Pour faire baisser votre impôt sur le revenu et augmenter vos ressources lors de la retraite, le plan d’épargne retraite ou Perp peut être une solution. Mais les contrats valent-ils vraiment le coup ?
Le Perp, une épargne sur le long terme, est à réserver plutôt aux gros contribuables.
L'Express
Dix ans après sa création, le plan d’épargne retraite populaire (Perp) n’a connu qu’un succès d’estime, après un lancement en fanfare ayant conduit banquiers et assureurs à le vendre à tour de bras à des personnes qui n’en avaient pas toujours l’utilité. C’est en effet un produit destiné à des contribuables lourdement imposés, qui seuls bénéficieront de la déductibilité fiscale des primes versées. Et, contrairement à d’autres placements, le Perp est un produit tunnel, où les fonds sont bloqués jusqu’à la retraite, puis “remboursés” sous forme d’une rente viagère. Pour décrocher un revenu substantiel, il faut y investir des sommes importantes : avec un capital de 100.000 euros, par exemple, vous n’obtiendrez qu’environ 3.500 euros de rente par an à 65 ans. Dont il faudra déduire l’impôt sur le revenu et les cotisations sociales, aujourd’hui de 8,1%. Même s’il est possible de transférer un plan d’un établissement à un autre, mieux vaut éviter de se tromper au moment de souscrire, d’autant que ces transferts s’accompagnent généralement de pénalités venant réduire le capital de 2 à 5%. Voici plusieurs éléments qu’il faut prendre en compte.
LE FONDS EN EUROS
Le rendement du compartiment sécurisé
Pour beaucoup d’épargnants, retraite se conjugue avec sécurité. Ils ne désirent pas prendre de risque et souhaitent préserver la valeur de leur épargne. Le fonds en euros joue parfaitement ce rôle, puisque toutes les sommes placées sont garanties, tout comme les intérêts dégagés au fil du temps. Dans ce domaine, autant annoncer la couleur : dans l’ensemble, les rendements des fonds en euros des Perp sont assez décevants, et bien souvent inférieurs à ceux des fonds en euros de l’assurance vie (voir tableau). D’où l’intérêt de diversifier une partie de l’épargne vers des supports en unités de compte si vous acceptez une dose de risque.
LES FRAIS
Trois catégories à surveiller
Il s’agit d’abord des frais sur versements, prélevés sur chacune des sommes que vous investissez dans le plan. Plus ils sont élevés, et moins vous investirez à votre profit. Viennent ensuite les frais de gestion sur le fonds en euros. S’ils sont indolores en apparence, ils pèsent très lourd en réalité car ils viennent minorer les rendements annuels qui vous sont attribués. Ainsi, dans l’hypothèse d’une gestion identique chez deux assureurs, celui qui ponctionne les frais de gestion les plus lourds servira un taux moindre. Viennent ensuite les frais de gestion sur les unités de compte, c’est-à-dire les supports sans garantie. Ils sont destinés à permettre une diversification de l’épargne pour tenter d’engranger des performances supérieures si les marchés financiers progressent. Mais cet espoir de gain va de pair avec une absence de garantie en capital. Comme pour le fonds en euros, le niveau des frais de gestion pèse sur la performance des unités de compte.
LA SORTIE
La rente n’est pas la seule issue
Depuis 2010, la rigidité de la sortie du Perp a été atténuée. Alors que les plans prévoyaient exclusivement jusque-là la transformation du capital en rente viagère, une porte de sortie en capital à hauteur de 20 % a été introduite. Lorsque vous partez à la retraite, vous pouvez ainsi récupérer un cinquième de votre épargne sous forme de capital. Cette sortie en capital entraîne une imposition forfaitaire au taux de 7,5 % sur les sommes retirées. Cette marge de manoeuvre bienvenue – elle permet de financer d’autres dépenses lors du départ en retraite – n’est pas automatique. Pour nous, pas de doute : un bon Perp doit comporter cette option, même si elle n’est pas utilisée par le rentier.
LES OPTIONS DE RENTE
Une réversion est-elle prévue ?
On parle souvent de “la” rente viagère, mais en fait, elle peut se décliner de différentes manières et comporter des garanties accessoires pour limiter les risques de perte du capital en cas de décès précoce. On trouve ainsi, dans la plupart des plans, des garanties de réversion : la rente est versée au conjoint du rentier ou à un bénéficiaire désigné si le titulaire du plan décède prématurément. Le niveau de la réversion est généralement fixé à 60 %, mais rien n’interdit aux assureurs de proposer une réversion en totalité. Autre option : les ” annuités garanties “. L’assureur s’engage à payer la rente pendant une durée minimale (quinze ans le plus souvent), au rentier s’il est toujours en vie, ou à un bénéficiaire désigné s’il décède avant cette échéance. Il existe également des mécanismes de paliers permettant de choisir une rente plus élevée pendant les premières années de retrait et plus faible ensuite ; ou bien l’inverse, qui peut être utile pour faire face à une perte d’autonomie. Ces garanties pèseront sur le montant de la rente, mais le jeu en vaut souvent la chandelle si vous avez des proches à protéger.
DOUZE PRODUITS ANALYSÉS
Notre avis : **** Très bon *** Bon ** Moyen * Mauvais
Actiper (Macif) ***
Les frais d’entrée sont élevés, mais cette critique est relative, car plus du tiers de ces frais est directement versé à la participation aux bénéfices du fonds en euros. Le même principe s’applique aux frais de gestion du support garanti, pourtant très raisonnables.
Son rendement est dans la moyenne, mais sans éclat, à 3 % par an depuis cinq ans. Il permet une diversification sur quatre unités de compte, dont deux gérées de manière socialement responsable. A noter : des frais sur les ” arrérages ” des rentes de 1 % seulement, là où la plupart des assureurs prélèvent 3 %.
. Frais : 4 % sur versement ; 0,5 % de gestion du fonds en euros ; 1,8 % de gestion des unités de compte
. Rendements fonds en euros : 3 % en 2012 et en 2011
Batiretraite Perp (SMAvie BTP) ****
Un Perp qui répond à la bonne image des contrats d’assurance vie de la mutuelle. Les frais sont raisonnables, bien qu’un peu élevés sur le fonds en euros, et les rendements sont plutôt dans la fourchette haute du marché. Jolie palette de supports, avec 19 unités de compte qu’il est possible de gérer librement et sans craindre les frais d’arbitrage (un gratuit par an, puis 1 % pour les suivants). Toutes les options de rente sont présentes
à la sortie. Seule ombre au tableau : des frais de transfert de 5 %. Mais pourquoi vouloir en sortir ? Les versements mensuels sont possibles à partir de 45 euros.
. Frais : 3 % sur versement ; 0,84 % de gestion du fonds en euros ; 0,84 % de gestion des unités de compte
. Rendements fonds en euros : 3,16 % en 2012 et 3,31 % en 2011
Concordances Perp (Legal & General) ****
Un Perp sans aucuns frais d’entrée : c’est assez rare pour être signalé. Ses frais de gestion pèsent sur le rendement du fonds en euros, qui réussit tout de même à faire mieux que la moyenne. Il est assorti de 17 supports en unités de compte, la plupart indiciels, et offre un très beau choix de rentes en sortie. Attention : ce Perp n’est pas fait pour tout le monde, il faut au moins 5 000 euros pour l’ouvrir, puis au moins 400 euros par mois pour l’alimenter régulièrement, ou 1.000 euros par versement libre.
. Frais : 0 % sur versement 0,85% de gestion du fonds en euros; 0,85% de gestion des unités de compte
. Rendements fonds en euros : 3,10% en 2012 et 3,57% en 2011
Conservateur Perp (Le Conservateur) ***
Le champion du rendement pour le fonds en euros – 24% cumulés sur cinq ans -, loin devant tous les autres concurrents. Comme quoi, le Perp n’est pas condamné à des performances au rabais. Celui-ci est toutefois handicapé par des frais assez élevés sur versements et sur la gestion des unités de compte, mais ne pénalise guère les transferts (1%). Il propose également sept supports en unités de compte assez performants et laisse la possibilité de les gérer librement. Une bonne surprise dans cet univers.
. Frais : 4,5% sur versement; 0,7% de gestion du fonds en euros; 0,8% de gestion des unités de compte
. Rendements fonds en euros : 4,10% en 2012 et 4% en 2011
Gaipare Zen (Gaipare-Ageas) ***
Un des très rares Perp vraiment indépendants, construit par une association sans lien avec l’assureur, bien connue pour ses contrats d’assurance vie mis au point avec Allianz. Si les frais sur versements sont élevés, les autres sont plus raisonnables, notamment ceux de transfert fixés à 1 % et prélevés seulement durant les cinq premières années. Les rendements du fonds en euros sont supérieurs à la moyenne et ce plan intègre une large gamme de supports en unités de compte de 56 fonds, avec la possibilité de les gérer librement.
. Frais : 4,5 % sur versement ; 0,7 % de gestion du fonds en euros ; 0,8 % de gestion des unités de compte
. Rendements fonds en euros : 3,22 % en 2012 et 3,42 % en 2011
Pair (Agipi-Axa) **
Un Perp difficile à comparer en raison de son mécanisme financier, mixant une gestion en points (garantie) et un volet obligatoire en unités de compte. Le volet en points bénéficie d’une revalorisation minimale. Ce procédé est complexe, mais plutôt ingénieux. Les frais sont globalement assez élevés, y compris des pénalités de transfert de 5%. Les frais sur rentes pénalisent les petits épargnants, car ils sont forfaitaires : 5 euros par arrérage trimestriel. En revanche, ils sont favorables aux gros montants. Les options de rente viagère sont inférieures à ce que l’on trouve dans la moyenne des produits.
. Frais : 5 % sur versement ; 0,8% de gestion du fonds en euros ; 1% de gestion des unités de compte
. Revalorisation des points : 3,25% en 2012
Perp BNP (BNP Paribas) **
Avec 26 supports en unités de compte, il propose d’assez belles possibilités de diversification, d’autant qu’il est possible d’opter pour une gestion libre. Le rendement du fonds en euros est correct, dans la moyenne du marché. Côté frais, la note est un peu élevée, d’autant qu’il faut compter avec des pénalités de transfert de 4% et des frais sur rente de 3%. S’il offre le plus de choix en matière de rente viagère, ce plan ne donne pas la possibilité de récupérer 20% de l’épargne en capital. C’est vraiment dommage ! C’est un des Perp les plus accessibles : il peut être alimenté dès 15 euros par mois.
. Frais : 4% sur versement, 0,7% de gestion du fonds en euros, 0,96% de gestion des unités de compte
. Rendements fonds en euros : 3% en 2012 et 2011
Perp CE (Caisse d’Epargne) *
Des frais d’entrée au plus haut, des transferts pénalisés de 3 % : lourde facture pour ce Perp qui est l’un des plus commercialisés du marché. Et tout cela, avec des rendements figurant parmi les plus bas proposés, vraiment décevants. Lors de la sortie, il ne permet pas de récupérer une partie en capital, ce qui n’arrange rien. Seuls bons côtés : une palette de 14 supports en unités de compte assez variée et autorisant la gestion libre, ainsi que ses nombreuses options de rente viagère. A noter que ce plan est l’un des rares à proposer un support immobilier, sous forme de société civile immobilière (SCI).
. Frais : 5 % sur versement ; 0,7 % de gestion du fonds en euros ; 0,95 % de gestion des unités de compte
. Rendements fonds en euros : 2,35 % en 2012 et 2011
Perp’S (MACSF) **
Championne de l’assurance vie, la MACSF signe un Perp un peu moins convaincant. Il a la particularité d’être exprimé en points, ce qui le rend assez complexe à analyser et destiné aux seuls amateurs de sécurité absolue. Au taux de 2,5%, la dernière revalorisation des droits à rente est décevante. Les frais sur versements libres sont corrects, mais ils deviennent très bon marché si l’assuré opte pour des prélèvements automatiques : 0,6%. Les options de rente à la sortie sont indigentes, puisque seule la réversion est possible. Si les pénalités de sortie sont fortes (5%), elles ne s’appliquent que durant les cinq premières années.
. Frais : 3,5% sur versement ; 0,7% de gestion du fonds en euros
. Revalorisation des points : 4% en 2012 et 3% en 2011
Plan Liberté Retraite (ACMN Vie) **
Des frais dans la moyenne – hormis ceux sur le fonds en euros qui sont lourds – et un rendement du fonds garanti lui aussi moyen. La diversification y est limitée, avec seulement deux supports en actions que les petits investisseurs n’ont pas trop intérêt à arbitrer, car chaque changement de cap est facturé 50 euros au moins. La gestion libre n’y est toutefois pas autorisée. Les transferts sont peu pénalisés (2%), tout comme les rentes viagères, qui ne supportent pas de frais supplémentaires. Il est possible d’y investir 100% des cotisations dans le fonds en euros.
. Frais : 3,5% sur versement ; 0,96% de gestion du fonds en euros ; 0,96% de gestion des unités de compte
. Rendements fonds en euros : 3% en 2012 et 2011
Plan Vert Vitalité (Crédit Agricole) *
Un autre poids lourd du marché, pourtant assez peu convaincant lui aussi. Les frais sont tout juste moyens, mais les transferts sont peu pénalisés (1 %) et les rentes ne subissent pas de chargement ; ce qui est assez rare pour être signalé. Les rendements du fonds en euros sont bien en dessous de la moyenne depuis plusieurs années. Avec trois supports en unités de compte seulement et une absence de possibilité de gestion libre, la diversification est très encadrée : seule la gestion à horizon est permise. Il peut être ouvert avec 30 euros seulement. Un record.
. Frais : 3,75% sur versement ; 0,7% de gestion du fonds en euros ; 0,95% de gestion des unités de compte
. Rendements fonds en euros : 2,4% en 2012 et 2011
Winneo (Maaf) *
La lanterne rouge pour le rendement du fonds en euros, le plus faible de notre panel,
très inférieur à la moyenne du marché. Et les clients déçus qui veulent le quitter sont pénalisés au prix fort, avec 5 % de frais de transfert. La Maaf nous a pourtant habitués à un peu mieux dans l’assurance vie… Pas vraiment moyen d’échapper à ces mauvaises performances, puisqu’un seul support en unités de compte est proposé sous forme d’un fonds dynamique. Restent des frais raisonnables et un beau choix de rentes à la sortie.
. Frais : 3% sur versement ; 0,7% de gestion du fonds en euros ; 0,7% de gestion des unités de compte
. Rendements fonds en euros : 2,01% en 2012 et 2,31% en 2011
À découvrir
Services partenaires
© L'Express

source