De plus en plus attrayant pour les investisseurs face à l’instabilité des marchés financiers, le marché de l’art avec son caractère singulier, largement indépendant de la volatilité des autres classes d’actifs traditionnelles (actions, obligations, immobilier, etc.) devient une opportunité de diversification réelle. Ainsi, dans la part de son patrimoine qu’il est conseillé d’allouer à des investissements alternatifs (entre 5 et 10%), l’art occupe une place de choix. En effet, en plus de son attrait émotionnel, une œuvre d’art renommée peut générer une appréciation significative au fil du temps, contribuant ainsi à l’augmentation de la valeur globale du patrimoine financier à mesure que la renommée de l’œuvre et de l’artiste s’accroît. Le rapport Art & Finance 2023 de Deloitte démontre d’ailleurs que la diversification du portefeuille et le rendement financier figurent parmi les principales motivations des collectionneurs dans l’achat d’une œuvre d’art (respectivement placés au 2e et 3e rang), derrière la valeur émotionnelle.
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Mais quelle œuvre choisir ? Pour quelle durée d’investissement ? À qui s’adresser ? et ensuite, quand et comment revendre ? Ces questions peuvent paraître bien complexes quand on n’est ni expert ni investisseur aguerri, et surtout si l’on veut investir dans des œuvres de renom dont la valeur n’est plus à prouver. En effet, le principal obstacle à l’achat direct est souvent financier : investir plusieurs centaines de milliers, voire plusieurs millions d’euros, dans des œuvres d’artistes emblématiques tels qu’Andy Warhol ou Jean-Michel Basquiat n’est pas à la portée de tous. Heureusement, des solutions de co-investissement, à l’image des « club deals », rendent ce marché bien plus accessible que ce que beaucoup imaginent.
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Grâce à ce procédé, chaque œuvre d’art est logée dans une société, permettant à plusieurs investisseurs d’investir à travers titres obligataires qui répliquent la valeur de l’œuvre. Bien que le ticket d’entrée soit de quelques milliers d’euros, le coût reste bien en deçà de celui nécessaire pour s’exposer à un portefeuille d’œuvres d’art d’envergure internationale. Les galeries assurent ensuite sa commercialisation en circuit privé jusqu’à sa revente, généralement dans un horizon d’investissement d’environ deux ans.
Ce type de placement exclusif attire de plus en plus l’attention des investisseurs, notamment des Family Offices. En effet, en 2024, 30% d’entre eux ont exprimé leur intérêt pour l’investissement dans l’art via des club deals, contre seulement 12% en 2019. Et pour maximiser les chances de plus-value lors de la revente, il est primordial de se concentrer sur les artistes les plus renommés.
Pour maximiser les chances de valorisation de son patrimoine, il est crucial de privilégier les artistes déjà établis, et dont les créations ont une propension à se valoriser de manière constante au fil du temps. La popularité des 100 artistes du segment « blue chip », les plus actifs aux enchères, n’a cessé de croître, au point que l’indice ArtPrice100© surpasse le S&P 500 depuis plus de deux décennies.
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Aussi, le succès continu des artistes éminents, comme Andy Warhol, Yayoi Kusama, Yves Klein ou encore Jean-Michel Basquiat, reste indéniable. Leurs œuvres ont représenté plus de 70% de la valeur totale des ventes aux enchères en 2023, dans un marché global estimé à 65 milliards de dollars. Ces pièces bénéficient d’une liquidité importante sur le marché, avec des transactions fréquentes et des évaluations en constante progression. Il faut néanmoins les acheter à bon prix et il est nécessaire de bien connaître la demande, les périodes et de faire un audit sur la condition des œuvres et leur provenance.
D’une manière générale, les enchères de référence dépassant le million de dollars ne cessent de croître. En 2022, les œuvres vendues à plus de 10 millions de dollars représentaient 32% des ventes, contre 20% en 2020, et ce, malgré la période de contraction générale du marché de l’art, plus sensible aux vicissitudes de la conjoncture économique. C’est le cas notable du sculpteur François-Xavier Lalanne, qui a établi deux nouveaux records fin 2023 en multipliant son chiffre d’affaires par 24 entre 2010 et 2022. Parmi ces records, le Rhinocrétaire I (1964) a été adjugé aux enchères par Christie’s Paris le 20 octobre 2023, pour 18,3 millions d’euros, bien au-delà de son estimation initiale se situant entre 4 et 6 millions d’euros.
Ces œuvres iconiques, au-delà de 10 millions de dollars, sont revendues en moyenne 15 mois après leur entrée dans l’inventaire des galeries, ce délai est de 12 mois pour les œuvres entre 500.000 et 10 millions de dollars (rapport Art Basel & UBS 2024, Art market report). C’est donc à ce marché, où s’opèrent le plus de transactions et où les valeurs se tiennent, que les club deals permettent (enfin) d’accéder.
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