La banque espère générer des économies en rapprochant davantage les deux réseaux, alors que Crédit du Nord, rachetée à la fin des années 1990, a toujours gardé une certaine autonomie au sein du groupe. Des décisions devraient être prises d'ici à fin novembre.
Par Romain Gueugneau
C'est l'heure des grands travaux chez Société Générale. Déjà en quête d'un éventuel repreneur pour sa filiale de gestion d'actifs Lyxor , selon nos informations, le groupe cherche aussi à rationaliser sa banque de détail. La banque envisage de créer un nouvel ensemble en mariant ses réseaux Société Générale et Crédit du Nord. « Une étude, dont le principe a été validé par le conseil d'administration, a été lancée par la direction générale », a annoncé le groupe mercredi.
Signe de l'urgence, alors que le groupe a affiché une perte nette au premier semestre et vu son cours en Bourse chuter de plus de 60 % depuis le début de l'année, les résultats sont attendus d'ici fin novembre.
« Nous avons la conviction aujourd'hui qu'il faut faire évoluer le modèle de la banque de détail pour l'adapter face aux défis des dix prochaines années, déclare aux « Echos » Sébastien Proto, le nouveau directeur général adjoint de Société Générale, en charge de la banque de détail, et qui va piloter le projet. Nous souhaitons concentrer notre capacité d'investissement afin de maximiser l'impact ».
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Rachetée à Paribas en 1997, Crédit du Nord est aujourd'hui constituée de neuf banques régionales, dont les Banques Courtois et Tarneaud ou encore la Société Marseillaise de Crédit, qui comptabilisent 2,4 millions de clients. Jusqu'à présent, elle fonctionnait de façon relativement autonome par rapport au reste du groupe et au réseau de l'enseigne Société Générale, qui compte 7,3 millions de clients. Boursorama, qui compte 2,4 millions de clients, n'est pas comprise dans le projet.
Avec ce rapprochement, Société Générale espère « bénéficier d'importantes synergies » et renforcer la rentabilité de l'un de ses principaux métiers . Pénalisé par l'environnement de taux bas, la forte concurrence sur le marché du crédit et l'émergence des néobanques, le groupe a vu sa profitabilité se dégrader dans la banque de détail. Au premier semestre, cette division de 20.700 employés a vu son résultat divisé par deux.
Les chantiers sont nombreux. Le groupe va notamment étudier l'opportunité de disposer d'un système informatique unifié, sans en créer un nouveau, mais en faisant migrer Crédit du Nord sur les applications de Société Générale.
Les deux réseaux pourraient aussi davantage rapprocher les fonctions support, mais aussi optimiser leur présence sur le territoire en diminuant par exemple le nombre d'agences : Société Générale en possède 1.749, Crédit du Nord 679.
« Le maillage territorial sera au coeur de l'étude, confie Sébastien Proto. L'attente des clients aujourd'hui n'est plus forcément d'avoir deux agences Société Générale et Crédit du Nord côte à côte. Mieux vaut en avoir une plus grande avec des parcours clients adaptés, et qui répondent mieux aux attentes. ».
La question des marques fera également partie de la réflexion. « Ils auraient tort de se séparer des marques régionales du Crédit du Nord. Leur ancrage est fort dans les régions, et elles parlent plus aux clients que l'enseigne Société Générale », prévient un bon connaisseur du secteur.
Chez les syndicats, on s'inquiète déjà des conséquences sociales d'un tel projet. « La fusion des deux réseaux pourrait impliquer la disparition des sites centraux dans les différentes banques régionales du groupe Crédit du Nord, qui travaillent en support des agences dans les ressources humaines, la conformité ou encore le crédit », commente Frédéric Guyonnet, le président du SNB-CFE-CGC. Les éventuelles fermetures d'agences occasionneront aussi des réductions d'effectifs. A la CFDT Crédit du Nord, on redoute, « en fourchette basse », une suppression de 2.500 à 5.000 postes au total.
L'ensemble des synergies reste à chiffrer, prévient-on à la direction de Société Générale. La division a des coûts de fonctionnement de 5,7 milliards d'euros par an. Faute de détails, les analystes peinent à estimer les gains. « La banque a besoin de rassurer les investisseurs et convaincre qu'ils ont des leviers pour baisser les coûts », juge Lorraine Quoirez, analyste chez UBS.
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Romain Gueugneau
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