Pour votre épargne financière, vous avez trois solutions : l’assurance-vie, le PEA ou le compte-titres. Attention, chacun possède ses propres vertus !
Assurance-vie, plan d’épargne en actions (PEA) ou compte-titres ordinaire ? Pour choisir le produit d’épargne le plus adapté à votre situation, il faut préalablement vérifier la fiscalité qui sera applicable, les supports financiers que vous pourrez y placer et la souplesse respective des différents produits.
PEA comme assurance-vie sont des enveloppes dites de capitalisation, ce qui est très avantageux fiscalement. Au sein de ces deux enveloppes, tant que vous ne faites pas de retrait, vous n’êtes pas taxé. Vous pouvez donc vendre des titres ou des fonds en plus-values, pour en acheter d’autres, sans que les gains que vous avez retirés de l’opération ne soient soumis à l’impôt. Sur un compte-titre en revanche, toute vente bénéficiaire, même si la plus-value est immédiatement réinvestie sur un autre titre, sera taxée à l’impôt sur les plus-values. Pour faire ses arbitrages en totale exonération d’impôt, mieux vaut donc opter pour des enveloppes de capitalisation.
De plus, la fiscalité applicable aux gains dégagés par les supports financiers déposés sur un compte-titres est assez lourde, surtout pour les actifs qui ne sont pas des actions. Depuis 2013, le prélèvement libératoire de 19 % a disparu au profit d’une taxation systématique au barème de l’impôt sur le revenu, assortie d’abattements (50 % pour des titres détenus plus de 2 ans et jusqu’à 8 ans, et 65 % au-delà), qui ne sont cependant applicables qu’aux actions ou fonds actions (détenant au moins 75 % d’actions). Tous les autres actifs (le monétaire, les obligations, les fonds flexibles ou patrimoniaux qui détiennent moins de 75 % d’actions, les produits structurés, etc.), sont, eux, taxés dans la tranche d’imposition du contribuable sans aucun abattement, soit à 30 %, 41 % ou 45 %, auxquels il faut systématiquement ajouter les 15,5 % de prélèvements sociaux… Les gains d’un fonds patrimonial ou obligataire peuvent donc êtes taxés jusqu’à 60,5% (45 % + 15,5 %) !
En d’autres termes, si vous détenez des actions depuis longtemps dans votre compte-titre, c’est supportable, mais dans tous les autres cas, c’est à dire, si vous détenez des supports financiers autres que les actions ou si vos actions ont moins de deux ans, c’est un véritable matraquage fiscal. Mieux vaut, là encore, renoncer au compte-titres et opter pour des structures de capitalisation à l’image de l’assurance-vie ou du PEA. Ainsi vos arbitrages ne seront pas taxés, mais encore la fiscalité sur vos retraits sera également plus douce. Le PEA est le plus attractif avec une exonération d’impôt sur le revenu après 5 ans (les prélèvements sociaux de 15,5 % restent dus). L’assurance-vie quant à elle taxe vos gains à 7,5 % après 8 ans, mais après un abattement de 4.600 euros tous les ans pour un célibataire et le double pour un couple (les prélèvements sociaux de 15,5 % restent dus).
Reste à choisir entre l’assurance-vie et le PEA. Ce dernier étant investi exclusivement en actions, il est beaucoup plus risqué que l’assurance-vie. Certes, en cas de tempête sur les marchés, vous pourrez vous replier sur certains fonds monétaires autorisés dans les PEA, mais avec le plus souvent une rémunération nulle ou légèrement négative en ce moment (compte tenu des frais). Alors que dans une assurance-vie, vous pouvez à tout moment transférer votre épargne à risque sur le fonds garanti en euros, sans aucun risque de perte ultérieur et avec une rémunération, même en baisse, atteint encore le plus souvent 2,50 % nets. Du coup, pour ceux qui commencent à se constituer une épargne à long terme, ceux qui n’ont pas un horizon de placement long ou ceux qui sont allergiques au risque, il faut privilégier l’assurance-vie.
Pour les autres, ceux qui ont une surface financière suffisante, qui sont capables d’encaisser des pertes et qui n’ont pas besoin de l’argent qu’ils investissent, le PEA est un excellent produit. C’est l’idéal pour loger ses actions ou ses fonds d’actions européennes, le PEA n’accueillant que ces supports-là. Attention cependant au plafond de versements fixé à 150.000 euros et aux retraits qui entraînent la clôture du plan s’ils sont effectués avant 8 ans. Rien de tel avec l’assurance-vie, qui ne comporte aucun plafond de versement et sur laquelle vous pouvez opérer des retraits à tout moment. Elle vous permet aussi de mieux diversifier vos avoirs, sur des classes d’actifs plus nombreuses (actions, mais aussi monétaire et obligataire) et dans toutes les zones géographiques sans restriction (fonds USA, asiatiques, émergents, etc.). Petit bémol, l’assurance-vie est plutôt réservée aux fonds (Sicav ou FCP), pas vraiment aux titres vifs (actions ou obligations en direct), les compagnies qui les acceptent se comptant sur les doigts d’une main. Compte-tenu de leurs avantages et inconvénients respectifs, le mieux est, pour ceux qui en ont les moyens, de panacher assurance-vie et PEA : le PEA pour vos actions et fonds actions européennes jusqu’à 150.000 euros, l’assurance-vie pour tout le reste !
En cas de décès, votre compte-titre et votre PEA entrent dans votre succession et sont partagés entre vos héritiers. Ils sont naturellement pris en compte dans l’abattement global de 100.000 euros, dont chacun de vos enfants à droit au titre des règles habituelles des successions. L’assurance-vie en revanche bénéficie d’un régime spécial, très attractif. Elle n’entre pas dans votre succession et elle ne vient donc pas entamer l’abattement de 100.000 euros des enfants. Elle bénéficie de son propre abattement de 150.000 euros par bénéficiaire, qui est d’ailleurs cumulable avec celui de 100.000 euros du droit des successions. Assurance-vie comprise, chacun de vos enfante peut donc percevoir 250.000 euros en totale exonération de droits, de la part de chacun de ses parents.
Lucile Perlemuter
Tous droits réservés – Les Echos 2022