuelles d’assurances ou par l’intermédiaire d’associations d’épargnants (Asac-Fapes, Gaipare, Afer et Agipi), représentent ce qu’il y a de mieux en matière de fonds en euros, sachant que la plupart sont accessibles sans aucune restriction.
(1) Rendement du fonds en euros sans risque, net de frais de gestion. (2) La France mutualiste. (3) 300 euros à la souscription. (4) Rendement cumulé sur sept ans, le contrat ayant été créé en 2017. (5) Au moins 25% de chaque versement doivent être investis sur des fonds à risque. (6) Monosupport désormais remplacé par le contrat multisupport Complice Vie. (7) 1 000 euros à la souscription. (8) 5 000 euros à la souscription. (9) Remplaçant du contrat Selectissimo depuis 2021. (10) Au moins 30% de chaque versement doivent être investis sur des fonds à risque. (11) 30 000 euros à la souscription (ou 5 000 euros avec des versements programmés d’au moins 100 euros par mois). (12) 500 euros à la souscription.
Allianz, Apicil, Spirica, Suravenir… On ne compte plus les assureurs qui limitent désormais l’accès à leur fonds en euros. Impossible, justifient-ils, de garantir le capital placé quand les taux d’intérêt sont négatifs, ce qui a souvent été le cas ces dernières années. Selon les contrats, tout versement doit ainsi comporter entre 25 et 50% de supports à risque.
Toutefois, cela ne vaut parfois que pour les nouvelles souscriptions, comme chez Allianz, ou pour des dépôts très élevés (plus de 30 000 euros chez Abeille). Ajoutons que, parmi les fonds à risque, figurent les supports immobiliers, type SCPI, au rendement généreux (4 à 5%) et dont les prix sont peu volatils. Dernière précision à l’attention des plus frileux : une quinzaine d’assureurs de qualité, tels que MIF, Maif ou GMF, autorisent encore un accès sans limite à leur fonds en euros.
Sécurité ou rentabilité ? Difficile de concilier les deux exigences en assurance vie. Si les amateurs de plus-values doivent impérativement parier sur les unités de compte, c’est au risque de voir leur argent fondre comme neige au soleil en cas de dégringolade de la Bourse. Il n’y a aucune garantie à espérer de ce côté-là. De fait, les investisseurs prudents ont un seul moyen d’être certains de récupérer à 100% leur épargne : miser exclusivement sur le fonds en euros, même si, sauf exceptions, ce support ne rapporte pas grand-chose.
Attention : de plus en plus d’assureurs, comme Allianz, Apicil, Spirica, Maaf, MMA ou Swiss Life, proposent aussi dans leurs contrats des fonds en euros dont le capital n’est que partiellement garanti, par exemple à 98% seulement, ou à 100% mais sur un capital diminué des frais de gestion annuels. L’idée est de placer 65 ou 70% de l’épargne collectée sur un fonds en euros classique, donc garanti à 100%, et le solde sur les marchés boursiers internationaux, en espérant y réaliser des gains importants.
L’assuré qui ne veut prendre aucun risque avec ses économies doit renoncer à souscrire ces fonds. Comment les reconnaître à coup sûr ? En examinant les valeurs de rachat insérées dans la notice d’information du contrat, qui pointent les montants minimaux garantis : si le montant associé au fonds en euros diminue d’une année sur l’autre, alors sa garantie n’est que parcellaire.
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Tout en privilégiant la sécurité, beaucoup d’épargnants n’en attendent pas moins des rendements élevés. De leur côté, les assureurs poussent leurs clients vers les unités de compte, moins compliquées à gérer pour eux. Avec les “bonus” de rendement, chacun fait un pas vers l’autre : dès lors que l’assuré accepte qu’une part de son épargne soit investie en unités de compte (Bourse ou immobilier), le rendement de son fonds en euros est dopé.
Ce surplus de rendement est plus ou moins élevé : + 0,50% chez BoursoBank pour un encours en fonds à risque d’au moins 50%, + 1% chez Abeille avec 30% minimum du contrat investi en fonds non garantis, + 1,55% chez BNP Paribas, + 0,95% à la Banque postale… La plupart des compagnies d’assurances ont adopté ce système en 2024. Intéressant, mais reste à savoir si ces bonus compensent l’augmentation du risque encouru : la réponse est évidemment non pour les épargnants en quête de totale sécurité.
À l’inverse des fonds en euros, majoritairement investis en obligations, les fonds alternatifs, au capital garanti lui aussi, misent une part non négligeable de l’épargne sur d’autres investissements, réputés plus rentables. Trois catégories de fonds cohabitent. Il y a d’abord les fonds “dynamiques”. Ils permettent théoriquement à l’assuré de profiter des hausses de la Bourse sans en subir les baisses. Comment ? En revendant à temps les valeurs qui commencent à flancher.
Deuxième catégorie : les fonds “opportunistes”, qui laissent une grande marge de manœuvre au gérant afin qu’il puisse saisir les affaires du moment, sur le marché de la pierre (prioritaire aujourd’hui) ou celui des actions. Il y a enfin les fonds “immobiliers”, investis en immeubles de bureaux ou de boutiques, achetés en direct ou via des SCPI. Jusqu’à présent, ces diversifications ont plutôt bien réussi, les rendements obtenus au titre de 2023 dépassant parfois le cap des 3%. Mais, comme pour les bonus de rendement, les conditions de souscription sont contraignantes, l’assuré devant très souvent placer une partie de sa mise sur des supports non garantis.
Une espérance de gains supérieure à celle des fonds en euros (de 0,5 à 1 point en général) et la garantie du capital placé, c’est la promesse des fonds alternatifs, disponibles sur une vingtaine de contrats. En échange, sauf exceptions, il faut orienter une bonne partie des versements (de 40 à 50%) vers des fonds à risque.
(1) Rendement du fonds net de frais de gestion. (2) Les frais sur les versements dépendent du contrat souscrit. Ils sont inexistants sur les contrats Internet. (3) Le reste des versements doit être placé sur des fonds à risque. (4) Au moins 50% de fonds à risque au-dessus de 50 000 euros de mise. (5) Fonds accessible à 100% jusqu’à la fin 2024. Le capital placé n’est garanti qu’à hauteur de 97%. (6) Et au moins 50% des versements investis sur des fonds à risque.
La garantie en capital n’est pas acquise avant huit ou dix ans. Initiés il y a dix ans par les pouvoirs publics, les fonds eurocroissance, catégorie intermédiaire entre les supports en euros et les unités de compte, ont pour objectif de financer les entreprises françaises, surtout les PME. Ils sont donc investis sur des actifs à haut risque, mais en théorie plus rentables que les fonds en euros. Avec un encours inférieur à 10 milliards d’euros à la mi-2024, le succès est encore modeste. Il faut dire que le concept de fonds eurocroissance est particulier : le capital placé n’est garanti (parfois partiellement) qu’au bout de huit ou dix ans. C’est donc un placement à long terme, voire à très long terme (jusqu’à 40 ans si l’on veut). Depuis le début, selon les années, ces fonds alternent le bon et le moins bon, avec parfois d’assez grosses déconvenues, comme en 2022 (lire le tableau ci-dessous). Il faudra cependant attendre leur échéance pour les juger vraiment.
Lancés il y a dix ans par une poignée d’assureurs, les fonds eurocroissance, investis en partie en actions de PME, n’ont pas réussi à séduire les foules. Hormis des résultats en dents de scie (la débâcle boursière de 2022 a laissé des traces), ce sont surtout les contraintes qui rebutent les assurés : le capital n’est garanti qu’au bout de huit ou dix ans et, sauf exceptions, les frais sont souvent très élevés.
(1) Fonds également disponible dans les contrats Altaprofits Vie, Placement-direct Essentiel, Monabanq Vie Premium, Asac-Fapes Kaori.Vie et Bourse Direct Horizon. (2) 0,50% seulement en cas de versements programmés. (3) Plus 0,07% au titre de la garantie plancher en cas de décès. (4) Plus 10% de la performance financière annuelle. (5) Fonds également disponible dans le contrat Axa Excelium, Axa Privilège et Axa Amadéo. (6) Fonds aujourd’hui fermé aux nouvelles souscriptions.
Les compagnies d’assurances ont la possibilité, chaque année, de mettre de côté une partie de leurs profits au lieu de les reverser aux souscripteurs. Ces réserves d’argent, qui doivent toutefois obligatoirement être redistribuées dans un délai maximum de huit ans, servent à lisser les rendements d’une année sur l’autre, et ainsi éviter les inévitables effets de “yoyo” des marchés financiers.
Bonne nouvelle pour les assurés qui misent sur le fonds en euros de leur contrat : même si la plupart des compagnies ont puisé dans leurs réserves en 2023 pour doper leur rendement, le solde reste supérieur à 60 milliards d’euros. Soit l’équivalent de 4,2% de rendement. Ce qui signifie que les assureurs sont encore capables de majorer le taux de leur fonds en euros de 0,52 point chaque année pendant huit ans ! Certes, les compagnies n’ont pas toutes les mêmes montants en caisse. Avec 13 milliards d’euros, la CNP détient le record de réserves d’argent, suivi par Predica (Crédit agricole), qui a en stock plus de 10 milliards d’euros. Mais la politique de mise en réserves s’étant généralisée depuis l’année 2015, la plupart des assureurs ont de quoi voir venir.
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