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Publié Le 14.02.2022 ⢠Ãdité Le 15.02.2022
En 2020, le service de médiation en assurances a traité 420 litiges, et seulement 125 en 2021. (Photo: Aca)
Depuis le 15 novembre 2021, Valérie Tollet est la nouvelle médiatrice au sein de lâAssociation des compagnies dâassurances et de réassurances, en collaboration avec lâUnion luxembourgeoise des consommateurs. Elle nous explique en quoi cette fonction est dâutilité publique.
Quel est le rôle du médiateur en assurances?
Valérie Tollet . â «Câest une personne qui fait le lien entre les compagnies dâassurances et de réassurances et les assurés en cas de litige. Je propose un règlement extrajudiciaire, volontaire et amiable entre les deux parties en tentant de rétablir le dialogue. En tant que médiatrice, jâessaie dâaider les parties à trouver une solution, un juste équilibre sur une question bien précise. Câest un système qui permet dâessayer dâéviter dâaller devant les tribunaux. Le Commissariat aux assurances (CAA) a aussi une compétence en règlement des litiges extrajudiciaires, dans le cadre de la loi sur les assurances. Moi, jâinterviens dans le cadre du Code de la consommation puisque câest une instance paritaire entre lâAca et lâULC.
Quand fait-on appel à vous?
«Jâinterviens une fois que lâassuré et lâassureur se sont déjà parlé, ont échangé des mails ou se sont rencontrés et ont déjà essayé de trouver une solution. Souvent, ce sont les assurés qui font appel à moi, lorsquâil y a rupture de communication.
Quelle est la démarche à suivre?
«Il y a une procédure spécifique qui est décrite sur le site de lâAca et sur le site de lâULC (une page est dédiée à la médiation) avec un formulaire à remplir, notamment une description du litige et de la situation. Cela me permet de déterminer si je suis compétente ou pas. Les consommateurs peuvent y adjoindre tout document utile à lâétude du dossier. La procédure de médiation est gratuite. Toutes les demandes sont toujours gérées sous le contrôle dâun avocat qui représente lâULC et garantit aux consommateurs un traitement objectif de la demande. Il est important de préciser aux assurés que je ne suis pas âdu côté des assureursâ parce que je suis employée par lâAca.
Avez-vous le droit de refuser une demande de médiation?
«Il y a toujours une première étape, sur la compétence. Par exemple, je ne suis pas compétente si cela concerne une compagnie dâassurances qui nâest pas établie au Luxembourg. Dans ce cas, je renseigne les autorités compétentes du pays concerné. Ou si câest en B to B. Si je suis compétente, jâanalyse le dossier et je mâadresse à chaque partie pour bien comprendre la problématique. Sâil nây a aucune volonté commune dâarriver à un accord, comme je nâai pas de pouvoir contraignant, je peux décider de ne pas aller plus loin.
Nâimporte qui peut-il formuler une demande en médiation?
«Le service concerne les litiges entre les consommateurs (assurés) et les compagnies dâassurances, mais aussi les litiges entre courtiers et compagnies dâassurances, mais pas entre assurés et courtiers. Il faut garder en tête que le secteur du Luxembourg a une connotation internationale et je peux donc régler des conflits pour des assurés qui ne sont pas résidents luxembourgeois, mais traitent avec une compagnie dâassurances établie au Luxembourg.
 Valérie Tollet,   médiatrice,   Aca
Les frontaliers peuvent-ils sâadresser au médiateur luxembourgeois?
«Oui, à partir du moment où ils ont conclu un contrat dâassurance avec une compagnie établie au Luxembourg.
Quel est le type de litige qui revient le plus souvent?
«Mon expérience est encore assez limitée depuis le 15 novembre, mais jâai déjà traité une quarantaine de cas, essentiellement des primes non versées, des litiges sur les couvertures de contrat ou des valeurs de rachat⦠le panel est très large. Jâai enregistré, par exemple, très peu de cas en rapport avec les inondations. Globalement, cela peut toucher à de lâassurance-vie ou non-vie. Les demandes peuvent concerner la pure compréhension ou lâapplication du contrat. Mais aussi une problématique administrative comme la non-réception dâun relevé annuel auprès de son assurance-vie. Après plusieurs demandes, le médiateur peut intervenir pour faire pression et récupérer les documents non fournis.
Y a-t-il un lien entre le besoin de médiation et la hausse du nombre de régulations qui pèse sur le secteur des assurances depuis quelques années, notamment les conditions générales de vente?
«La demande de médiation provient souvent dâune incompréhension des assurés de ce quâils signent. Le meilleur conseil à donner est de bien tout lire ou de se faire expliquer le contrat, pour être certain que le besoin recherché par lâassuré soit bien en adéquation avec lâoffre de lâassureur. Notamment en ce qui concerne ce qui est couvert ou pas en cas de sinistre. Il est certain que lâallongement des conditions générales de vente en bas du contrat peut rebuter le consommateur à les lire ou être à lâorigine de demandes de médiation.
Faudrait-il alors un service dâinformation en amont?
«Normalement non. Le but de tout bon agent dâassurances ou courtier est justement dâexpliquer clairement à lâassuré son contrat. Nul nâest censé ignorer la loi. Ce nâest jamais anodin de souscrire un contrat, quel quâil soit. Il faut le faire en toute responsabilité et connaissance de ses besoins.
 Valérie Tollet,   médiatrice,   Aca
Avez-vous une idée des montants que votre intervention coûte ou rapporte aux compagnies dâassurances?
«Non, je ne dispose pas de ces informations. Mais sur le volume de demandes de médiation, on constate que la communication est relativement bonne entre assurés et assureurs, comparé à dâautres pays. En 2020, en Belgique, il y a eu 7.600 demandes au médiateur et 17.400 demandes en France. Toutes proportions gardées, au Luxembourg, on recense 420 litiges la même année, et seulement 125 en 2021.
En 2020, 193 litiges étaient positifs pour le consommateur et 207 négatifs.
Combien de temps la procédure de médiation dure-t-elle?
«En deux mois, en moyenne, le litige est réglé.
Quelles qualités faut-il posséder pour exercer cette fonction?
«Il faut posséder des connaissances juridiques et techniques, beaucoup de pédagogie, un certain sens social et avoir le contact facile. Les gens qui font appel au médiateur sont souvent mécontents, il faut aussi être patient, car on doit réexpliquer, parfois longuement, les termes du contrat. Le choix des mots est très important.»