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«Fanfrelucheux», «tantaliser»… Connaissez-vous ces étranges, mais charmants, termes qui se cachent dans les colonnes de nos dictionnaires? Le Figaro vous propose de le découvrir.
Ils sont étranges, stupéfiants même, mais tout à fait délicieux. Un «lucullus» désigne une personne qui apprécie «la bonne nourriture». Celui qui à tendance à «blézimarder», coupe souvent la parole. Quant à l’«agélaste», il ne rit jamais. Tour d’horizon, grâce à l’ouvrage 200 drôles de mots à ressusciter pour vaincre la morosité (Le Robert) de Jean-Christophe Tomasi, des termes capillotractés qui peuplent la langue française.
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Avouons-le, ce nom a notre préférence. Il est élégant et peut aisément s’insérer au milieu d’une conversation banale. En effet, un «barathre» ou «barathrum», désigne une «sorte de gouffre» ou, plus généralement, un «enfer». Victor Hugo y a recours dans Les Misérables tandis qu’il décrit les égouts de la capitale: «L’imagination populaire assaisonnait le sombre évier parisien d’on ne sait quel hideux mélange d’infini. L’égout était sans fond. L’égout, c’était le barathrum».
Mais à y voir de plus près, nous découvrons que ce terme cache une histoire sombre et cruelle. À l’origine, le «barathre» était un «gouffre en forme de puits, très profond, qui servait de précipice pour les criminels». Ainsi que le relève Jean-Christophe Tomasi, cet effrayant lieu se trouvait à l’ouest d’Athènes. Aux parois de pierre étaient fichées des «crampons de fer, les uns avec la pointe en haut, les autres de côté» de sorte à blesser les condamnés à mort et, bien sûr, «frapper l’imagination des spectateurs».
Les dramaturges n’hésiteront pas, par la suite, à réinterpréter le sens du mot. Plaute, ainsi que le mentionne Tomasi, «s’en sert pour stigmatiser des femmes de mauvaise vie dont la lubricité était réputée insatiable». Il faut attendre le XIXe siècle et, plus précisément, le mouvement littéraire des Décadents pour que «barathre» devienne un synonyme de l’enfer.
Voilà un mot jovial et pétillant! Mignon, presque. D’où vient cet adjectif? «Fanfreluche est issu du latin de basse époque famfaluca (IXe siècle), conservé par l’italien, altération du grec pompholux, ‘‘bulle d’air’’.» Le terme désigna d’abord une «bagatelle» avant de prendre le sens de «petite chose qu’emporte le vent» puis signifia enfin, un «ornement dans la toilette».
«Fanfreluche» donna d’ailleurs le mot «freluche» qui veut dire «chose peu de valeur», mot employé pour parler d’un «élément de décoration» ou encore, «un ornement du costume». On l’aura compris: un «fanfrelucheux» est une manière de qualifier «celui qui aime la fanfiole», les ornements légers.
Ce petit mot savant a une définition toute aussi sérieuse : «Qui exprime des vérités morales sous forme de sentences». Amiel, que l’on retient pour son Journal de près de 17 000 pages, a inventé le néologisme «gnomorrhagie», à savoir: «la mauvaise habitude de débiter des sentences».
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Issu du grec gnomê, l’adjectif «gnomique» peut s’employer «à propos d’une forme de poésie antique exprimant des vérités morales». Souvent, sous la forme de maximes ou encore, de proverbes. En linguistique, précise Tomasi, ce terme est employé «pour qualifier un présent traduisant un fait général». Exemple: la Terre est ronde.
Il nous faut, à nouveau, plonger dans l’Antiquité grecque. Et plus précisément, dans l’histoire, maintes fois racontée, de Tantale «condamné par Zeus, peut-être parce qu’il volait les mets à la table des dieux». Ulysse rencontre ce héros tourmenté alors qu’il se rend chez les morts afin de savoir comment rentrer chez lui, rappelle Tomasi. Nous croisons alors Tantale, «condamné à être assoiffé et affamé éternellement, l’eau dont il souhaite s’abreuver se dérobant toujours sous ses pieds et les fruits sur les branches, balayés hors de sa portée par le vent».
Ainsi, au figuré, son nom a fini par caractériser «toute personne désirant ardemment quelque chose qui lui est inaccessible». Ce qui est «tantalien» est ce qui suscite une convoitise et désigne un souhait inassouvi. Quant au verbe «tantaliser», il a pour définition: «inspirer à quelqu’un des désirs qu’il ne peut satisfaire».
Avez-vous déjà eu l’étrange impression qu’un inconnu vous fixait, détaillant votre visage, vos vêtements, suivant avec méticulosité vos moindres faits et gestes? Alors, vous connaissez la définition de la gymnophorie. Précisons tout de même. Ce néologisme s’emploie pour parler d’une «sensation gênante qu’une personne vous déshabille du regard».
Sachez par ailleurs que les Japonais ont un mot pour parler du regard furtivement lancé à quelqu’un avant de «détourner les yeux, pour enfin revenir à lui afin d’être sûr qu’on a attiré son attention»: «nagashime». Les Anglais, eux, ont créé le terme «basorexia»: «l’envie pressante d’embrasser quelqu’un». Le lexique des émotions: tout un poème!
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Cinq mots capillotractés à restaurer de toute urgence
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