Parmi les ritournelles du début d’année, il y a celle des tarifs bancaires, mis à jour au 1er février de chaque année. Comme en 2021, les banques ont prévu de sérieuses hausses de tarifs !
Par Sandra Mathorel
L’année 2022 ne commence pas sous les meilleurs auspices pour les épargnants, forcément consommateurs de services bancaires… Selon la dernière étude de l’association CLCV (Consommation, logement et cadre de vie), qui a analysé les plaquettes tarifaires de 127 établissements, soit la quasi-totalité du marché, les banques ont eu la main lourde cette année sur la hausse de leurs tarifs. « Le coût moyen de notre panier en métropole, en retenant la formule la moins chère entre la souscription des produits à l’unité ou l’offre groupée de services, est en hausse de plus de 2,5% sur deux de nos trois profils de consommateurs », constate amèrement l’association. Parmi les plus mauvais élèves, les réseaux nationaux ne sont malheureusement pas en reste. 
La majorité des Français est concernée par cette hausse des tarifs : les « petits » consommateurs de services bancaires (voir encadré) règlent en moyenne 68,14 euros par an à leur banque (+2,58% par rapport à 2021), tandis que les consommateurs « moyens » s’acquittent de 149,32 euros (+2,7%). Seuls les « gros consommateurs » sont relativement épargnés (210,5 euros en moyenne, soit +0,27%). Les banques régionales du Crédit Agricole s’avèrent les moins gourmandes sur ces trois catégories (respectivement le Crédit Agricole Centre Loire, le Crédit Agricole Anjou et Maine, le Crédit Agricole Centre Ouest). Le changement de nom de Barclays en Milleis, suite à son rachat en 2017 par un fonds d’investissement britannique, n’a en revanche eu guère d’impact sur ses tarifs : elle est toujours la banque la plus chère, cette année pour les deux profils « extrêmes ». Le LCL, lui, a en revanche damé le pion pour les consommateurs « moyens ».
« En prenant en compte la meilleure solution entre la souscription à l’unité ou le package, les augmentations les plus significatives tiennent notamment pour notre 'petit consommateur' à l’instauration de frais de tenue de compte par des établissements qui n’en pratiquaient pas ou par la suppression des conditions d’exonération », commente la CLCV dans son rapport. Ainsi, le panier bondit de 28% au Crédit Agricole Ile-de-France et de 54% pour celui de la Lorraine… alors que d’autres caisses du même groupe se révèlent être les moins chères.
 Tarifs moyens selon les Trois profils de la CLCV.CLCV
« Si l’on regarde du côté des banques que nous appelons 'nationales' puisqu’elles proposent des tarifs identiques sur tout le territoire, notre panier sur la « meilleure solution » est en hausse sur tous les profils à la Banque Postale, chez LCL, à la BNP Paribas et à la Société Générale », poursuit la CLCV. Dans le détail, les hausses sont importantes :
– A la Banque postale : +6,03% pour le petit consommateur (notamment à cause de l’augmentation des frais de tenue de compte et de la carte bancaire), +3,05% pour le profil 2 et +3,51% pour le profil 3 ;
– Au LCL : respectivement +5,26%, +4,37% et +5,27%, entre autres à cause de l’augmentation du coût des retraits déplacés aux distributeurs et la suppression des 5% pour la domiciliation des revenus sur la formule « LCL à la carte » ;
– A la BNP : +2,01%, + 6,37% et +7,10% à cause des évolutions dans les packages ;
– A la Société Générale : + 4,35%, +12,6% et +9,08%, également aux hausses des frais de tenues de compte et des packages.
 Difficile pour les banques traditionnelles de rivaliser avec les pure-players du web, qui proposent des offres bien spécifiques aux particuliers ! Ils font d’ailleurs l’objet d’un traitement à part dans l’étude de la CLCV. Certaines banques en ligne ne proposent plus de cartes bancaires Visa ou Mastercard classiques, mais des cartes à contrôle de solde ou des cartes quasi systématiques. Les consommateurs doivent souvent se tourner vers des cartes plus haut-de-gamme.- Chez Monabanq, les clients paieront les paniers de services tels que définis par la CLCV 36 euros, 96 euros et 108 euros, comme l’an dernier.- Fortuneo propose la CB Fosfo, à contrôle de solde, mais aussi une Mastercard à débit immédiat et une Gold. Sur les trois profils, le panier est gratuit !- Hello Bank propose désormais des formules baptisées Hello One et Hello Prime, plus ou moins capées. Les tarifs évoluent entre 60 et 122,5 euros.- Boursorama banque, elle, propose toujours une carte Welcome basique et une formule Ultim. Seuls les gros consommateurs règlent des frais annuels, de l’ordre de 118,8 euros par an. Pour les deux autres profils, les services sont gratuits !Enfin, notons que ING a annoncé le 21 décembre dernier se retirer du marché de la banque en ligne en France. Société Générale et Crédit Mutuel Arkéa auraient déposé un dossier de reprise des comptes des clients. 
Les frais de tenue de compte sont donc particulièrement montrés du doigt. Il sont désormais de 22,68 euros par an en moyenne, quel que soit le profil, en hausse de 2,4%. Seuls 5 établissements sur 105 (hors banques en ligne et bancassureurs) n’en facturent pas encore : les Crédits Agricoles Anjou et Maine, Centre Loire, Normandie Seine, Touraine et Poitou ainsi que le Crédit Coopératif. A noter que le Crédit Agricole Ile-de-France les a fait passer de 0 à… 12 euros cette année !
La cotisation de la carte bancaire est chaque année un peu plus élevée : +1,3% pour la Visa ou la Mastercard à débit immédiat, la plus utilisée (45,15 euros par an en moyenne). Une fois encore, Milleis banque est la plus onéreuse (48 euros la cotisation annuelle pour les cartes classiques et 153 euros pour les Visa Premier et les Mastercard Gold). Le nombre de retraits déplacés gratuits par mois (à un distributeur autre que celui de votre banque) est encore en diminution, par exemple de 4 à seulement 2 désormais au CIC ou encore dans 11 fédérations du Crédit Mutuel.
Les tarifs moyens des cartes de paiement. CLCV
Enfin, les frais appliqués à la succession d’un proche, pour clore son compte, deviennent un réel problème ! « Pour une succession simple composée d’un compte courant (3.000 euros), de livrets (4.000 euros) et d’un PEL (10.000 euros), dont le règlement est effectué dans les 12 mois, le coût moyen s’élève dans nos 105 établissements de métropole à 229,74 euros (+1,2%), les frais pouvant atteindre 510 euros à la Banque Postale ! », dénonce la CLCV. Pour l’association, il est urgent de les plafonner et de les standardiser en passant par la loi, tant les écarts de tarifs sont importants d’une banque à l’autre, démontrant ainsi « leur caractère injustifié ».
Pour effectuer son enquête annuelle sur les tarifs bancaires, l’association de protection des consommateurs a dégagé trois profils de clients :- Le profil 1 ou « petit » consommateur correspond à un panier de services sur un compte détenu par une seule personne qui y domicilie ses revenus et utilise un nombre limité de services : frais de tenue de compte, consultation du compte par internet, carte bancaire internationale Visa ou Mastercard à débit immédiat, 8 retraits par mois dont 2 hors réseau, 6 paiements mensuels par prélèvement automatique (électricité, gaz, impôts, un téléphone mobile, un crédit extérieur et un loyer).- Le profil 2 ou consommateur « moyen » correspond à un panier de services utilisé sur un compte par deux titulaires qui y domicilient leurs revenus : frais de tenue de compte, abonnement Internet de gestion du compte, 1 chèque de banque tous les dix ans, 2 cartes de paiement internationales Visa ou Mastercard à débit différé avec assurance perte et vol, 16 retraits par mois dont 8 hors réseau, 8 prélèvements par mois (électricité, gaz, impôts, deux téléphones mobiles, un crédit extérieur, un loyer et une assurance), 2 virements permanents externes tous les dix ans, 2 virements permanents par mois.- Le profil 3 ou « gros » consommateur, enfin, correspond à un panier de services utilisé sur un compte par deux titulaires qui y domicilient leurs revenus : frais de tenue de compte, abonnement Internet de gestion du compte, une carte Gold ou Visa Premier et une carte de paiement internationale à débit différé, assurées contre la perte et le vol, 16 retraits par mois dont 8 hors réseau, 14 prélèvements permanents par mois (électricité, gaz, impôt sur le revenu, impôts fonciers, taxe d'habitation, eau, deux téléphones mobiles, un crédit extérieur, deux assurances, deux revues, un fournisseur d'accès à Internet), 6 virements permanents externes tous les dix ans, par Internet si possible, 2 virements permanents externes par mois et 2 virements occasionnels par an.Aucun des profils en revanche n’inclut d’éventuelles opérations boursières. 
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Sandra Mathorel
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