Confier la gestion de son épargne à des experts via un mandat, c’est opter pour simplicité et expertise, avec des stratégies adaptées au profil de risque. Accessible dès 300 euros chez certains courtiers en ligne, ce modèle séduit grâce à sa flexibilité et ses performances prometteuses..

Avis aux assurés qui rechignent à mettre la main à la pâte : la gestion déléguée pilotée ou sous mandat est faite pour eux. Il leur suffit de définir avec leur conseiller une stratégie d’épargne, basée sur un profil de risque, et tout se met en place de manière automatique : ce sont des sociétés de gestion spécialisées, telles que DNCA, Rothschild, Fidelity ou Amundi, qui gèrent le contrat pour vérifier que l’orientation fixée est respectée et, au besoin, corriger le tir. A l’inverse de la gestion «profilée», le gérant intervient ici régulièrement sur la composition du portefeuille. Une flexibilité qui lui permet d’éviter les petits replis de la Bourse, mais pas toujours les grosses corrections.
Redisons-le cependant : c’est sur le long terme (huit à dix ans pour un profil offensif) que doit se juger l’investissement en Bourse. Rappelons aussi que les pertes subies durant l’année 2022 (crise de l’énergie et poussée inflationniste), qui variaient entre 2 et 22% selon le profil de risque, ont souvent été rattrapées dès 2023, avec des gains excédant parfois le seuil des 15%. Et puis les offres ne sont pas toutes axées sur les actions : les épargnants soucieux de préserver leur mise peuvent choisir un mandat «prudent», majoritairement investi en obligations.
Le coût de ces mandats de gestion ? Il reste heureusement raisonnable, prenant souvent la forme d’une hausse des frais de gestion du contrat, de 0,20% en moyenne. Quant au ticket d’entrée, il excède rarement le seuil des 1 000 euros. La plupart des compagnies d’assurances proposent désormais cette formule, même si les établissements installés sur Internet ont une longueur d’avance. A noter qu’un nouveau type de gérant est apparu sur ce créneau il y a quelques années : en s’appuyant sur des programmes informatiques pour assurer la sélection et la gestion des fonds, une poignée de courtiers Internet, comme Yomoni ou Nalo, promettent de faire aussi bien que les gérants «humains», tout en coûtant nettement moins cher. Analyse et comparatifs.
Le choix d’une gestion sous mandat implique que l’assuré confie la maîtrise de son épargne à des experts de la finance. Ce sont eux qui vont définir les supports du contrat les plus adaptés à la situation, en tenant compte du niveau de risque accepté par l’épargnant (du plus prudent au plus offensif) et de son horizon de placement (huit ans, dix ans ou plus…). A noter qu’une fois ce profil de risque fixé, l’assuré perd totalement les manettes. Le dosage entre les actifs du contrat (actions, obligations…) est effectué par le gérant, qui le modifie en général une fois par trimestre, afin de prendre en compte l’évolution des ­marchés. Sur la durée, ce principe de gestion fonctionne plutôt bien : les résultats obtenus sur cinq ans, par exemple, sont satisfaisants, et même excellents chez certains courtiers en ligne.
Mais l’assuré doit savoir qu’aucun niveau de gain n’est garanti. D’autant plus que la loi «Industrie verte» d’octobre 2023 vient de chambouler les règles d’allocation d’actifs, en obligeant les assureurs, dès le 24 octobre 2024, à insérer dans les mandats nouvellement souscrits (les anciens contrats ne sont pas concernés) une part minimale de PME non cotées, très rentables à long terme mais aussi très volatiles à court terme. Pour un mandat équilibré, le pourcentage de fonds non cotés devra s’élever à 4% des versements, et grimpera à 8% pour les mandats dynamiques et offensifs. Seul le mandat prudent (et, bien sûr, le mode de gestion libre) échappera à cette obligation.
Le plan d’épargne retraite est également visé : selon l’échéance du plan, c’est-à-dire la date de départ en retraite du souscripteur, la part du non-coté variera entre 2 et 6% pour le mandat prudent, entre 3 et 8% pour le mandat équilibré, entre 5 et 12% pour le mandat dynamique et enfin entre 6 et 15% pour le mandat offensif.
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Très bonne année 2023 pour les mandats de gestion des courtiers installés sur Internet : les performances réalisées sur les marchés boursiers sont parfois ­supérieures à celles des banques en ligne, notamment sur le profil «offensif» de Linxea (+ 12,13%) et celui d’Altaprofits (+ 13,17%). Les gains enregistrés sur cinq ans sont eux aussi très impressionnants. Attention, ces beaux résultats se paient toutefois par des frais de gestion annuels sensiblement plus élevés, en particulier chez les ­courtiers Meilleurtaux Placement et Altaprofits, qui affichent respectivement 1 et 1,3% de ponction.
(1) Pas de profil correspondant sur ce contrat. (2) 1,10% sur le profil «offensif». (3) Performances établies sur 9 mois pour l’année 2023, et, sur 5 ans, reconstituées d’après l’historique des supports sélectionnés, les mandats de gestion ayant été lancés en avril 2023.
En profitant de l’expérience d’une équipe de spécialistes des marchés, l’assuré peut raisonnablement penser que son épargne est entre de bonnes mains. Qu’il ne s’attende pas pour autant à un traitement personnalisé. Ce n’est pas du sur-mesure, mais du prêt-à-porter qui lui est proposé. Tous les clients d’un même profil sont ainsi logés à la même enseigne : même niveau de risque, même répartition des actifs, même performance…
Certes, l’assuré garde toujours la possibilité de changer de profil, notamment s’il s’approche de la retraite et souhaite sécuriser ses économies. Il peut aussi vouloir gérer en direct une partie de son capital et ne déléguer que la gestion du reste. Cela tombe bien, de plus en plus d’établissements, comme BoursoBank, Placement-direct, Yomoni ou Linxea, autorisent ce découpage (on parle alors de gestion «multipoche») en le dotant d’une grande souplesse d’utilisation : à tout moment, le client reste libre de procéder à tous les arbitrages d’argent voulus entre les deux poches.
Les grands établissements bancaires en ligne n’ont pas démérité en 2023 : à l’image de la plupart des places boursières, tous les profils de gestion finissent l’année dans le vert, y compris les moins investis en actions (+ 4,82% en moyenne pour les mandats «prudents»), qui ont donc fait bien mieux que préserver le capital. Fortuneo est la banque qui s’en sort le mieux sur cinq ans, BoursoBank restant la plus abordable, avec un ticket d’entrée particulièrement bas (300 euros) et aucuns frais supplémentaires sur son offre de gestion déléguée par rapport à la gestion libre (0,75% par an dans les deux cas).
(1) Hello bank ! ne propose pas encore de gestion sous mandat et BforBank a décidé d’arrêter la commercialisation de son contrat. (2) Pas de mandat de gestion «offensif». (3) Performances cumulées sur trois ans seulement, les profils n’ayant été créés qu’en 2020.
La composition du portefeuille et les arbitrages entre les supports sélectionnés sont confiés à une société de gestion de fonds, qui est le plus souvent extérieure à la compagnie d’assurances avec laquelle l’épargnant a signé le contrat. Cet organisme spécialisé peut être une banque ou un assureur traditionnels (Crédit agricole, Crédit mutuel, Allianz, Generali, Swiss Life…), mais il s’agit généralement de sociétés de gestion de portefeuille indépendantes (dans le jargon de la finance, on parle d’«Asset management») et d’envergure internationale, telles que Rothschild, Lazard Frères, Carmignac, Fidelity ou DNCA.
Ce type de gestion a été longtemps réservé à une clientèle aisée. Il y a une vingtaine d’années, le versement initial exigé était de 30 000 ou 40 000 euros, puis il est tombé à 5 000 euros au début des années 2010 et enfin à 1 000 euros actuellement, du moins chez la plupart des assureurs. Sur certains contrats 100% Internet, comme ceux distribués par Altaprofits, BoursoBank, Fortuneo, Bourse Direct ou WeSave, le montant du ticket d’entrée est même descendu à 300 euros.
Cette démocratisation de l’accessibilité à la gestion sous mandat tient essentiellement à l’afflux de nouveaux clients, qui ont permis aux gestionnaires d’amortir leur frais de fonctionnement sur une base élargie. Il y a une seconde raison : les techniques de gestion financière ont beaucoup évolué en l’espace de dix ans, utilisant de plus en plus, afin d’automatiser les tâches, des logiciels informatiques, eux-mêmes très économes en frais de personnel.
Le pari engagé par ces courtiers Internet (appelés «Fintech») est simple : remplacer le gérant de fonds par un ordinateur, supposé plus fiable. La définition des profils de risque est ainsi basée sur un ­algorithme, tout comme la gestion du contrat. Les résultats sont au rendez-vous, avec de superbes performances, notamment pour les profils «dynamiques» et «offensifs».
A noter : les frais semblent parfois élevés (jusqu’à 1,50% l’an), mais les supports étant des trackers, dont la gestion coûte moins de 0,5% l’an (contre 2% pour des fonds classiques), le coût du ­service est en fait plutôt modique.
(1) Performances cumulées sur quatre ans seulement, le contrat ayant été créé en 2019.
Une option de gestion «prudente» est presque toujours proposée. Elle est destinée aux assurés dont le but n’est pas de réaliser de rapides plus-values, mais de protéger leur capital. Ce type de comportement se trouve chez les débutants en matière d’épargne et chez beaucoup de seniors de plus de 55 ans, soucieux de bétonner les économies de toute une vie à l’approche de la retraite. Cette gestion «prudente» privilégie les actifs peu risqués (c’est la seule à pouvoir exclure tout investissement en fonds non cotés à partir du 24 octobre 2024), comme les obligations d’Etat, au revenu modeste mais régulier. Leur proportion au sein du portefeuille peut excéder 70%. Une dose d’actions est toutefois requise pour apporter un peu de piment sur le long terme, mais rarement plus de 30%.
Attention, opter pour une gestion prudente ne signifie pas qu’il faille se désintéresser de la question de la rentabilité. D’où la nécessité de comparer les performances de ce profil avec celles du fonds en euros du contrat, ce dernier affichant parfois de meilleurs résultats…
Les partisans du mandat «équilibré» entendent jouer à la fois la sécurité et le rendement. Ce choix impose un panachage de l’épargne souvent tourné autour du mix 50% actions-50% obligations. Selon ce qu’anticipe l’assureur quant à l’évolution des marchés, la part des actions peut descendre à 40% ou, au contraire, grimper à 60%. Ce profil de risque correspond à la situation de la plupart des épargnants, en particulier à ceux qui, ayant par exemple un projet immobilier en tête, veulent investir leur argent à moyen terme, c’est-à-dire entre cinq et huit ans. Soutenues par la hausse quasi générale des Bourses l’an passé, les performances 2023 ont été plus qu’honorables : + 7,60% en moyenne.
Ces deux options de gestion, réservées aux épargnants dont l’horizon de placement est supérieur à huit ou dix ans, supposent une importante prise de risque, la recherche de plus-values passant avant la sécurité. Le gérant du contrat va donc doper la part des produits à gros potentiel de gain, à savoir les actions, françaises ou internationales. Sur un profil «offensif», il investit souvent la totalité du capital en actions, alors que sur un profil «dynamique», cette part ne grimpe au-delà de 90% que lorsque la Bourse a le vent en poupe.
En dépit des jolies performances affichées par certains établissements, notamment sur cinq ans (+ 65% chez Nalo pour l’option offensive, + 48% chez WeSave pour l’option dynamique), aucun résultat n’est fixé à l’avance. Les assurés doivent ainsi accepter l’éventualité d’une perte en capital (comme en 2022, année marquée par une moins-value moyenne de 16% sur ces profils). Le seul parachute dont ils disposent, c’est la possibilité de revenir sur leur choix initial, en passant à un profil de gestion équilibré, voire prudent. Ce retour en arrière est d’ailleurs vivement conseillé à huit ou dix ans du départ en retraite.
La facturation du mandat souscrit s’opère via une majoration des frais de gestion annuelle, le plus souvent de 0,10 à 0,30%. Pour les contrats Internet, les plus économiques, ces frais n’excèdent jamais 1,50% (0,70% seulement pour Linxea, le moins gourmand de tous). Bien que raisonnables, ces ponctions peuvent être négociées, sachant que, vu le coût déjà modéré du service, il n’y a rien à espérer à moins de 80 000 euros de mise. Attention : à ces frais de gestion peuvent s’ajouter des frais sur versements (sauf chez les établissements en ligne).
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