Jusqu’à 1,8 million de mètres cubes de gaz naturel seraient engloutis par la centrale chaque jour pour fournir un peu d’électricité à la Suisse en cas d’urgence. Les générateurs de Birr, clôturés par un mur antibruit de 20 mètres de haut, sont devenus, en hiver 2022/23, le symbole d’une pénurie d’énergie imminente.
Parce qu’ils sont bruyants, polluants et produisent beaucoup de déchets, leur mise en service doit rester exceptionnelle. Ce qui, jusqu’à présent, a bien été le cas, hormis pour des tests. En outre, la Confédération promet, dans sa fiche d’information, que la centrale «sera démantelée d’ici fin 2026».
Mais même le Département fédéral de l’environnement, des transports, de l’énergie et de la communication (Detec) ne croit plus à cette échéance. Bien au contraire: l’Office fédéral de l’énergie (Ofen) s’inquiète du sort de Birr.
L’Office fédéral de l’énergie planche actuellement sur un projet que le Conseil fédéral doit discuter en mars. Il s’agit de la consultation visant à prolonger l’ordonnance sur les réserves hivernales actuellement en vigueur de 2026 à 2030. Cette base légale permettrait au gouvernement de négocier un nouveau contrat avec General Electric.
L’entreprise exploite actuellement les installations de Birr, capables de fournir en urgence une puissance de 250 mégawatts, soit environ un quart de la capacité de la centrale nucléaire de Leibstadt. Les deux autres centrales à gaz suisses, celles de Cornaux (36 mégawatts) et de Monthey (50 mégawatts), affichent des capacités bien plus modestes.
Ce projet découle de l’espoir qu’une nouvelle centrale à gaz puisse rapidement voir le jour. En effet, le contrat avec GE arrive à échéance en février 2026. Il y a environ un an, le groupe énergétique concurrent, Axpo, a annoncé son intention de construire une centrale à gaz à cycle combiné dans le port rhénan de Muttenz. Celle-ci devrait, en cas de besoin, fournir de l’électricité à «plusieurs centaines de milliers de foyers».
Mais les offres d’Axpo et de ses concurrents étaient trop chères pour la Confédération. Selon nos recherches, deux raisons auraient conduit à l’interruption de l’exercice:
Au final, la Confédération s’est retrouvée face à une offre exorbitante, selon la NZZ am Sonntag: 590 mégawatts pour un total de 2,6 milliards de francs.
L’été dernier, le Conseil fédéral a donc changé de stratégie. Le ministre de l’Energie, Albert Rösti, a annoncé vouloir entrer directement en discussion avec d’éventuels exploitants. Mais il était déjà évident que la course contre-la-montre était perdue: la construction d’une nouvelle centrale prend des années, et non quelques mois.
Axpo estime désormais qu’une centrale à Muttenz pourrait être opérationnelle «aux alentours de 2030». Le groupe prévoit de soumettre une nouvelle offre à la Confédération «dans les prochaines semaines», selon ses dires.
Ce retard de quatre ans s’accompagne néanmoins de deux atouts pour Axpo : la centrale prévue devrait produire plus d’électricité que les 250 mégawatts initialement envisagés et pourrait, à terme, fonctionner avec un combustible climatiquement neutre. «Nous pensons que nous disposerons de l’infrastructure nécessaire en même temps que la nouvelle centrale», déclare un porte-parole d’Axpo.
Mais que faire entre février 2026 et l’hiver 2030 ? Plusieurs alternatives ont échoué. L’option d’une réserve hydraulique plus importante a été jugée inadaptée par la Commission fédérale de l’électricité, car elle ne ferait que déplacer la production d’électricité de l’automne vers l’hiver, sans augmenter l’offre globale d’énergie.
Et les groupes électrogènes de secours existants ne suffisent pas non plus à garantir la sécurité de l’approvisionnement. Selon certaines sources, les hôpitaux auraient fait savoir qu’en cas d’urgence, ils souhaitaient d’abord subvenir à leurs propres besoins. C’est ce qu’affirme un communiqué de presse peu remarqué de la Confédération datant de novembre dernier: par rapport aux centrales de réserve, les groupes électrogènes de secours émettent encore plus de polluants:
Il ne reste donc qu’une option : prolonger les contrats en cours avec Birr, Cornaux et Monthey, ce que la Confédération veut désormais ancrer dans la loi. Un défi complexe : en février 2024, le Tribunal administratif fédéral a statué que l’autorisation d’exploitation de Birr était contraire au droit.
Même en cas de prolongation, d’autres obstacles, petits et grands, devront être surmontés. Outre des questions techniques, l’Office fédéral de l’énergie s’inquiète surtout de deux inconnues majeures:
Une seule certitude demeure : le Conseil fédéral a moins d’un an pour trouver des réponses. Faute de quoi, la Suisse devra se passer de son assurance-vie énergétique.
(Traduit et adapté par Chiara Lecca)
Le motionnaire, l’UDC David Zuberbühler, réclame l’arrêt immédiat du soutien financier helvétique, actuel et futur. La commission a approuvé son texte par 6 voix contre 6 avec la voix prépondérante du président Marco Chiesa (UDC/TI). Le National a déjà donné son aval en septembre passé.

source