Plus souples que les anciens produits, comme le Perp ou le contrat Madelin, le nouveau plan d’épargne retraite (PER), créé par la loi Pacte, mérite le coup d’oeil.
Fin avril, Bruno Le Maire a annoncé qu'il autoriserait un déblocage exceptionnel des réserves d'épargne-retraite pour les travailleurs indépendants ayant subi des pertes de revenus.
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Avec seulement 230 milliards d’euros d’encours, contre plus de 1700 milliards pour l’assurance-vie en 2019, les produits d’épargne destinés à la retraite sont indéniablement à la traîne. Pour Pierre-Emmanuel Sassonia, directeur associé de la société de gestion Eres, la raison est simple : “Cela fait trente ans que l’épargne-retraite ne marche pas en France, car on lui a appliqué la méthode de la carotte et du bâton. Il y avait un avantage fiscal à l’entrée, mais l’argent était bloqué jusqu’à la retraite quasiment sans exception, avec l’obligation de percevoir ensuite une rente viagère. Ce qui ne permettait pas d’avoir une visibilité suffisante sur ce qu’on aurait à la sortie.”
Créé par la loi Pacte (Plan d’action pour la croissance et la transformation des entreprises), il y a un an, et lancé en octobre 2019, le nouveau Plan d’épargne retraite (PER) a fait sauter ces verrous. L’horizon est toujours le même, mais il y a davantage de possibilités de déblocage anticipé pour récupérer son capital, en particulier pour acheter son logement. Une révolution. “Cela en fait un produit particulièrement adapté aux besoins des épargnants, car l’achat d’une résidence principale et la retraite sont les deux principaux motifs pour mettre de l’argent de côté”, estime Pierre-Emmanuel Sassonia.
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Des possibilités de déblocage sont aussi prévues en cas de faillite, expiration des allocations-chômage, surendettement, invalidité ou décès du conjoint. Face aux détresses économiques issues de la crise actuelle, le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a aussi annoncé, à la fin d’avril, qu’il autoriserait un déblocage exceptionnel des réserves d’épargne-retraite pour les travailleurs indépendants ayant subi des pertes de revenus.
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La carotte fiscale du PER est aussi attractive : les versements sont entièrement déductibles, dans la limite de 10% du revenu imposable, avec un plafond de 32 419 euros de cotisations déductibles en 2020. L’avantage est proportionnel à votre taux marginal d’imposition. Verser 1000 euros dans un PER procure 300 euros d’économie d’impôt si vous êtes imposé dans la tranche des 30%, et 410 euros si vos plus hauts revenus sont taxés à 41%.
Depuis la mise en place du prélèvement à la source, il n’est plus nécessaire d’attendre la fin de l’année pour profiter de ces avantages. Dès la souscription, il suffit de déclarer les cotisations dans ses charges déductibles pour qu’elles soient automatiquement prises en compte par le fisc et se traduisent par une réduction du prélèvement à la source.
Côté fonctionnement, le PER ressemble à un contrat d’assurance-vie multisupport, proposant un fonds en euros sans risque et des unités de compte pour faire fructifier sa retraite à long terme. “Autre avantage : en cas de décès, le PER permet de désigner un bénéficiaire à qui le capital sera transmis comme pour une assurance-vie”, explique Gilles Belloir, directeur général du courtier Placement-direct.fr.
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Il est exonéré de droits de succession jusqu’à 152 500 euros si le titulaire du PER décède avant l’âge de 70 ans. En cas de décès après 70 ans, les capitaux transmis subissent les droits de succession, au-delà d’un abattement sur les versements effectués jusqu’à 30 500 euros. “C’est un placement très complémentaire de l’assurance-vie”, résume Stellane Cohen, directrice générale du courtier Altaprofits.
Les chiffres tendent à le prouver. Quelque 84 000 personnes ont ouvert un PER au dernier trimestre 2019, en y versant déjà près de 1 demi-milliard d’euros en trois mois, malgré le peu de produits déjà lancés à cette époque. Surtout, l’intérêt pour le PER ne faiblirait pas. “Le PER est souscrit au fil des mois, car les gens n’hésitent plus à s’engager, sachant qu’ils peuvent en sortir en cas de coup dur”, explique Eric Girault, président du courtier mes-placements.fr. Un atout incontestable en ce moment.
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