Avec une inflation en recul, et attendue à 2,5% sur l'ensemble de l'année 2024, certains livrets réglementés vous rapportent enfin plus que la hausse des prix. Quels sont ceux à privilégier, ou au contraire à éviter, jusqu'à la fin de l'année ?
Par Quentin Bas Lorant Journaliste placements à Capital.fr Publié le
Epargner grâce à ses livrets réglementés, une stratégie payante ? La question se pose alors que les Français ont massivement recours à ces produits d’épargne ces dernières années : l’encours de l’épargne réglementée est passé de 874 milliards d’euros en 2022 à 935 milliards d’euros à fin 2023. Il faut rappeler que le taux d’intérêt de ces placements (Livret A, LDDS, LEP, PEL) dépend totalement ou en partie de l’inflation, ils rapportent donc toujours davantage en période de hausse des prix. Mais cela ne veut pas dire qu’ils sont toujours rentables pour votre épargne !
Avec son taux gelé à 3% depuis le 1er août 2023, la star des livrets réglementés, le Livret A, rapporte par exemple plus que l’inflation depuis février 2024 seulement. Avant cette date – qui a vu pour la première fois la hausse des prix sur un an passer sous la barre des 3%, à 2,9% -, le Livret A a donc fait perdre de l’argent à ses 57 millions de titulaires, en leur rapportant moins que l’inflation. Pour y voir plus clair, voici ce que vous rapportent réellement vos livrets réglementés actuellement, compte tenu d’une inflation qui s’est établie à 2,3% sur un an en juillet, selon les dernières statistiques publiées par l’Insee ce mercredi 31 juillet.
Le gel du taux du Livret A à 3%, et par conséquent de celui du Livret de développement durable et solidaire (LDDS), commence enfin à payer pour les épargnants. Au mois de juillet, avec une inflation mesurée par l’Insee à 2,3% sur un an, le taux réel de ces produits, c’est-à-dire net de la hausse de prix, s’établit à 0,7%. Ces deux livrets devraient aussi s’avérer rentables sur l’ensemble de l’année, puisque la Banque de France anticipe une inflation annuelle de 2,5% en 2024.
Pour l’heure, les épargnants ont donc tout intérêt à miser sur leur Livret A et leur LDDS, pour au moins battre l’inflation. Toutefois, s’ils évitent ainsi de perdre de l’argent, ils ne feront pas pour autant fortune. Au niveau de l’encours moyen (7 000) euros, le Livret A rapporte par exemple, net de toute inflation, 2,91 euros ce mois-ci. Sur l’année, si l’inflation s’établit bien à 2,5%, les épargnants qui atteignent le même encours peuvent espérer un gain réel de 35 euros. Les grands gagnants du match contre l’inflation seront bien sûr les épargnants qui ont pu atteindre le plafond de 22 950 euros du Livret A, avec une rémunération nette qui devrait atteindre 114,75 euros sur l’année.
Cette année, c’est bien le Livret d’épargne populaire (LEP) qui restera la meilleure arme anti-inflation. Ce produit d’épargne garanti, accessible sous conditions de ressources, affiche en ce mois de juillet un taux de 5%, soit une rémunération nette de 2,7% compte tenu de l’inflation (2,3%). Une occasion qu’il ne fallait pas laisser passer, car à partir du 1er août, le rendement du LEP va être revu à la baisse, passant de 5% à 4% jusqu’à la fin de l’année. Un «coup de pouce» de la part des pouvoirs publics, puisque ce taux aurait pu chuter à cette occasion jusqu’à 3,6%.
Ainsi, sur l’ensemble de l’année 2024, avec une inflation attendue à 2,5%, le LEP va afficher un rendement moyen de 4,6% et un rendement réel de 2,1%. Soit deux fois plus qu’en 2023, quand le taux moyen annuel affiché du LEP culminait à 5,9%, mais qu’il n’était en réalité que de 1%, compte tenu d’une inflation annuelle de 4,9% ! L’opération va donc s’avérer particulièrement fructueuse pour la moitié des détenteurs d’un LEP ayant atteint le plafond de 10 000 euros. Sur l’ensemble de l’année, ils peuvent espérer toucher 210 euros d’intérêts nets d’inflation.
Les deux autres produits phares de l’épargne réglementée, destinés à faciliter l’obtention d’un prêt immobilier, le plan épargne logement (PEL) et le compte épargne logement (CEL) seront, eux, une mauvaise opération pour les épargnants qui les ont ouverts ou souhaitent les ouvrir cette année. Leur taux d’intérêt brut d’inflation est en effet fixé pour un an chaque 1er janvier : il est en 2024 de 2,25% pour le PEL et de 2% pour le CEL. Sauf que, contrairement aux Livret A, LDDS ou LEP, les intérêts de ces deux solutions d’épargne sont désormais soumis au prélèvement forfaitaire unique (PFU, ou «flat-tax») de 30%. Ce qui donne un taux net de fiscalité de 1,58% pour le PEL cette année, et de 1,4% pour le CEL.
Autrement dit, la rémunération nette de ces deux livrets ne se hisse pas au niveau de l’inflation sur un an au mois de juillet (2,3%). Idem sur l’ensemble de l’année, à l’issue de laquelle les PEL et CEL auront rapporté moins qu’une inflation attendue à 2,5%. En 2024, le rendement réel du PEL devrait donc être négatif de -0,92%, et celui du CEL de -1,1%. Au regard de la hausse des prix, ces deux livrets réglementés vont donc faire perdre de l’argent à leurs titulaires.
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