Les épargnants sont encouragés à investir sur des unités de compte. Mais à long terme, l’accumulation de frais peut affecter les performances.
La ponction tarifaire est particulièrement douloureuse sur les produits prudents, moins rémunérateurs… qui sont aussi les plus souscrits.
L'Express
Après une année 2020 en demi-teinte, les Français semblent retrouver le goût de l’assurance-vie. Fait marquant : les versements affectés aux unités de compte, ces supports non garantis qui permettent de diversifier l’épargne sur les marchés financiers (actions, obligations, etc.), atteignent désormais un tiers de la collecte. Les épargnants s’orientent vers ces produits pour améliorer le rendement de leur contrat. Attention toutefois aux frais, car l’assurance-vie les empile comme un millefeuille !
Dans ce cas de figure, vous cumulez les frais du support en unités de compte (le FCP, la Sicav ou le support financier choisis) et ceux du contrat d’assurance-vie lui-même. Le fonds Dorval Manageurs Small Cap Euro par exemple, un produit de petites valeurs françaises géré par Dorval AM, a généré une performance brute de 4,06% en 2020, selon le relevé émis par Generali. Mais l’assuré n’en a guère vu la couleur. La société de gestion a en effet prélevé 2,47% de frais de gestion, faisant tomber la performance nette du support à 1,59%. A ce résultat, il faut encore ôter les frais de gestion du contrat, en moyenne de 0,85%. La performance finale pour le client n’est alors plus que de… 0,73%.
Le partage de la valeur est très défavorable à l’épargnant. Mais les fonds d’actions peuvent aussi générer de bonnes performances (+ 32,1% en 2017 ou + 18,7% en 2019, par exemple, pour le fonds Dorval précité). La ponction tarifaire se fait alors beaucoup moins sentir. Elle est en revanche particulièrement douloureuse sur les produits prudents, moins rémunérateurs et qui sont aussi les plus souscrits. Leur espérance de gain annuel ne dépassant pas quelques pour cents, elle entame leur potentiel à long terme. L’association d’épargnants Better Finance a évalué le rendement réel de l’assurance-vie sur les vingt dernières années. Le constat est rude : la performance nette d’inflation sur les unités de compte a atteint – 15% sur vingt ans (de fin 1999 à fin 2019), contre + 72% si l’on se réfère à un indice de marché composé à moitié d’actions et à moitié d’obligations.
Ce constat fait, quelles options s’offrent à l’épargnant ? Tout d’abord, choisir le bon produit d’épargne en fonction de ses besoins. Si l’assurance-vie dispose d’atouts en matière de transmission, elle n’est pas toujours la plus efficace pour valoriser un patrimoine. “Une étude de rentabilité menée sur un même fonds au sein des différentes enveloppes existantes montre que, compte tenu des frais et de la fiscalité, le PEA est le grand gagnant au-delà de cinq ans”, souligne William Mussat, conseiller indépendant. A privilégier, donc pour les investisseurs les plus hardis et peu averses au risque.
Ensuite, il faut vérifier la tarification des produits, certains étant plus lourds en frais que d’autres. “Avant de choisir un fonds, il faut regarder son document d’information (DICI) et vérifier si les frais sont cohérents avec l’historique de performance”, recommande Cyril Jarnias, expert en gestion de patrimoine.
Une solution radicale : opter pour des ETF (Exchange-Traded Fund). Ces fonds indiciels cotés se contentent de reproduire la performance d’un indice (les ETF grandes capitalisations françaises répliquent par exemple le CAC 40), mais à coût plus modeste, de l’ordre de 0,3% par an. “Attention, la plupart des contrats prévoient des frais de transaction sur ces supports, de l’ordre de 0,1% à l’achat, puis à la vente”, précise Philippe Gourdelier, cofondateur du courtier web Patrimea.
Selon Quantalys, une société indépendante d’analyse financière, 38% des contrats distribués en France en proposent au moins un. Principaux écueils : il s’agit essentiellement de fonds composés d’actions, et c’est à l’épargnant de répartir correctement ses capitaux. C’est pourquoi certains contrats proposent des portefeuilles modèles (Assurancevie.com) ou de la gestion sous mandat en ETF, déléguée à un professionnel. Les robo-advisors Yomoni et Nalo en ont fait leur spécialité, mais on peut trouver des solutions aussi chez les courtiers en ligne (Patrimea, Altaprofits, placement-direct.fr…).
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